Des annonces alarmistes pointent régulièrement le peu d'affection qu'auraient les jeunes pour la lecture. Manque d'intérêt, de temps, priorité aux écrans plutôt qu'aux livres ... La jeunesse serait-elle si éloignée que cela du monde littéraire ? Une nouvelle étude du CNL et de l'institut IPSOS, « Les jeunes et la lecture », a rendu ce mercredi ses conclusions. Lesquelles ne sont finalement pas si décourageantes que cela.
Le 23/03/2022 à 14:48 par Clémence Leboucher
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23/03/2022 à 14:48
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La lecture, décrétée Grande Cause Nationale en cette dernière année de quinquennat, fait parler depuis quelques mois. Après les campagnes #10marsjelis et #jeliscommejeveux, une étude lancée par le Centre National du Livre tente de mesurer, comprendre et identifier les pratiques ainsi que les leviers et freins à la lecture chez les jeunes de 7 à 25 ans.
Déjà menée en 2016, elle permet de pointer des évolutions dans les habitudes de lecture des jeunes. Surtout après les confinements : on le sait, usages numériques et temps d'écran ont largement augmenté durant la pandémie. De quoi provoquer une diminution du temps de lecture ? Rien n'est moins sûr.
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« J’ai souhaité y voir plus clair. On entend beaucoup : "les jeunes ne lisent plus… il y a le problème des mangas …". Nous devons connaître les freins à la lecture pour créer une politique publique qui ait du sens », explique Régine Hatchondo, présidente du CNL.
Conclusion principale : pas d'inquiétude, les jeunes lisent encore. Et même beaucoup : 93 % des 7-25 ans déclarent lire des livres et 84 % adorent ou aiment ça.
Mais de nombreux éléments entrent en ligne de mire dans l'analyse : habitudes de lecture différentes des anciennes générations, inégalités dans le couple impactant l'éducation littéraire, et les écrans, bien sûr. Le mépris ambiant envers de nouveaux genres plébiscités par les jeunes, comme le manga ou la science-fiction, semble également favoriser une autonomisation, voire une contestation, de la part de la jeunesse.
Un constat alarmant : la lecture dite de “loisirs” s'effondre à l'adolescence. Elle décline chez tous les jeunes après douze ans, encore plus chez les garçons : 89% d'entre eux lisent pour leurs loisirs à 10-12 ans ; 68% à 13-15 ans. Constat encore plus inquiétant : 5 % des jeunes détestent lire. 16 % d'entre eux n’aiment pas particulièrement ça. Une chute drastique après l'entrée au collège donc, corroborée, parfois, par une détestation de la pratique.
Alors, des livres trop longs ? Un dégoût du programme littéraire chez les collègiens ? Les hypothèses se tiennent, car en matière de genre littéraire, la BD devance désormais le roman chez les 7-19 ans.
En outre, la variable « écrans » – souvent invoquée par les analystes – occupe un bel espace dans l'économie de l'attention. On le sait, le temps d'écran a augmenté durant les confinements. Par conséquent, la faculté de concentration a diminué. En moyenne, les lecteurs “loisirs” lisent 3h14 par semaine, mais l’ensemble des 7-25 ans (lecteurs on non) passe 3h50 par jour devant un écran. Et les jeunes sont nombreux à faire autre chose sur écran en même temps qu’ils lisent : envoyer des messages, aller sur les réseaux sociaux ...
Pour autant, ne fustigeons pas trop vite la technologie. Les écrans sont, pour les jeunes, vecteurs de lecture : globalement, 29 % des lecteurs loisirs choisissent un livre après en avoir entendu parler sur Internet (42 % des lecteurs loisirs de 20-25 ans). Et les réseaux sociaux (Youtube, Instagram et TikTok) offrent une vraie possibilité de les accrocher : pour beaucoup, ces outils servent de moyens d'information.
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L'une des variables principales de l'appétence à la lecture reste l'éducation effectuée par les parents. La lecture à voix haute, régulièrement pointée par le CNL, est positive pour les jeunes : 96% de ceux à qui on a lu des histoires aiment bien ou adorent.
Et l'étude de mettre en avant le rôle de la mère : c'est principalement elle qui achète les livres, elle qui conseille l'enfant. « Les féministes peuvent s'emparer de cette variable pour montrer que la charge mentale n'est pas que matérielle » explique Régine Hatchondo.
On observe de nouvelles pratiques, bien différentes de l'ancienne génération : 40 % des 7-25 ans ont déjà lu un livre numérique, 59 % des 7-25 ans ont déjà écouté un livre audio ou un podcast. « On ne s’attendait pas à de tels chiffres » précise le CNL. Une évolution de style de lecture, et de manière de s'approprier la lecture. Ils lisent autre chose : si le roman reste en tête des préférences de lecture, manga, science-fiction et fantastique sont largement plébiscités. Notamment grâce au Pass Culture : 50% des livres achetés sur la plateforme sont des mangas.
Claude Poissenot, maître de conférences en sociologie et démographie au CREM et à l’Université de Lorraine, propose de voir autrement cette analyse de la lecture parmi les plus jeunes : « On le sait, beaucoup s’inquiètent de la lecture des mangas. C’est un genre différent, qui se lit à l’envers : les parents et professeurs ne savent pas comment faire. Les jeunes s’approprient donc la lecture à partir de leur point de vue, ils la redéfinissent. »
Et d’évoquer une forme de contestation de la part de la jeune génération : « Les jeunes baignent dans le discours "Il faut lire, il faut lire". Leur enjeu à eux, c’est de sortir de cette injonction. Le livre peut, et doit, prendre place dans une relation personnelle, et non institutionnelle. On doit sortir des généralités autour de la lecture des jeunes. »
Une enquête qui apporte donc d'autres questions : au vu des pratiques et des goûts littéraires de la jeunesse, les livres proposés à l'école sont-ils suffisamment « attirants » ? Susciteraient-ils plus le rejet que l'adhésion ? Comment permettre à ces 5 % de jeunes qui « détestent lire » d'aimer, ou du moins de renouer avec la lecture ?
L'étude fut réalisée uniquement en ligne - pas de données sur les jeunes ayant difficilement accès à Internet, donc -, sur un échantillon de 1500 jeunes représentatifs de la population française en métropole. Et pour ne pas ennuyer les plus jeunes, pour les 7-11 ans, les questions ont été lues par « Ben », un personnage enquêteur virtuel.
L'étude complète est disponible ci-dessous :
Crédits : Unsplash / Mael Balland
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En mars dernier, la société Nvidia, célèbre chez les geeks gamers pour ses cartes graphiques, était accusée de violation de copyright. Pour entraîner son développer des intelligences artificielles, sa plateforme NeMo utilise des ouvrages protégés par le droit d’auteur. Dommage collatéral, se défend la firme.
