Le studio de design Art Frigò a impulsé à une étonnante initiative tout à la fois patrimoniale et graphique. Et un peu numérique aussi. Il a construit une collection réunissant des couvertures d’anciennes éditions de livres sur une plateforme assez unique : Abat Book Museum. Or, ces documents ont vocation à être réutilisés… notamment pour la fabrication de lampes, ou autres produits de décoration et de design.
Le 23/04/2022 à 11:47 par Nicolas Gary
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Publié le :
23/04/2022 à 11:47
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Piero Cortese et Marta Bassotto fondateurs du studio de design Art Frigò, basé à Vérone, sont devenus de véritables références dans le domaine. Ces deux Italiens avaient déjà fait recette avec leur gamme d’abat-jour lumineux, renommés abat-books. Et depuis 2014, les concepteurs s’échinent à repenser les objets du quotidien, spécifiquement les œuvres de la littérature, pour les transformer en œuvres d’art.
Sur ce modèle des abat-books, Romeo et Juliette, Gatsby, ou encore le Petit Prince, Cyrano de Bergerac, Robinson Crusoe ou Sherlock Holmes et tant d’autres, à partir de 95 €, tout de même (et hors frais de port).
simple, basique, mais aussi efficace que bien pensé
Avec l’Abat Book Museum, les créateurs poussent le bouchon un peu plus loin : des couvertures d'éditions originales ont été entièrement reconstituées par l’informatique. Et ce, puisque les fichiers PDF n’étaient pas légion lors de la première publication de ces ouvrages majeurs en littérature… « Autant d’éditions originales disparaissent et l’on accorde assez peu d’attention à cet art, souvent forgé par de grands artistes et des graphistes d’une extraordinaire imagination », assurent les deux designers.
Leur idée fut donc d’exposer non seulement les couvertures dont ils se servirent pour leur projet Abat-Book, mais également de préserver de l’oubli, à travers internet, ces éléments graphiques. « Les premières éditions — plus spécifiquement celles de couvertures vintage — ont souvent une plus grande valeur esthétique ou graphique. C’est aussi une manière de responsabiliser un grand nombre de personnes tout en restaurant un patrimoine culturel qui se perd avec le temps. »
Conservation, préservation, valorisation : l’Abat-Book Museum devient alors un espace en ligne où parcourir des chefs-d’œuvre intemporels, retraités pour leur rendre le luxe de leur cachet d’antan. Les designers cherchent aussi à réparer les affronts du temps — couverture écornée, déchirée, tâchée, etc. — dans le plus grand respect de l’original.
Les achats, réalisés au fil du temps, chez des antiquaires, des libraires spécialisés ou à travers les offres de livres rares sur internet, ont poussé les artisans à « mettre en lumière ces éditions anciennes ».
Un travail qui s’accompagne d’une recherche philologique, pour identifier les personnages, les sources des dessins, leurs inspirations. Ils examinent également les fontes, pour retrouver les polices d’écriture, ou encore analysent la disposition sur la page de l’image, la composition des scènes, et ainsi de suite.
Ou même, enquêter sur l’illustrateur (plus rarissimement, une illustratrice) et découvrir des pans de son existence. Une brève légende accompagne ainsi les couvertures — ainsi que les œuvres qui en sont tirées par Art Frigò : lampe sur pied, cahiers, meubles, sacs, mais également foulards, flasques et notebooks.
Les plus anciennes pièces remontent aux débuts du XXe siècle, « quand les couvertures ont commencé à vivre leur vie propre, assumant un rôle important : tout à la fois manifeste de l’ouvrage, sorte de porte visuelle qui précède l’ouverture elle-même de l’œuvre », reprennent-ils.
« Chaque livre a une robe : sa couverture. Et derrière chacune se cache un univers particulier, construit d’images, de couleurs, de formes et de techniques — pas seulement de mots. Cet univers, que le travail des artistes, des graphiques, des illustrateurs raconte, a contribué à réfléchir et concevoir la forme contemporaine de nos ouvrages », concluent-ils.
La visite guidée se fera à cette adresse : pour l’heure une trentaine de pièces sont exposées, parmi lesquelles Tropic of Cancer, d’Henry Miller, Ragazza di Vita, de Pasolini, Le Petit Prince, de Saint-Exupéry ou le Ulysses de James Joyces.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
1 Commentaire
Rhemus
25/04/2022 à 09:24
Couvertures ou pages de titres (Hippocrate) ?