FLP2022 - L'organisation patronale derrière le Festival du Livre de Paris, le Syndicat national de l'édition, a présenté cette nouvelle mouture de l'événement lors d'une conférence de presse au premier étage de la tour Eiffel, ce 8 mars. L'occasion de mettre en avant de premiers rendez-vous au sein du programme, de premiers noms d'auteurs, et les quelques atouts de l'événement, qui revient déjà de loin...
Le 08/03/2022 à 16:51 par Antoine Oury
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Publié le :
08/03/2022 à 16:51
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Les lecteurs et lectrices d’ActuaLitté le savent bien : le Salon du Livre de Paris, avant de se voir annulé à deux reprises par la pandémie de Covid-19, était devenu un événement un peu à côté de la plaque, qui se perdait dans des stands venus d’un peu partout, pas toujours légitimes, et des rendez-vous professionnels loin de passionner les foules. Il restait bien les auteurs et leurs livres, mais le public dénonçait année après année un tarif d’entrée prohibitif.
2022 et la levée annoncée des mesures sanitaires offrent à l’événement une seconde jeunesse, dorée à en croire l’emplacement choisi, un Grand Palais éphémère qui s’installe sur le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel. « 1981, une année électorale déjà, avait connu le premier Salon du livre de Paris », se souvient Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition (SNE). « 30 % des maisons étaient alors touchées par la crise, l’enjeu était de sortir le livre de l’indifférence. »
« Au fil des années, le plaisir s’est érodé, beaucoup d’éditeurs ne venaient plus et il était temps de changer le modèle », reconnaît Vincent Montagne, qui souhaite « renouer avec l’énergie du premier salon et retrouver le sens de la fête ». Jean-Baptiste Passé fait le même constat, dit autrement : « Redonner au Salon du livre le prestige qu’il avait en partie perdu », s’est-il fixé comme mission, avec l’équipe de ce nouvel événement, dont la direction artistique est assurée par Marie-Madeleine Rigopoulos.
Vincent Montagne
L’idée est justement de tourner la page de l’événement précédent, qui avait laissé des souvenirs... compliqués dans la profession. « Ce qu’on reprochait avant, c’était : “C’est payant, c’est loin, c’est moche”. Aujourd’hui, on propose du gratuit, du beau, et du central », résume Jean-Baptiste Passé, qui prend soin de préciser : « Ce constat, je ne l’ai pas établi moi-même. »
La scénographe Isabelle Allégret a été chargée de « sublimer l’écrin » en créant un salon ouvert, qui met en valeur tous les exposants, « comme si l’édition gagnait les rues de Paris ». Plus de 300.000 ouvrages, soit 50.000 références au moins, seront proposés sur place, avec une vente assurée par l’association Paris Librairies. Les habituels stands disparaîtront, au profit de modules de différentes tailles, dans trois espaces qui permettront à l’événement « d’embrasser aussi bien la BD que la littérature ».
Le Grand Palais Éphémère devrait en tout cas accueillir le Festival du Livre de Paris pendant deux ans, au moins.
Première partenaire du salon, la région Île-de-France a répondu présente à l'appel du SNE, et une trentaine d'éditeurs franciliens seront donc présents au Grand Palais Éphémère pour faire valoir la qualité de leur production. Les lecteurs et lectrices d'ActuaLitté ne sont pas sans savoir non plus que les autres régions de France n'ont pas souhaité participer au salon, considérant que les propositions commerciales ne répondaient pas à leurs attentes.
« Le choix des régions de ne pas venir est un choix qu’on regrette, j’ai la sensation d’un rendez-vous manqué », nous confie Jean-Baptiste Passé. « Nous avons proposé beaucoup de solutions, d’alternatives, car les régions et les agences régionales ont totalement leur place dans cet événement. Maintenant, tout le monde doit accepter le fait que cet espace est deux fois plus petit (que la Porte de Versailles, où se déroulait le Salon du Livre de Paris, NdR), que les cartes doivent être rebattues. »
Rappelant que le salon a proposé des espaces à 900 € pour certains participants, « avec la promesse de vendre au moins 100 livres par jour », Jean-Baptiste Passé insiste sur « l'économie tendue » de l'événement. « Il est important que des éditeurs plus petits puissent venir. Il n’y a aucun jacobinisme de notre part. C’est dans ces catalogues moins connus qu’il y a une rentabilité, une réelle richesse. »
Un « rendez-vous manqué » pour cette année 2022, donc, que Vincent Montagne souhaite concrétiser en 2023, s'adressant aux présidents de région : « Vous qui avez fait le choix de ne pas venir, soyez à nos côtés l'an prochain. Les livres sont les richesses de nos territoires, il faut faire émerger sans relâche des auteurs et des éditeurs », souligne le président du SNE. Jean-Baptiste Passé, pour sa part, se lancera dans un « tour de France » pour convaincre.