18/08/2024, 15:16
Lorsqu'une bibliothèque fait l'acquisition d'un ouvrage imprimé, le droit de prêt lui permet ensuite de le proposer à ses usagers et d'en disposer comme bon lui semble. Quand il s'agit d'un livre numérique, les éditeurs ont réussi à imposer un modèle de licence : une fois un certain nombre de prêts atteint, l'établissement repasse à la caisse, et le titre peut disparaitre de ses collections après un délai défini. Aux États-Unis, une coalition d'éditeurs indépendants propose un autre paradigme.
14/08/2024, 09:17
L'Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ) a soumis un mémoire lors de la consultation publique menée par le ministère de la Culture et des Communications. Cette consultation vise à établir un cadre législatif favorisant la découvrabilité des contenus culturels francophones.
06/08/2024, 11:26
OpenAI, la société derrière l'intelligence artificielle générative ChatGPT, axée sur l'écrit, a mis au point un filigrane de détection qui permet de repérer, avec une certitude de 99,9 %, un texte signé par son outil. Mais, pointant les contournements possibles et la crainte de voir sa technologie délaissée, l'entreprise a renoncé à ce garde-fou.
06/08/2024, 10:28
Se plonger dans la lecture d’un livre avec de la musique ne va pas forcément de soi. Si certains veulent s’entourer d’un univers sonore marqué, d’autres préfèrent le règne du silence le plus total. Mais les solutions à base d'IA révolutionnent le secteur musical.
02/08/2024, 23:02
Depuis 2018, la Fondation Visio, basée à Bouchemaine près d'Angers, collabore avec Unicef France pour rendre la littérature jeunesse accessible aux enfants aveugles et malvoyants âgés de 3 à 8 ans. Cette initiative permet à ces jeunes lecteurs de participer activement au Prix Unicef de Littérature Jeunesse grâce à l'audiodescription. Huit nouveaux livres audiodécrits ont été ajoutés à la Collection Kalliope.
31/07/2024, 10:53
24 Commentaires
NAUWELAERS
24/03/2022 à 01:19
La lecture coupée perpétuellement par autre chose (réseaux sociaux etc.) perd sa faculté première.
Celle de se plonger vraiment dans une autre réalité, de s'immerger dans le texte d'un auteur.
Que ce soit un roman, un article de fond ou autre chose.
Il est indéniable que l'écran est très nocif quant à la lecture de livres papier.
Lire des livres numériques, c'est vrai, c'est toujours lire.
Lire des livres sur un téléphone en étant interrompu sans arrêt...c'est comme manger sur le pouce de façon discontinue.
Rien à voir avec un vrai repas à table, une oasis de détente...
Et de concentration pour la lecture.
Mais la concentration, qui peut être un si grand plaisir, ne fait que rebuter beaucoup de monde et pas seulement les jeunes.
Il faut essayer de ne pas suivre le troupeau pour vivre de façon plus épanouissante et moins conformiste...ce qui à la longue, si on n'en sort jamais (le suivisme, l'absence d'exigence, toujours faire comme tout le monde), ne mène qu'à la médiocrité.
Tout faire pour que nos vies -et on ne vit qu'une fois -ne soient pas, de la naissance ou presque, à la mort, phagocytées par ces écrans omniprésents !
Et quoi de plus beau que le grand écran d'une salle de cinéma quand le film est à la hauteur ?
La qualité ne se démode jamais, elle plane au-dessus de tout mais il faut savoir aller la chercher !
Et (re)découvrir la lecture en immersion...oui même Harry Potter bien sûr mais le lecteur véritable et non au rabais, pas le lecteur avare de son temps de lecture, pusillanime dans sa pratique, le lecteur passionné (le maître mot) s'offre d'autres vies !
CHRISTIAN NAUWELAERS
Jean de Mazargues
24/03/2022 à 06:26
Au contraire, cette étude est alarmante. Petit rappel venant d'un grand amateur de bd: "lire" de la bd ce n'est pas lire. C'est une autre activité.
Lire en faisant autre chose et notamment papilloner sur un ordinateur, ce n'est pas lire. La lecture demande de l'attention, de la concentration et de ne pas faire autre chose.
Ce que j'observe: des jeunes incapables de maintenir leur attention sur un sujet donné plus de quelques minutes et une appétence vers le cannabis récréatif. Des minis habens manipulables qui ne seront demain plus des acteurs de la société. Des crétins manutentionnaires.
Dexter
24/03/2022 à 08:50
Hé bien personnellement je trouve ça très bien que les jeunes lisent encore, et moi ça ne m'étonne pas. Je trouve les commentaires précédents d'une arrogance et d'une condescendance rare !! Tu m'étonnes que certains jeunes n'aiment pas lire avec des gens comme ça... Et il faut clairement réhabiliter le manga, qui propose un nombre de thématiques rares, que l'on ne retrouve généralement ni dans la BD Franco-belge ni dans des romans jeunesse. La richesse des différentes maisons d'édition passe totalement à côté de certains qui restent certainement bloqués sur les pitoyables adaptations de mangas des années 80/90.. Il faut évoluer !! J'ai lu des tas de mangas ces 10 dernières années et ce qui est proposé est souvent d'une grande qualité. Et même, qu'importe, du moment qu'ils lisent c'est le principal ;)
Lisez sur tablette, en papier, écoutez en audio, des romans, des documentaires, des mangas, .. juste faites vous plaisir et arrêtez d'écouter les vieux ronchons ! :)
CaptainBN
24/03/2022 à 09:58
Bien d'accords avec les questions posées ici.
Je témoigne en tant qu'ancien "jeune" tout frais (je n'ai pas encore la trentaine), l'école a faillis me faire décrocher totalement de la lecture.
J'ai détesté tout le Flaubert qu'on m'a fait lire avant la fac et, en plus, j'étais dyslexique, donc bonjour les notes pourries sans relation avec mon imaginaire en écriture créative ! Je ne dois la passion qui m'anime aujourd'hui et m'a donné mon métier qu'à quelques éléments parmi lesquels : Harry Potter, Pierre Botero, le cinéma et les mangas.
C'est la fantasy qui m'a poussé vers la lecture. Attiré que j'étais par l'"histoire complète" d'Harry Potter après avoir vu la version condensée qu'étaient les films. C'est la même mécanique qui m'a poussé vers Tolkien que j'ai lu et relu avec plaisir.
Quand aux mangas, on parle toujours de leur forme, mais trop rarement de leur fonds :
Fullmetal Alchemist, par exemple, est une superbe parabole sur le fascisme, la quête du savoir et l'éthique dans la science, qui se paye le luxe de parler finement du handicap, tout en étant une bonne série d'action. Et c'est loin d'être la seule série de cette qualité, surtout en ce moment ou sortent l'Atelier des sorciers, Demon Slayer, Jutsu Kaizen et Isabella Bird.
Bien sûr, il existe en mangas et en BD des bouses sans intérêt et certaines ont même du succès. Mais quel genre n'en a pas ?
J'aurais envie d'inviter les profs a virer les classiques de leurs programme. Ces œuvres ont marqué leur temps, mais ce temps est passé. Leur intérêt est celui de comprendre l'histoire des arts et de la pensée, pas celui de les découvrir.
