Les élèves du lycée Jacques de Vaucanson à Tours, ont attribué à Joseph Andras le premier Prix Maya des Lycéens pour Ainsi nous leur faisons la guerre (Actes Sud). À ses côtés, Sophie Hénaff décrochait le Prix Maya du Meilleur Roman Animaliste 2022. Mais, à l'instar du Prix Goncourt du premier roman qu'il avait refusé en 2016, Andras préfère décliner.
Créé en 2019, le Prix Maya salue des ouvrages animalistes, qui défendent la cause animale et adoptent le plus souvent le point de vue des animaux. Unique en son genre, la récompense a notamment distingué Florence Aubry, Rosa B., Bren McClain ou encore Guillaume Mazurage au cours de son histoire. Le Prix a emprunté, en guise d'hommage, le nom de Maya, une éléphante exploitée pendant plus de 40 ans dans des cirques.
En cette année 2022, le Prix Maya a salué Sophie Hénaff, Badger, le duo Marie Pavlenko et Camille Garoche, mais aussi l'écrivain Joseph Andras, qui a obtenu le premier Prix Maya des Lycéens pour Ainsi nous leur faisons la guerre (Actes Sud).
Le résumé de l'éditeur pour Ainsi nous leur faisons la guerre :
En 1903, dans une université londonienne, un professeur pratique une expérience sur un chien en vie. Révélée par deux jeunes femmes, l'affaire divisera bientôt toute la Grande-Bretagne. En 1985, sur un campus californien, un bébé singe est rendu aveugle dans le cadre de recherches sur les sonars. Une opération de sauvetage est organisée par le Front de libération des animaux. En 2014, à Charleville-Mézières, une vache et son veau tombent accidentellement d'une bétaillère sur une trois-voies, entraînant une traque policière dans toute la ville.
Peu après l'annonce de la récompense, l'écrivain a indiqué au jury qu'il refusait la récompense : « [P]ar principe, je ne tiens à figurer sur aucun prix, quel qu'il soit, et encore moins à en gagner (fût-il, comme le vôtre, porté par un combat que je fais entièrement mien). »
« Je ne crois pas qu'une œuvre puisse être affaire de concurrence. Je vous saurais gré, dès lors, de remettre ce prix à un ou une de mes camarades », ajoute l'auteur qui s'était fait remarquer dès son premier roman, De nos frères blessés (Actes Sud). Pour ce dernier, justement, il avait refusé un autre prix, en 2016, le Prix Goncourt du premier roman.
« J’étais mal à l’aise à l’idée d’être pris, sans avoir rien fait pour cela, dans une “course”, une mise en compétition, en concurrence, tandis que tout me pousse, au regard de mes conceptions politiques, à refuser ces notions », indiquait-il à l'époque. En refusant un autre prix, fut-il plus proche de ses convictions, il fait preuve d'une salutaire cohérence.
Le jury du Prix Maya indique respecter sa décision, et le Prix Maya des Lycéens revient donc à Ève Marie Gingras pour son roman graphique Comment (et pourquoi) je suis devenue végane, publié aux éditions Ecosociété, qui avait obtenu une voix de moins que le roman de Joseph Andras au cours des délibérations des lycéens. « C’est la démarche autobiographique alliée à la vulgarisation des enjeux du véganisme dépouillée de contenu moralisateur qui a emporté l’adhésion du jury », ajoutent les organisateurs de la récompense.
Le résumé de l'éditeur pour Comment (et pourquoi) je suis devenue végane :
« Dès l'enfance, on nous peint un portrait consensuel et idyllique de la vie des animaux de ferme, entre autres à travers les livres [...]. On finit par y croire ». À partir d'une expérience concrète et anodine, alors qu'elle prépare machinalement un repas, l'autrice se heurte à une contradiction fondamentale : elle, pourtant si empathique, s'apprête à consommer un être doué de sensibilité, qui a souffert toute sa vie pour lui procurer quelques instants de saveur. C'est le point de départ pour elle d'une série de réflexions engageantes sur notre rapport à l'animal, sur les pratiques cruelles des abattoirs, sur notre dissonance cognitive, mais aussi sur les problèmes environnementaux auxquels nous faisons face. À travers un argumentaire rafraîchissant qui anticipe toute critique, Comment (et pourquoi) je suis devenue végane s'adresse à toute personne préoccupée par les conséquences de ses choix alimentaires, curieuse d'en comprendre plus précisément les enjeux et soucieuse d'adopter des comportements plus cohérents avec ses valeurs éthiques.
Le jury du Prix Maya réunit Yolaine de la Bigne, fondatrice de l’Université d’été de l’animal ; Sophie Choquet, membre de l’Association Végétarienne de France ; Audrey Jougla, fondatrice de l’association Animal Testing ; Camille Silvert, Chargée de rédaction pour L214 Éducation, et Sophie Wyseur, vice-présidente de l’association Code Animal, accompagnés par la marraine du Prix 2022, l’illustratrice Florence Dellerie.
Retrouver la liste des prix littéraires français et francophones
Paru le 07/04/2021
96 pages
Actes Sud Editions
10,80 €
Paru le 03/09/2020
144 pages
Editions Ecosociété
18,00 €
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