UkraineUnderAttack – Dès les premières heures du conflit, Dominique de Villepin privilégiait une lutte reposant sur le soft power et la diplomatie, que passant par les armes. Il en aura fallu tout de même pour défendre le territoire ukrainien. Mais les méthodes de sanctions parfois les plus improbables émergent pour faire pression sur la Russie. Ainsi font, font, font, chanterait-on…
Le 15/04/2022 à 12:37 par Nicolas Gary
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Publié le :
15/04/2022 à 12:37
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La fonte de caractères, ou font family, résumé en font, en anglais, désigne l’ensemble des signes liés à une police d’écriture. Le terme provient d’ailleurs de ce que les premiers outils étaient composés d’alliages de métaux, coulés dans un moule par les fonderies typographiques. Oui, d’accord, mais quel rapport avec la guerre en Ukraine ?
Le journal russe Vedomosti nous apprend, sans rigoler, que le propriétaire de plusieurs fonts a décidé de fermer l’accès à ses produits pour les internautes russes. La société Monotype, détentrice de Times New Roman, Arial, Verdana, Tahoma et Helvetica, a ainsi bloqué sa bibliothèque, avec pour conséquence de ne plus pouvoir afficher correctement les textes sur les sites qui s'en servaient.
Fameux.
Cette opération a été remarquée par une société d’informatique russe dès le 11 avril, en découvrant un message étonnant : « Le propriétaire de la police peut avoir instauré des restrictions qui vous empêchent d’accéder au site. » Or, en passant par un VPN, le problème était réglé…
TEST: saurez-vous identifier correctement ces 30 polices d'écriture ?
D’ailleurs, le pack Microsoft Office, où l’on retrouve les fameuses polices, n’est plus vendu en Russie, autre tentative d’embargo. Et même si Microsoft a acheté les droits d’utilisation des polices de Monotype, il n’en demeure pas moins que Monotype peut mettre son grain de sable.
L’hilarité devient totale quand on sait que les polices de l’entreprise sont en vigueur depuis une quarantaine d’années dans les systèmes d’exploitation Windows et Mac OS.
Pour l’heure, les particuliers ne sont pas touchés par ces mesures — de même, il ne semble pas que les entreprises, maisons d’édition en tête de liste, soient automatiquement privées d’accès. Toute la question, encore en suspens, est de savoir si Monotype a agi en pleine conscience – faisant fi des risques de pénalités économiques encourus – pour marquer sa désapprobation dans le conflit qu’a déclenché Vladimir Poutine. Il semble que les médias soient d’ailleurs les seuls concernés – sans que Monotype ne leur ait apporté de précisions ni de commentaires.
La législation russe prévoit, dans des cas de figure similaires, un mécanisme de licence obligatoire — dès lors qu’un produit peut être utilisé dans le pays, même si le détenteur des droits en refuse la licence.
Dossier : La guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine ou la Russie impériale
crédits fonts : Black Dahlia, Scratched car paint, Vtks espinhuda, Deathtrap
DOSSIER - La guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine ou la Russie impériale
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
1 Commentaire
Librairisante
15/04/2022 à 12:52
Pas si délirant. C'est cohérent et fortement symbolique puisqu'il s'agit d'un outil de communication. Comme les artistes qui ont commencé, je crois, par refuser la diffusion de leur musique par Spotify en Russie, avant que Spotify arrête sa diffusion ? C'est une manière de faire de la politique autrement, avec son outil de travail.
Une mesure improbable mais intelligente et symbolique, ce qui compte beaucoup en matière de communication, même si cette guerre se joue d'abord sur le terrain. La place des symboles et de la communication dans cette guerre me paraissent totalement inédites à une telle échelle.