Laissez les gosses parler de ce qui les anime et aidez-les a tirer la Sustentifique Mouelle des œuvres qu'ils lisent déjà. Vos classes seront plus vivantes et les gamins reviendrons plus souvent des lecteurs assidus.
J'ai eu cette trajectoire malgré mes profs, alors imaginez s'ils m'avaient aidés !
NAUWELAERS
26/03/2022 à 02:50
Captain BN,
Si on aime lire des mangas de bonne qualité, pourquoi pas !
La bande dessinée a été très critiquée longtemps: elle est aujourd'hui acceptée partout.
«Virer les classiques» -parce que vous n'aimez pas Flaubert ?
Bon pour les dictatures !
Non dans toutes les langues, espéranto compris.
Arrêtez de décider que vous représentez tous ceux de votre génération et que tout le monde est pareil et sans appétence pour la littérature.
C'est n'importe quoi.
D'une intolérance crasse, pour dire le moins.
Assez de ces attaques contre la grande littérature: si vous n'aimez pas ça, c'est votre droit.
Mais n'en dégoûtez pas les autres !
Ne soyez pas tel un garde-chiourme des mangas et autres qui devraient tuer la littérature classique que d'autres ont la faiblesse d'aimer très fort.
CHRISTIAN NAUWELAERS
CaptainBN
26/03/2022 à 23:53
Décidément, vous aimez bien me lire de travers.
Relisez.
"J'ai détesté tout le Flaubert qu'on m'a fait lire avant la fac ..." "avant" indique un "après". J'ai aimé Flaubert une fois à la fac. Par ce qu'à ce moment là, j'avais développé suffisamment d’intérêt pour la littérature pour m'intéresser à son histoire et étudier de près un de ses jalons qui m'avait paru trop aride quand j'étais gosse.
"Leur intérêt est celui de comprendre l'histoire des arts et de la pensée, pas celui de les découvrir. "
Les classiques ont donc un intérêt : celui d'étudier l'histoire de la littérature. Mais s'ils ne sont pas dans les goûts des lecteurs, ils ne leur seront d'aucune utilité pour découvrir la lecture, tout simplement par ce qu'ils ne les aimeront pas.
"Laissez les gosses parler de ce qui les anime et aidez-les a tirer la Sustentifique Mouelle des œuvres qu'ils lisent déjà." Ici ce qu'ils lisent n'est pas précisé. Si un gamin lis Flaubert avant d'arriver en classe, faites le disserter su Flaubert. J'encourage seulement a faire de même sur Naruto s'il lis Naruto.
C'est une question de pédagogie.
Présenter des classiques à des gamins et attendre comme des élus ceux qui les apprécieront est une méthode dépassée. Je ne suis même pas sûr qu'elle ait fonctionné un jour, sauf pour les quelques chanceux qui avaient un goût pour les œuvres spécifiques qui leur ont été présentées et dont vous faites manifestement partie (et vous me parlez de prendre son cas pour une généralité...). Il faut au contraire partir de ce que l'enfant apprécie déjà, ou chercher ce qu'il pourrait apprécier s'il ne lis pas encore, et travailler a partir de là, plutôt que de le forcer a lire ce qui ne lui plaît pas sous prétexte que "moi je préfère ça".
C'est comme la pèche : j'ai beau beaucoup aimer les fraises a la crème, si je veux attraper un poisson je ne mettrais pas des fraises a la crème au bout de ma ligne. Les gens ne sont pas différents, il faut leur donner ce qu'ils aiment pour les attirer là ou on veut les amener.
NAUWELAERS
27/03/2022 à 01:29
Désolé, pas d'accord.
Vous avez pu aimer Flaubert par la suite !
Alors pourquoi ne pas donner une chance aux élèves de le découvrir ?
Une évidence: ne pas le faire trop tôt.
Et certes accompagner leurs lectures de livres jeunesse, BD, mangas en essayant de trouver le meilleur, la qualité.
Mais après, ne pas décréter que ce serait une «méthode dépassée» de leur présenter des classiques, de façon certes empathique mais sans décider que c'est périmé.
En enterrant toute une culture haut de gamme par des présupposés idéologiques consternants !
Comme je l'écris dans un autre post sur ce sujet, un immigré italien de la vraie gauche comme Cavanna -rien à voir avec Z ! -s'est battu comme un lion, outre ses propres écrits, pour faire aimer et défendre notre langue française et de là, les livres !
Parce que tout le monde n'adhérera pas, ce n'est pas une raison pour jeter cela à la décharge de la médiocrité et de la facilité la plus rances.
Ou alors on voit la vie comme un Xavier Niel...
Des jeunes -ai entendu un reportage (RTL radio) -passent des journées de neuf heures à apprendre les jeux vidéos...et rien d'autre.
Désolé mais non.
CHRISTIAN NAUWELAERS
CaptainBN
27/03/2022 à 14:01
Bon d'accords, j'y suis allé un peu fort avec mon "virez les des programmes", je me suis emporté.
Je ne voulais pas dire qu'il ne fallait pas les faire découvrir en aucun cas, mais qu'ils ne devaient pas être obligatoires comme ils le sont en ce moment.
Pas par ce qu'il y aurait quelque chose d'intrinsèquement mauvais aux classiques, mais par ce que n'importe quelle lecture non adaptée aux gouts d'un jeune lecteur et proposée avec obligation prend le risque de totalement le dégouter de la lecture.
En fait, je reproche à la pédagogie que j'ai subis un élitisme contre-productif.
Prenez l'étude de l'anglais par exemple. On l'apprends par la grammaire qu'il a complexe et aride.
Résultat : les gamins ont du mal a retenir, ne savent rien dire d'intéressant, par ce qu'ils n'ont ni vocabulaire, ni références culturelles, et abandonnent en se disant que c'est trop compliqué.
La plupart des autres pays apprennent les langues par la pratique et la discutions. La grammaire des jeunes locuteurs est plus hasardeuse, mais ils savent discuter et échanger et y prennent goût plus facilement. Ils corrigent leur grammaire par la pratique comme le font les enfants avec leur langue maternelle.
L'impression que ça me donne est que la pédagogie française préfère rendre tout le plus aride possible en attendant les jeunes qui s'intéresseront à ces versions des disciplines, au point de laisser la majorité des gens sur le carreau, exclus de toute culture pour le crime de ne pas aimer ce que l'on voudrait qu'ils aiment.
Et je suis désolé, mais les quelques contre-exemples que vous citez de gens qui aiment la "bonne culture" française et la complexité de notre langue, alors qu'ils sont immigrés ou allophones, ne pèsent pas plus lourd que la majorité des français.
Je ne vois même pas pourquoi vous les opposez, d'ailleurs.
Tant mieux pour eux s'ils aiment la complexité du Français, ce n'est pas le problème.
Le problème, c'est qu'une part de plus en plus grande des jeunes de ce pays sont systématiquement dégoutés de tout ce qu'on leur apprends en classe par une pédagogie dépassée et voient donc leur niveau baisser drastiquement alors qu'ils voudraient s'intéresser.
