La call-girl, un mythe vraiment romanesque ?

De nombreux écrivains ont choisi de mettre à l’honneur les femmes que l’on appelle des call-girl en anglais, ou plus souvent aujourd’hui escort. C’est ce que l’on retrouvait au cœur du roman Belle de jour publié par Joseph Kessel en 1928, mais sans doute plus connu à présent au travers de l’adaptation splendide réalisée par Luis Buñuel en 1967, avec Catherine Deneuve dans le rôle-titre.

Le 30/04/2022 à 10:16

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30/04/2022 à 10:16

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Les intrigues romanesques mettant en scène des prostituées ont commencé à connaître une époque dorée durant la seconde moitié du XIXème siècle, avec le roman Nana d’Émile Zola, qui fut d’abord publié en feuilleton avant d’être édité dans son intégralité en 1880. Prenant place dans la saga des Rougon-Macquart, cet ouvrage nous fait découvrir le parcours d’une jeune femme qui, de « lorette », devient ce que l’on appelait à l’époque une « cocotte ».

La lorette doit son nom à l'église Notre-Dame-de-Lorette près de laquelle ces jeunes femmes évoluaient tout d’abord sous la monarchie de Juillet. Souvent entretenues par des hommes, elles logeaient dans le quartier. Quand on parle de cocotte, on entre là dans une forme d’aristocratie de la prostitution, à tel point qu’on appelait ces femmes aussi des demi-mondaines, car elles étaient reçues dans certains salons, aux côtés des hommes, souvent richissimes, qui se ruinaient à les entretenir, en les faisant vivre comme de véritables princesses.

Maupassant, connu comme aimant à fréquenter le milieu de la prostitution, consacra plusieurs nouvelles à la vie particulière de ces femmes, entrant dans des détails particulièrement réalistes. C’est le cas de sa nouvelle très célèbre intitulée La Maison Tellier. Publiée en 1881 au sein du recueil du même nom, ce qui montre l’importance du texte, cette histoire nous plonge dans la trivialité mais aussi la dureté d’une maison close tenue par Mme Tellier, à Fécamp.

Maupassant avait peut-être en tête l’expérience aussi traumatisante que déceptive vécue par Frédéric Moreau et son camarade de jeunesse Deslauriers dans le roman L’Education sentimentale de Gustave Flaubert. Le rite du déniaisement des jeunes garçons en passant par la maison close était bien ancré dans le milieu bourgeois au XIXème siècle. Mais l’évènement, que l’on trouve au début du roman, et dont le souvenir referme ironiquement l’œuvre, a de quoi faire rire, quand Frédéric, tout romantique qu’il était, se présente sur les lieux, avec un bouquet de fleurs à la main !

Belle de jour de Joseph Kessel, paru en 1928, s’inscrit dans cette longue lignée des histoires romanesques inspirées de l’univers de la prostitution. Il ne s’agit pas d’une agence d’escort française, comme il en existe toujours aujourd’hui, mais toujours de cette branche particulière qui propose les services de jeunes femmes, toutefois exclusivement pour une clientèle d’un haut niveau social. On parlait alors de maison de rendez-vous, une expression bien euphémique !

Dans son roman qui fit scandale à sa parution, Joseph Kessel imagine la vie d’une jeune femme parisienne, mariée à un chirurgien réputé qui s’ennuie prodigieusement, tout en ne connaissant aucun plaisir charnel dans la relation qu’elle entretient avec son mari. C’est en rencontrant une amie qu’elle découvre une maison de rendez-vous dans laquelle elle va choisir de se prostituer bien à l’abri du regard de son mari.

Cette histoire de prostitution volontaire est toujours vectrice d’une portée scandaleuse, et l’on peut penser au retentissement de la publication de La Maison d’Emma Becker. La romancière relate en effet dans cette œuvre à dimension romanesque sa propre expérience de la prostitution dans une maison close située en Allemagne. Il s’agit d’un récit inscrit dans la veine de l’autofiction, mais on y retrouve un point de vue bien singulier et fortement sujet à polémique. Emma Becker ne fait pas l’apologie de la prostitution, mais elle va jusqu’à pousser à une légalisation de l’activité en France.

L’autre facette de la prostitution se dévoile dans un récit à dimension autobiographique comme Mes chères études de Laura D publié en 2008 et adapté ensuite en téléfilm. Ou encore dans Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..., ouvrage qui eut un grand retentissement à sa sortie en Allemagne en 1978. Cette publication recueille la confession de Christiane Felscherinow, grâce au travail des journalistes Kai Hermann et Horst Rieck.

Crédits illustration Pexels CC 0

 
 
 
 
 
 

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