Quand les bulles de champagne se mêlent à la littérature

Quand on aime lire, et plus particulièrement la littérature contemporaine, on associe immédiatement champagne et Amélie Nothomb. Mais la relation entretenue entre écriture, littérature et fines bulles ne date pas pour autant d’hier. Et l’autrice de Stupeur et Tremblements n’est pas la première à affectionner tout particulièrement de se servir une petite coupe du précieux nectar. 

Le 20/07/2022 à 10:11 par Victor De Sepausy

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20/07/2022 à 10:11

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Littérature et fines boissons ont souvent été associées et l’on est tous en mesure de citer quelques grands noms des lettres à être connus aussi bien pour leurs œuvres magnifiques que pour leur propension à se délecter de quelques liquides précieux souvent choisis avec goût. Si la fée verte, le doux nom donné à l’absinthe, se retrouve associée à la poésie de la fin du XIXème siècle, le champagne n’est pas en reste. 

Balzac, que l’on savait grand amateur de café, n’était pas le dernier pour faire goûter le champagne à ses personnages au sein de La Comédie humaine. Et les passionnés du romancier réaliste ont repéré 68 occurrences de la célèbre boisson dans son œuvre gigantesque.  Cela donnerait envie au lecteur d’aller visiter les plus grandes caves des maisons de champagne les plus célèbres, comme le champagne Taittinger qui propose des visites de ses caves ainsi que des dégustations agrémentées par la présence d’un guide qui vous plonge dans l’histoire propre à chaque cuvée. 

Comme d’autres maisons champenoises, Taittinger détient, en plus du château de la Marquetterie (qui a appartenu à l’écrivain Jacques Cazotte, ami de Voltaire et Chénier), des caves à l’histoire pluriséculaire, en l’occurrence celles de l’abbaye Saint-Nicaises qui se logent dans des crayères gallo-romaines datant du IVème siècle. On peut même aujourd’hui gratuitement en faire une visite virtuelle dans le cadre d’une expérience immersive qui ne laisse pas indifférent. 

Balzac n’est pas le seul à faire goûter le champagne à ses personnages. C’est un moment littéraire que l’on retrouve aussi dans les œuvres des frères Goucourt, chez Flaubert, Alexandre Dumas, ou encore Maupassant et Karl Huysmans au cours du XIXème siècle. Symbole de fête, de réussite, de joie, le champagne égaie les convives dans l’atmosphère chaleureuse des plus belles tables parisiennes. La mode est déjà à boire le champagne frappé, c’est-à-dire rafraichi à l’aide de glace pilée.

Champagne et poésie font aussi bon ménage, comme on le découvre chez Guillaume Apollinaire qui, au début du XXème siècle, aime à jouer d’images étonnantes et toujours surprenantes. Ainsi dans Calligrammes, il écrit : « le maître d’hôtel / Leur verse un champagne irréel / Qui mousse comme un escargot / Ou comme un cerveau de poète / Tandis que chantait une rose ». Curieusement, le « cerveau de poète » vient mousser comme du champagne !

Pour approfondir cette relation entre champagne et littérature, on peut faire un tour du côté de l’ouvrage de Marc Lagrange et Philippe Lorin, Les écrivains du champagne (130 pages, 25 €, Editions de Paris). Le docteur Lagrange a déjà travaillé sur de nombreux livres qui associent le vin à un complément tel la fête, la médecine ou encore l’érotisme. Et pour cette association avec la littérature, il a retenu vingt-sept auteurs qui sont majoritairement français. Pour chacun d’eux, on retrouve un morceau choisi qui donne à voir des lignes évoquant souvent les meilleurs champagnes. Voltaire vient croiser Amélie Nothomb, mais aussi de Gaulle et Churchill, avec, bien sûr, l’inventeur de James Bond, Ian Fleming. 

Le champagne, qui s’est progressivement imposé d’abord en France puis aussi à l’étranger, comme boisson associée à la fête et à la réussite, a partie liée avec la littérature où réel et imaginaire se mêlent. Produit symbolique par excellence, le champagne, et tout ce qui entoure ce vin, sont profondément culturels. 

L’inventivité des écrivains autour des bulles n’a d’ailleurs pas de limite, qu’on pense aux frères Goncourt qui, dans leur Journal, écrivaient « Juillet 1864 – A Trouville. Les femmes ici, des poupées nerveuses, un verre de champagne dans une robe. » Si l’on veut découvrir toutes les occurrences du champagne, dans tous les genres littéraires, il faut se tourner vers la superbe Anthologie du champagne de François Bonal. Malheureusement, il est difficile de se procurer cet ouvrage puisqu’il n’est plus édité. Mais il est accessible sur la plateforme Gallica en intégralité. 

Crédits illustration Pexels CC 0

 
 

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