L'étude présentée dans cet article le prouve : Ils lisent, mais pas des classiques.
On pourrais pas assouplir pour que ça leur profite plutôt que de s'accrocher mordicus à nos vieilles méthodes et les laisser en plan ?
Molière lui-même critiquait cette position chez les docteurs : "Le canon doit être appliqué, le patient dusse-t-il en crever !" et Rabelais fustigeais les anti-néologistes et les pédagogies inadaptées à l'enfant dans Pantagruel.
Pourquoi ne pas les écouter ?
NAUWELAERS
27/03/2022 à 21:30
Votre analyse n'est pas du tout partagée par des tas d'essayistes et de profs qui déplorent l'absence d'exigences, et la mise au centre du processus éducatif de l'élève et de son épanouissement.
Cela remonte aux années Jospin.
On parle de «compétences» plutôt que de «connaissances».
Une ex-prof et essayiste comme Cécile Ladjali a écrit remarquablement sur son expérience d'enseignement, dans un milieu pas privilégié du tout.
En déployant la créativité des élèves, invités à écrire ensemble une pièce (théâtrale) à jouer en fin d'année !
Inutile de dire qu'avec une telle dimension ludique et créative, la pilule jugée amère de l'enseignement de la langue française -qui entraîne celui de la littérature (oui la littérature ! Sans ce mépris imaginaire contre la BD et les mangas: nous sommes en 2022 et non en 1960 !) -passe à merveille chez beaucoup.
Sous la houlette d'une prof pleine de talent.
Il y aura toujours des réfractaires, comme pour les maths, la chimie, la géographie etc.
La vieille antienne: «On n'aime pas, on n'apprend pas», c'est de la démission en rase campagne.
Le vrai défi de l'enseignement: donner envie !
Tout faire pour faire aimer les matières !
Avec empathie, créativité et une exigence qui correspond au respect des élèves.
Qui dans leur majorité apprécient cela...
Pas toutes, pas tous ?
Tant pis, on avance tout de même.
Là est le vrai progressisme.
Voilà.
CHRISTIAN NAUWELAERS
CaptainBN
30/03/2022 à 16:23
Dans ce genre d'optique, je n'ai rien contre les classiques, en effets.
(Tant qu'on abandonne pas totalement à leur sors les enfants qui décrochent, fut-ce par la remise en question du collège pour tous qui est un fiasco total avec ses classes uniques ...)
Ce qui me dérange, c'est plutôt que certains profs me semblent voir l'étude des classiques comme un passage obligé, peu importe si les élèves prennent plaisir à les lire ou pas.
C'est plutôt ça que j'ai vécu et que je critiquais.
En réciproque, on voit assez souvent de très bonnes œuvres être réprouvées par ce que trop "populaires", c'est dommage.
D'où mon "jetez les classiques" qui était un poil trop provocateur, j'en conviens.
Vous auriez un lien vers un compte-rendu de l'initiative dont vous parlez ?
NAUWELAERS
31/03/2022 à 00:10
Bonjour,
Nos points de vue se rapprochent mais seulement un peu.
Sauf une énormité que vous énoncez (celui du 30 mars)...
Si des profs voient l'enseignement des classiques comme un passage obligé, c'est qu'ils accomplissent leur métier !
Supprimer une matière parce que certains élèves n'aiment pas, non mais c'est cela que vous voulez ?
Tant pis pour les autres, on les sacrifie ?
Votre réflexion est abracadabrante, je me pince, excusez-moi.
On enseigne ce qui doit l'être -heureusement que c'est obligé, pour le meilleur de l'enseignement - mais il faut tenter de le faire de façon attractive.
Certains n'aimeront pas: et alors ?
On demande son avis à chaque élève pour chaque matière ?
Comment peut-on s'éloigner à ce point de la réalité la plus basique ?
Incroyable...
Pour revenir à un minimum de bon sens, un lien ci-dessous.
Si inactif sur ce fil comme je le pense, vous le trouvez très facilement bien entendu.
Silence, On Lit! Site officiel du quart d'heurede lecture ...
https://www.silenceonlit.com
26 févr. 2022 — SILENCE, ON LIT ! est une association loi 1901, créée par Danièle Sallenave, de l'Académie Française, Ayse Başçavuşoğlu, directrice du Lycée ...
CHRISTIAN NAUWELAERS
Nico
25/03/2022 à 11:16
"Ils lisent autre chose : si le roman reste en tête des préférences de lecture, manga, science-fiction et fantastique sont largement plébiscités." ????? Science-fiction et fantastique ne font pas des romans ?? Il faudrait peut-être vous relire avant de publier !
HK
25/03/2022 à 20:48
Vraiment certains commentaires et certaines des choses dites dans l'article par l'auteur ou en citation...
Tout d'abord en effet ne pas inclure la fiction dite de l'Imaginaire dans les romans, et dire du manga que c'est un genre, c'est clairement un problème. Le mépris envers les ouvres de genre et les médias autre que le livre papier, ça ne fera toujours qu'aggraver la situation en plus d'être insultant pour toutes les personnes qui travaillent dur pour créer des choses nouvelles, passionnantes et passionnées. Il y a des manga comme Les Pommes Miracles inspirés d'une histoire vraie qui touche à l'agriculture bio, ses raisons, ses difficultés, et son impact sur les relations des gens et sur le monde de l'agriculture en général. Il y a des manga de science fiction comme Planète qui pose la question des déchets et débris spatiaux en orbite, question qui devrait être posée plus souvent et plus sérieusement par nos sociétés, surtout parce que le nombre de pays, de compagnies, et d'individus qui peuvent se permettre d'envoyer tout et n'importe quoi dans l'espace ne fait qu'augmenter. Ou encore des manga comme le récent Frieren qui doit en être à sa troisième impression en moins d'un mois (!) qui de part son format, court et visuel, a permis à l'auteur de raconter une histoire simple mais subtile et originale, et à attirer un lectorat en manque de ce type d'oeuvres ou curieux d'à la fois le genre et le media. De part son petit format facilement transportable, son prix relativement peu élevé, et les genres qui y sont abordés seulement limités par l'imagination humaine, le manga est évidemment extrêmement attractif pour les jeunes, et les autres médias auraient tout à y gagner à s'en inspirer plutôt que le snober s'ils veulent avoir autant de succès auprès des jeunes. Sans compter que les genres de manga de type 'shônen' et 'shôjo', dont le lectorat visé principalement sont donc les adolescents, permettent à leur lecteurs de ressentir des émotions de façon presque intense (de par la mise en scène, l'utilisation du suspense même dans les histoires à thématique sportive, les arcs narratifs faits pour s'attacher au maximum aux personnages...) ce qui manque énormément à la jeunesse d'aujourd'hui pour diverses raisons.
