FIBD22 - Pour la 6e édition, après un an d’absence, le OFF of OFF, festival off de la BD d’Angoulême associé à ActuaBD.com, qui décerne aussi le réputé Prix Charlie Schlingo, remettra le Prix Couilles au cul pour le courage artistique. Ce prix souhaite récompenser « la vaillance d’une autrice ou d’un auteur de bande dessinée, dessin de presse, ou d’humour. » Cette année, le jury a décidé de récompenser Hshouma - Corps et sexualité au Maroc, de Zainab Fasiki.
Le 19/03/2022 à 12:00 par Hocine Bouhadjera
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19/03/2022 à 12:00
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Le jury a décidé de lui remettre le Prix Couilles au cul 2022 du courage artistique, créé par Yan Lindingre en 2016, en même temps que le Prix Schlingo, ce samedi 19 mars 2022 à 12h07 précises (oui, c’est la tradition) à la Maison Isabelle, au coeur du Off of Off du festival, 37 rue Hergé à Angoulême.
Cette remise de prix sera précédée d’une rencontre avec l’artiste et d'une projection du film, Crayons au poing, dessinatrices du monde arabe, à la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'image en présence de l’artiste vendredi 18 mars 2022 à 16h00 Au Vaisseau Moebius, à Angoulême.
Changer le regard sur la nudité et les femmes
« L’intitulé est volontairement trivial et provocant, mais il est là pour rappeler que le métier des humoristes, et donc des dessinateurs de presse, c’est avant tout de faire rire sur une ligne de crête subversive, même si certains le payent parfois de leur vie », explique les organisateurs du prix.
L’objectif du Prix est de récompenser un artiste à la fois talentueux et courageux, qui doit se battre pour continuer de publier. En recevant ce prix, la lauréate ou le lauréat qui subit des menaces dans son pays s’assure de soutiens par le monde et s’ouvre des opportunités professionnelles.
Après le dessinateur Algérien Nime, c'est au tour de la dessinatrice marocaine Zainab Fasiki de recevoir ce prix.
Née le 21 juillet 1994 à Fès, au Maroc, la lauréate est diplômée ingénieure d’état en mécanique en 2017. À cause des discriminations sexistes qui règnent dans le domaine de la mécanique, mais aussi du harcèlement de rue dont les femmes sont victimes, Zainab trouve dans le dessin sa façon de s’en sortir : à 19 ans elle se dessine nue et le partage avec les internautes pour prouver qu’elle vivra comme elle le souhaite. Elle décide de se consacrer à sa carrière d’artiste.
À LIRE: Yan Lindingre : Quel avenir pour un jeune auteur BD avec 1000 € d'à-valoir ?
Elle lance le collectif Queer Women Power qui encourage les femmes artistes marocaines via des ateliers. Elle lance son projet et livre Hshouma qui vise à briser les tabous au Maroc, et surtout à changer la façon de voir la nudité et les femmes.
En mars 2020, elle lance son exposition, The New Order, à Galerie Venise cadre Casablanca, qui illustre la femme marocaine de toutes les classes. Zainab a été honorée par Amnesty International, lors de la Journée internationale des femmes défenseures des droits humains, le 29 novembre 2018, à Rabat au Maroc.
Voici le résumé de la bande dessinée récompensée :
On le sait, aujourd’hui plus que jamais, la liberté est un combat de tous les jours, âpre et dangereux. En publiant Hshouma - corps et sexualité au Maroc, Zainab transgressait un tabou majeur de la société marocaine : le mot Hshouma signifie « honte » en dialecte marocain, il est aussi utilisé pour dire : Tais-toi ! pour arrêter la conversation.
« Les gens qui ont besoin de briser les tabous ne sont pas seulement les Marocains qui ne savent ni lire ni écrire, écrit Zainab Fasiki sur son blog. J'ai découvert que cela n'est qu'un stéréotype qui a été créé dans la société marocaine moderne. Malheureusement, la plupart des Marocains qui savent lire et écrire, qui ont des emplois importants, qui parlent d'autres langues, et qui ont même étudié et vécu en dehors du Maroc, sont toujours violents envers les autres Marocains différents. Et ce livre est fait spécialement pour eux parce qu'ils sont l'avenir de notre pays.
Chaque fois que je brise les tabous sexuels au Maroc, beaucoup commenceront à insulter au lieu de débattre avec respect, et c'est pourquoi ce livre a parfois été attaqué. Ces attaques confirment l'extrémisme que nous avons encore dans notre société, et il faut l'arrêter. La libération sexuelle et corporelle n'a pas été inventée par d'autres pays, ce sont nos besoins naturels et nos droits, quelle que soit notre nationalité. »
Les précédents Lauréats du Prix Couilles au cul :
2016 : La dessinatrice tunisienne Nadia Khiari (Willis from Tunis)
2017 : La dessinatrice turque Ramize Erer
2018 : Le dessinateur iranien Kianoush Ramezani
2019 : Le dessinateur guinéo-équatorien Ramón Esono Ebalé, alias Jamón y Queso
2020 : Le dessinateur algérien Nime
Retrouver la liste des prix littéraires français et francophones
DOSSIER - Le FIBD 2022 à Angoulême : auteurs, programme et événements
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 12/09/2019
106 pages
Massot Editions
19,90 €
3 Commentaires
Marie
21/03/2022 à 08:17
Un prix qui porte un nom aussi vulgaire , fût-il attribué à une oeuvre valable, ne mérite aucune attention.cf Ingrid Riocreux :" La Langue des médias : Destruction du langage et fabrication du consentement".
ASHKER
21/03/2022 à 19:07
En principe, les couilles ne se trouvent pas "au cul".
Les positions physiques recouvrant souvent celles, politiques, sociales... et psychiques, on peut se poser des questions....
A bon entendeur, heu... euse. (Enfin, on est perplexe.)
encolère
22/03/2022 à 09:45
Le courage est associé aux couilles ? Sérieusement ? C'est donc une qualité uniquement masculine, on en est encore là ? Qui a pondu cette connerie ?