Les mineurs en général sont aussi limités dans ce qu'ils peuvent faire, matériellement. Leur demander de lire plus, sans qu'ils en aient les moyens financiers (parce que leur parents refusent de leur acheter des BDs/comics/manga/romans de fantasy etc, ou parce qu'eux-mêmes n'en ont pas les moyens), sans leur donner le temps et/ou l'encouragement d'aller à la bibliothèque (qui ne sont pas toutes bien fournies non plus) au moins, c'est aberrant. Les gens planifient aussi les journées de leurs enfants sans leur donner l'occasion de passer du temps avec leurs amis en dehors de l'école (où ils n'ont au fond que peu de de jouer ou discuter ensemble), puis s'étonnent qu'ils passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux. Etc etc.
Je me demande également si cette étude a vraiment bien pris en compte les divers médias auxquels les jeunes d'aujourd'hui peuvent avoir accès, sans donner l'impression à ceux qui ont répondu qu'ils ne devraient pas mentionner certains qu'on ne considérerait pas sérieux ni comme de la lecture (encore une fois comme le prouvent certains commentaires, toujours les mêmes, qui dégoûtent les jeunes probablement presqu'autant que l'école les dégoûte, ce qu'elle fait sans aucun doute aucun je ne comprends pas comment ça soit encore en débat). Par exemple les jeux vidéo, comme ceux de type jeux de rôle, d'aventure, de 'point and click's, etc, ils peuvent définitivement avoir l'équivalent d'un roman en dialogues et narration, et beaucoup sont de grande qualité. De même que les 'visual novels', les 'light novels', et les romans graphiques. Ajouter à cela les fanfictions, et les blogs, les longs 'treads' informatifs ou d'opinion sur les réseaux sociaux, et les jeunes qui ont grandis avec les nouvelles technologies ont au final certainement lu plus que les générations précédentes. Mais tout cela est traité avec mépris par les soi-disant biens pensants et autres pseudo intellectuels, et donc ça ne compte pas je suppose.
La jeunesse va bien, il faudrait juste arrêter de l'insulter constamment de toutes les manières possibles tout en détruisant son avenir et en piétinant ses rêves.
NAUWELAERS
26/03/2022 à 02:39
Il ne faut pas inventer un mépris inexistant !
Et que vous le vouliez ou non, la soumission trop généralisée de la jeunesse (enfance comprise...) mais aussi de foules d'adultes aux écrans n'est pas du tout une bonne chose.
Nous vivons une époque où la complexité, le sens de la nuance et tout bêtement l'intelligence sont mises à mal...d'innombrables essais et articles, y compris de scientifiques crédibles (je ne parle pas de polémistes politiques !) en font état.
La politique de l'autruche n'a jamais rien fait progresser...
Et certes je reconnais volontiers que le cybermonde amène tout de même d'excellentes choses.
Je suis moins manichéen que vous, HK...
Mais je refuse de mettre la tête sous le sable comme le volatile à l'estomac indestructible !
CHRISTIAN NAUWELAERS
HK
26/03/2022 à 21:07
Bien sûr que le tout technologie a des risques, à aucun moment je ne dis que les gens ne devraient pas être encourager à lire des livres (ou des journaux etc) sur support papier. Je ne dis pas non plus que tout est a adorer dans ce qui est publié numériquement.
Je pense plutôt que penser que "c'était mieux avant" c'est cela faire l'autruche. Je vais me répéter mais à part ceux qui n'ont pas d'apriori envers les bibliothèques, qui ont accès à ce type de lieu où on peut consulter tout un tas de médias gratuitement, les enfants/ados n'ont pas les moyens, ni le temps de "s'immerger dans le texte d'un auteur. Que ce soit un roman, un article de fond ou autre chose" comme vous dites. Ils ne peuvent le faire qu'avec les fanfictions ou autre traduction de romans étrangers (souvent des light novels) traduits et postés sur Internet, ce qui leur donne également l'occasion de discuter avec leurs amis (en même temps ou pas). On demandent souvent aux jeunes de rentrer immédiatement après les cours ou leurs activités en club, puis ils doivent à un moment ou à un autre de leur fin d'après-midi de faire tout un tas de devoirs. Leurs weekends sont aussi soit chargés soit ils se retrouvent coincés chez eux et leurs parents qui travaillent ou qui ont leur propre vie sociale, les collent devant la tv ou autre écrans.
Il faut que les adultes soient ceux qui se remettent en question dans leur manière de traiter leurs enfants, et les types de divertissement qu'il leur reste. Que l'école les encourager à lire Les Trois Mousquetaires plutôt que Bel Ami, que leurs parents acceptent de leur acheter les light novels de Log Horizon plutôt que leur dire que c'est hors de question parce ça parle MMORPG et que donc c'est stupide et les forcer à lire La Gloire de Mon Père et compagnie, que les gens comprennent qu'on peut tout à fait "se plonger vraiment dans une autre réalité" et lire concentré pendant des heures si on à tous les tomes/chapitres d'un manga tel que One Piece (qui est d'ailleurs en accès gratuit entièrement sur un site officiel de l'éditeur en plusieurs langues, évidemment que cela attire des lecteurs)...
Je suis d'accord qu'il y a un sérieux souci dans la pensée critique et l'analyse subtile dans la jeunes (et pas mal de pas si jeunes) d'aujourd'hui. Mais deux points : l'on voit plus d'idioties un peu partout non pas parce qu'il y en avait moins avant mais parce que ceux qui auraient pu en dire auparavant n'avaient simplement pas de plateforme, maintenant ils peuvent déverser leur opinions discutables partout sur les réseaux et sites, ou peuvent même être invités sur des plateaux tv à forte audience après avoir auto-édité un livre et s'être arrangé pour en vendre suffisamment ; les gouvernements n'ont fait que traiter l'école comme une garderie glorifiée - surtout ce dernier - pour continuer à exploiter les parents autant que possible, et c'est pourtant là - et non pas juste à la lecture de Flaubert ou Zola - que les jeunes esprits devraient y être aidés à s'épanouir (les parents n'ayant pas tous l'éducation nécessaire eux-mêmes, encore une fois s'ils ont le temps et l'énergie), hors entre les classes trop remplies (et donc un abandon très vite de ceux qui ne peuvent pas suivre pour x raison), les budgets serrés, les enseignants fatigués voir dégoûtés (sans parler de ceux qui clairement haïssent les enfants), ou encore les programmes bancals, c'est évident qu'il y a un sérieux problème.
Les nouvelles générations ont grandit avec les écrans, c'est quelque chose que l'on ne peut pas changer si cela offre un accès à la culture (aux autres cultures même) et aux loisirs aux foyers modestes, ce sont aussi des moyens de communication pour une jeunesse qui ne peut pas se sociabiliser en extérieur facilement.
Il y a beaucoup de choses à faire pour donner envie aux gens de lire, et cela commence par ne pas cracher sur des genres autre que la "littérature blanche" ni sur les supports autre que le papier. C'est donner les moyens aux gens d'acheter plus de livres, améliorer l'éducation - vraiment, en profondeur - et mieux communiquer aux jeunes le genre de choses qu'ils peuvent trouver en livre (vous parliez d'Harry Potter, et je me souviens très bien de l'énorme campagne de marketing que c'était permis Gallimard, puis des films et leur propre "buzz" énorme, tout cela a aidé le bouche à oreille à augmenter exponentiellement), il faut mettre des d'efforts pour la promotion d'œuvres tout publics, les jeunes ne demandent qu'à rêver et rire et se passionner, mais les médias sont plus occuper à promouvoir des discours de haines et rire de scandales.
On ne peut enfin pas rejeter les fautes de nos sociétés élitistes et capitalistes à outrance, et le désintéressement de la jeunesse qui s'en suit, sur le seul progrès technologique, c'est là que l'on se mettrait la tête dans le sable.
NAUWELAERS
27/03/2022 à 01:10
Bonjour,
Je prends acte de ce que vous écrivez.
Je suis tout à fait d'accord qu'il ne faut pas confronter trop tôt les élèves avec la littérature classique sous peine de les dégoûter: c'est une évidence !
Avant de courir, on apprend à marcher.
Mais je ne vous ai pas lu de travers -désolé -quand dans votre post précédent, vous vous plaignez de qui crache sur ce qui n'est pas la littérature blanche !
Vous inventez un mépris inexistant pour ensuite vous draper dans une indignation surjouée et ridicule.
Cela ne va pas, désolé.
Les classiques, c'est la culture et la culture, c'est éviter de ne connaître que le présent, dont les mangas (que tant de jeunes apprécient et cela ne me dérange absolument pas...de préférence s'ils ne passent pas toute leur vie en ne lisant que cela).
Un pur-sang vit mieux qu'un cheval de trait à oeillères !
L'éducation et l'instruction visent à élargir l'esprit et à le mettre e n contact avec ce qui nous a précédés.
Justement !
Et quant à la «substantifique» moelle (svp !).
Si des élèves détestent les maths et /ou la chimie -c'était mon cas ! -on les vire ?
Et l'histoire, et la géo etc. ?
Autant laisser tout le monde chez soi comme en temps de confinement et qu'on se débrouille avec des tutoriels !
Un peu de sérieux je vous prie.
Ceux et celles qui ne sont pas attirés par la littérature ne persisteront pas, point.
Mais la virer parce qu'on décide que cela ne plaira pas, c'est l'infinie médiocrité rance des pédagogos qui ne sont pas du tout des progressistes.
Un grand homme de la vraie gauche comme l'immigré italien François Cavanna, fou de notre langue française, s'était déjà exprimé avec justesse et (donc !) virulence contre ce genre de toboggans !
Beaucoup plus positivement que les démissionnaires, les pessimistes et déconstructeurs, moi je salue la démarche «Silence on lit» pour donner le goût de la lecture au lieu de pontifier: «C'est vieux donc ils n'aimeront pas, trop fort pour eux.»
Avec un bon paternalisme condescendant inconscient...
Voilà ce qui se passe et bravo -entre guillemets (extrait d'un article sur le sujet dans «Marianne»).
Donc: Silence on lit.
«Cette pratique a déjà été testée et approuvée par plusieurs établissements dans différentes académies. Le but est de faire renouer les élèves du secondaire avec l'objet livre en espérant, in fine, les réconcilier avec la littérature. Dans les collèges où la pratique est bien ancrée, ce moment peut être quotidien, quelques minutes en début de cours après une récré par exemple. Tout le monde, en même temps. Malgré quelques récalcitrants, la grande majorité des élèves finit par y adhérer et les enseignants constatent une baisse de l'agitation dans l'heure suivante, et mieux encore, une réelle appétence pour ce moment.»
Voilà du positif et de l'intelligence non défaitiste !
CHRISTIAN NAUWELAERS
Ethelred
29/03/2022 à 17:55
Bien sûr que les jeunes lisent, c'est une évidence !
Simplement, ils ne font pas que ça (moi non plus, d'ailleurs !) et ils ne lisent peut-être pas ce que certains adultes voudraient et c'est ça qui, de mon point de vue, est le plus consternant. Comme s'il y avait une hiérarchie de la lecture.
Je suis bibliothécaire et quand j'entends les collégiens qui fréquentent ma bibliothèque, me dire que leur professeure-documentaliste a enlevé des mangas du CDI parce qu'il "y avait trop de monde qui voulait les lire", je suis atterrée.
Quand j'entends cette même professeure me dire que la littérature jeunesse actuelle est pauvre et qu'elle se lit mal à voix haute et qu'elle est donc "obligée" de revenir à la lecture à voix haute de classiques, je ne m'étonne pas que certains adultes soient complètement déphasés par rapport aux adolescents. Personnellement, moi ado, bonne élève et grosse lectrice, on m'aurait vendu un club lecture avec de la lecture à voix haute de classiques, j'aurais décampé bien vite...
Je m'étonne donc encore moins de les voir rejeter en bloc la littérature classique, présentée telle quelle, comme si elle était la seule valable et acceptable. Si on ne s'intéresse pas à ce qu'ils lisent, ce qu'ils aiment, pourquoi s'intéresseraient-ils à ce que ces mêmes adultes (pas tous, bien heureusement) plébiscitent ?
Certains mangas sont excellents, bien plus que certains classiques démodés et ennuyants (de même, il y a des mangas mauvais et ennuyants, je ne dis pas le contraire). Il y a un temps pour tout et clairement, il suffit que je me souvienne de mes cours de français de collège et lycée pour savoir que les programmes ne sont pas ou plus adaptés. Il faut revoir les programmes et arrêter de vouloir à tout prix imposer les classiques dès la 6ème.
La littérature jeunesse est riche et variée, contrairement à ce que certaines personnes prétendent et les professeurs et ceux qui font les programmes devraient s'appuyer dessus et non pas la rejeter. Attention, je ne dis pas que c'est le cas de tous les professeurs mais clairement, je ressens de plus en plus, lorsque je discute avec les uns et avec les autres, un décalage entre le corps enseignant et les enfants et ados (décalage qui d'autant plus important avec les ados).
Bref, en résumé, les classiques, c'est bien mais point trop n'en faut. Mieux vaut un enfant/ado qui ne lit pas de classiques, plutôt qu'un enfant/ado qui ne lit pas du tout.
NAUWELAERS
29/03/2022 à 23:52
Désolé mais ce relativisme culturel est une autre forme de fermeture d'esprit et de déni !
Désolé mais Victor Hugo, c'est bien plus essentiel que des foules d'autres auteurs.
Non, tout ne se vaut pas, c'est faux.
Joey Starr, rappeur, a clamé de grands textes dont Hugo dans des gares: une expérience théâtrale !
Lui torpille le glauque relativisme culturel: talent interdit !
Et ce n'est pas un vieil académicien ronchon.
Alors bien sûr que de jeunes élèves ne doivent pas se farcir des classiques à un trop jeune âge.
Là je vous suis.
Le problème, c'est de nier comme vous les hiérarchies qui existent bel et bien, ne vous en déplaise !
Alors si un youtubeur populaire publie un livre qui se vend très bien, il vaut Balzac ou Hugo ou Zola (pour mentionner les classiques vu que c'est le sujet) ?
Ou Sagan, par exemple, ou Colette ?
Ou Aragon?
Ou Simenon ?
«Ennuyant»...
Moi j'accepte les hiérarchies dont le déni absurde m'ennuie très fort.
Je ne pense pas qu'on doive empêcher les jeunes d'avoir la joie épanouissante de les découvrir en passant par des étapes préalables à accepter certes: de bons mangas, Harry Potter (sans polémiques de trans !), et autres choses.
Mais nier le talent et les grands auteurs est indigne de bibliothécaires et de profs dignes de ce nom.
Avec certaines personnes, le nivellement par le bas est une réalité et pas du tout un cliché.
Hélas !
Et on ne doit pas l'accepter.
Si on doit fuir l'ennui, cours de jeux vidéos (certains en suivent...neuf heures par jour, glaçant)...
Ou de SMS car «pas ennuyants» ?
Dans «élèves», il y a élever !
On vomit l'élitisme (pour toutes et tous) ?
On promeut alors la médiocrité, le faux nez d'un faux progressisme qui ne mène absolument à rien de bon !
Pas d'accord.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Ethelred
30/03/2022 à 08:39
Le problème ce n'est pas de dire que tous les livres se valent, je n'ai jamais dit ça (j'ai dit que toutes les façons de lire étaient valables). Bien sûr qu'il y a des pépites (et dans tous les genres, ne vous en déplaise, y compris les jeux vidéos) et des navets (dans tous les genres, livre comme jeux vidéos). Le problème c'est de dire qu'il y a une façon de lire plus légitime que d'autres et là, je ne vous suis pas du tout.
Moi, je promeus la lecture, quelle qu'elle soit. Y compris de choses que je n'apprécie pas personnellement. Bien sûr qu'une partie de mon travail consiste à faire découvrir des pépites mais, heureusement, je ne m'arrête pas aux classiques, sinon, je serai une bien piètre bibliothécaire.
L'élitisme est une forme de mépris, de dédain à ce qu'on considère comme inférieur et ça, c'est précisément ce contre quoi je me bats tous les jours. Parce que c'est le meilleur moyen de dégoûter les gens de la lecture. Je le constate tous les jours. On se bat pour faire comprendre aux usagers qu'on est pas là pour valider ou invalider ce qu'ils lisent. Ils ne sont pas jugés et ça, c'est tellement important ! Vous n'avez pas idée à quel point les gens éloignés de la lecture et de la culture, sont intimidés à l'idée de passer le seuil d'une bibliothèque. Si en plus, quand ils font l'effort de venir, on leur fait comprendre que ce qu'ils lisent, c'est de la merde, bah, forcément, on les perds et ça les éloigne d'autant plus de la lecture et des classiques que vous aimez tant.
Je travaille dans une ville liée à un grand écrivain...grand écrivain qui est souvent repoussé par les habitants car perçu comme élitiste et les "fans" de cet auteur ne font rien pour atténuer cette impression.
Et puis ça m'agace toujours de voir certaines personnes opposer lecture et jeux vidéos. Je lis autant que je joue et ça ne fait pas de moi une illettrée inculte.
Bref, tout ça pour dire que si j'admets bien volontiers l'excellence de certains classiques, ils ne sont ni un but à atteindre, ni un passage obligé.
NAUWELAERS
31/03/2022 à 00:29
Je n'ai strictement rien à voir avec les attitudes négatives que vous dénoncez, et dont je ne sais où elles existe(raie)nt (?).
Mais aimer la littérature de haut niveau est d'office considéré comme arrogant, méprisant, etc. par certaines personnes qui voient le mépris partout.
Pour pouvoir vaillamment le combattre, même si inexistant.
Je ne suis pas bibliothécaire et si je l'étais, je ne contenterais d'une neutralité ouverte.
Je renseignerais gentiment et professionnellement les gens de toutes conditions sociales et de toutes sensibilités.
Pour certaines personnes, on est toujours dans le jugement, les pauvres usagers (si fragiles, c'est du respect de considérer des jeunes comme de pauvres petites choses fragiles ?) qui seront dégoûtés par de méchants élitistes méprisants.
Que de clichés pénibles !
Je me situe dans la droite ligne de paradigmes bien plus positifs et constructifs.
Si des jeunes viennent en bibliothèque et jouent aux jeux vidéo, ils jouent aux jeux vidéo et personne ne les ennuiera.
Aucun, aucune bibliothécaire ne leur fera remarquer qu'ils devraient plutôt lire des classiques !
Là on s'envole avec les ailes d'une imagination débordante.
Enfin, dans mon monde réel que je fréquente tous les jours, les attitudes négatives que vous aimez pourfendre n'existent pas.
Si par extraordinaire cela devait arriver ici ou là, vous savez comme moi que les jeunes enverraient paître le
ou la rabat-joie qui tente de rabaisser leurs choix !
Je soutiens qu'à part quelques exceptions éventuelles (?) et non significatives, ces attitudes surplombantes et intimidantes n'existent pas, malgré vos dénonciations dans le vide.
Bref c'est tirer à boulets rouges sur des toiles d'araignée et qui n'existent que dans l'imagination de la personne bien intentionnée mais au raisonnement incompréhensible car déconnecté du réel.
Ce réel que je vois chaque jour que Dieu fait.
Je refuse les discours infantilisants et hors sol.
On peut tirer de grandes joies à la lecture de la littérature de haut niveau (qui correspond à une hiérarchie existante).
Je sais que cette littérature ne pourra qu'ennuyer fort des jeunes et d'ailleurs des adultes.
Bien avant l'ère du numérique, avant même l'avènement de la télévision, la lecture de grands auteurs n'était pas du goût de tout le monde !
Même dans les milieux les plus privilégiés...alors que, en revanche, des gens de condition ultramodeste, que j'admire et qui ont vécu contre l'idéologie infantilisante -«cela vous ennuiera, ce n'est pas pour vous»-ont passionnément dévoré ce genre de livres.
Le talent, la passion, j'adore cela !
Dans ces cas-là, on fonce et on ne pleurniche jamais.
Le passionné avance, c'est tout.
Et ne laisse pas de bonnes âmes l'assigner à une condition intellectuelle qui ne peut progresser sous tel ou tel (très, très) mauvais prétexte.
Une autre attitude de surplomb abusif, d'autant plus qu'il est inconscient.
Quand on a la lucidité de décoder cela, on ne supporte pas.
La différence entre nos deux points de vue: je défends l'évidence des hiérarchies et du talent, par essence inégalitaire.
Dans tous les domaines.
Et le refus de faire correspondre cela à du mépris et de l'arrogance: votre présupposé que je conteste.
Je suis totalement étranger à vos clichés de mépris, d'intimidation etc. qu'il s'agirait de dénoncer (n'ai jamais tenté d'intimider qui que ce soit avec mes goûts...et aurais échoué, heureusement, si j'avais eu la mauvaise idée d'essayer ).
Je soutiens qu'il faut proposer au moins de manière attractive les classiques, mais à des élèves pas trop jeunes et qui commencent -comme moi autrefois -par de la BD.
Par la BD, et par La Fontaine... par les divines fables de La Fontaine !
L'élitisme pour tous, dès l'enfance !
Ce progressisme-là est vrai, sans imposture.
Sans proscrire la BD à côté, et aujourd'hui les mangas voire jeux vidéos.
Si vous trouvez cela ennuyeux (La Fontaine), c'est votre problème à vous.
Merci de ne pas en dégoûter les autres !
Les élèves de six ou huit ans à qui on propose ces fables en version SMS (cela existe), cela pue.
Désolé.
Là il s'agit de massacre.
La vraie bienveillance, c'est de donner toutes les possibilités aux jeunes, sans sélection, de jouir du plaisir intense de la lecture, qu'un Yann Moix -un auteur exceptionnellement doué, ultralittéraire et donc ennuyeux et à proscrire ?- a vanté tout récemment.
Et jamais cela ne séduira tout le monde et c'est normal: je suis réaliste.
Contrairement aux idéologues d'une supposée (pseudo) bienveillance infantilisante et bourrée d'idées reçues et de présupposés contredits en permanence, je sais que tout le monde n'a pas à être logé à la même enseigne.
Mais le côté infantilisant et faussement victimaire s'oppose frontalement à une vision positive, dynamique et bienveillante de cette question.
Puisque la littérature classique est délaissée voire attaquée par des personnes qui devraient tenter de la promouvoir, je défends cette victime d'une certaine mentalité qui est négative avec de si belles intentions.
D'autre part: je ne connais pas les jeux vidéos mais, madame, figurez-vous que je n'essaie pas d'en dégoûter les autres.
Je n'ai pas à pontifier sur un support inconnu de moi mais des études de neuf heures par jour consacrées aux seuls jeux vidéos révèlent de toute façon un dysfonctionnement.
Un déséquilibre glaçant.
Il s'agit d'un asservissement au pouvoir de l'écran.
Ne pas être d'accord avec cela est normal.
Si le désaccord avec de telles dérives technomarchandes, contre l'esprit effrayant de soumission, est baptisé des anathèmes habituels, ce n'est pas mon problème.
On lutte contre la dictature technomarchande donc on serait méprisant et arrogant ?
Mon commentaire: au secours...!
Et inutile de répondre, peine perdue.
Je préfère, sur un site littéraire comme ActuaLitté, défendre positivement une partie de ce que j'aime.
Puisque bien entendu j'adore plein d'autres choses mais le sujet est la littérature classique ici.
Au fait: je fréquente plusieurs bibliothèques bruxelloises -naguère à Paris -où jamais personne n'est jugé !
Ce que vous déplorez me sidère: moi je ne connais pas ce que vous dénoncez.
La réalité contredit totalement vos clichés tenaces et fallacieux qui s'incrustent comme moules à leur rocher mais qui sont faux.
Mis à part quelques cas particuliers éventuels qui ne justifient pas du tout une idéologie victimaire là où personne n'est victime de rien, désolé.
Les bibliothèques sont totalement exemptes de comportements regrettables de jugements négatifs.
Elles sont au service du public et sans jugement contre qui que ce soit.
Tant pis pour qui adore se plaindre et redresser des torts, qu'il faut inventer dans ce cas.
Donc je pense que tous vos griefs partent de vos simples présupposés non avérés.
Fantasmés quoi.
J'aime qu'on regarde la réalité sans la déformer avec un prisme idéologique qui n'apporte rien, et dont personne n'a besoin.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Ethelred
31/03/2022 à 08:03
Première chose, je réponds si je le souhaite, je n'ai pas besoin de votre autorisation. Vous lirez -et répondrez - si vous le souhaitez mais ça, ce n'est pas mon problème.
Deuxième chose, je vous cite "Enfin, dans mon monde réel que je fréquente tous les jours, les attitudes négatives que vous aimez pourfendre n'existent pas." Eh bien, je vous répondrais que dans mon monde réel que je fréquente tous les jours, elles existent. Ce n'est ni mon imagination, ni des fantasmes (merci, au passage de me faire passer pour une illuminée). Mais une réalité pour moi.
Je vous cite à nouveau "Au fait: je fréquente plusieurs bibliothèques bruxelloises -naguère à Paris -où jamais personne n'est jugé !"
Et je vous répondrais à nouveau que Paris et d'autant plus Bruxelles, n'est pas la France.
Ce n'est pas parce que vous ne voyez pas de vos yeux quelque chose, que cette chose n'existe pas. (CF, votre dernier paragraphe) Tant mieux si ce n'est pas le cas là où vous vivez. J'en suis ravie pour vous.
Je vous cite à nouveau "D'autre part: je ne connais pas les jeux vidéos mais, madame, figurez-vous que je n'essaie pas d'en dégoûter les autres.
Je n'ai pas à pontifier sur un support inconnu de moi mais des études de neuf heures par jour consacrées aux seuls jeux vidéos révèlent de toute façon un dysfonctionnement.
Un déséquilibre glaçant."
Je vous paraphrase "Je n'essaye pas d'en dégoûter les autres, par contre, je leur fais bien comprendre que si c'est leur passion, ce n'est pas normal à mes yeux."
Bref, concluons simplement en disant qu'on ne tombera pas d'accord. Et effectivement, je cesserai de répondre ici. Je vais aller travailler dans ma réalité qui n'existe pas...
NAUWELAERS
01/04/2022 à 02:09
Madame,
Vous mélangez tout !
Tout le monde peut être passionné par les jeux vidéo !
Comprenez-vous cette phrase ci-dessus ?
Mais si les études normales sont flinguées par celle des jeux vidéo neuf heures par jour -c'est factuel -eh bien, personne de sensé ne peut approuver.
Cela devient du pur sectarisme technolâtre.
Qui phagocyte tout le reste.
Cela ne vous dérange pas ?
Moi si.
Vous c'est vous, moi c'est moi.
Que vous me répondiez ou non, moi j'écris cela, c'est tout.
Et non, je n'ai jamais ni vu ni entendu ni eu connaissance par qui que ce soit de ce type de comportements que vous dénoncez.
Nous n'évoluons pas dans la même dimension et si nous restons en désaccord total, c'est jusque là.
J'ai la chance d'échanger positivement avec des foules de gens.
Si pas avec vous, cela ne change rien pour moi.
Voilà, bonne chance pour vos combats essentiels...
CHRISTIAN NAUWELAERS
Seb
31/03/2022 à 13:36
Mais je ne comprend pas ce que le manga vient faire la dedans ?
Quel est le problème ?
On dirait en plus que l'article fait une différence entre la bd franco belge et le manga.
Comme si un des 2 était plus acceptable que l'autre...
Team ActuaLitté
31/03/2022 à 13:55
Bonjour
Merci de votre remarque, et navré que l'article vous laisse cette impression : il n'y a aucune distinction pour nous entre les deux types d'ouvrages qui reposerait sur une discrimination valable / non-valable.