L'ouverture vers l'international viendra de l'invitation de l'Inde, à laquelle viendra répondre la présence de la France à la foire de New Dehli en mai prochain. 21 auteurs ont été sélectionnés par l'ambassade indienne, et une dizaine par le SNE, afin de proposer « des points de vue différents et un débat », selon l'ambassadeur Jawed Ashraf. « Ici, en France, seules 2 ou 3 personnes s'expriment sur l'Inde, or, pour un pays si grand, il est toujours important d'avoir plusieurs points de vue. »
À ce titre, Jean-Claude Perrier, responsable de la programmation pour la venue de l'Inde, annonce une cinquantaine d'auteurs, éditeurs et intellectuels indiens, soit « un échantillon, mais le plus large possible » de la culture indienne. Côté livres, 360 titres seront présentés dans le salon, autour du Pavillon indien, qui accueillera musique, danse et cuisine, en plus des événements littéraires.
Jean-Claude Perrier
D'ultimes confirmations de venues sont attendues, nous indique Jean-Claude Perrier, qui indique espérer une participation de la « communauté indienne » présente en France. Interrogé sur le risque de présenter uniquement des écrivains favorables au régime du Premier ministre indien, Narendra Modi, très critiqué pour le tour autoritaire pris par sa politique, il explique qu'il ne se prononcera pas « sur la politique d’un État, surtout lorsqu’il est ami et partenaire ».
Toutefois, il garantit une certaine égalité : « Nous avons invité des écrivains en accord avec le gouvernement, d’autres dans l’opposition : sera présent le député du parti d’opposition Indian National Congress. Mais à aucun moment ces critères ne sont entrés en compte. On a voulu mettre en avant la qualité littéraire de ces auteurs, la diversité littéraire (fiction, polar, jeunesse, etc.) », assure-t-il.
Prévu les 22, 23 et 24 avril, le Festival du Livre de Paris accueillera peut-être les candidats ou candidates restants en lice au second tour de l'élection présidentielle le vendredi 22, mais, la campagne s'arrêtant la veille du second tour, les 23 et 24 seront débarrassés de ces angoissants moments politiques.
Au-delà des prétendants à la présidence de la République, le salon espère accueillir 80.000 visiteurs sur ces trois jours, mais maintiendra une jauge sanitaire de 5500 personnes en simultanée dans le Grand Palais Éphémère. Une inscription préalable, sur internet, sera nécessaire pour accéder à l'événement. La gratuité, présentée comme un atout de taille pour l'événement, est permise par les exposants, avec un budget « 95 % privé, 5 % public ».
Des événements, parmi les 180 lectures, débats et rencontres annoncés, prendront place dans divers lieux de la capitale, à savoir l'Académie du Climat, la Maison de la Poésie, le Panthéon, l'amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, l'École militaire, le Café de Flore et le Petit Palais.
Marie-Madeleine Rigopoulos
Les auteurs et autrices investis dans les animations du salon seront rémunérés, « selon les barèmes du CNL ». Pour les dédicaces, niet pour cette année : « C’est un sujet plutôt en débat, et nous ne sommes pas une manifestation axée sur la bande dessinée : les auteurs en dédicace ne seront donc pas rémunérés, ni en BD, ni en littérature. » Cela dit, Angoulême, axée sur la BD, ne rémunère pas non plus...
La parité des intervenants et intervenantes n'a pas fait partie des critères de sélection non plus : « Nous n'avons pas fait de “discrimination positive”. Nous avons voulu réunir le meilleur plateau possible, que ce soit en jeunesse, en sciences humaines, ou autre. Je pense que la programmation est équilibrée », affirme Jean-Baptiste Passé.
Planifiée sur trois années — comme le mobilier du festival, tout en bois et conçu de manière locale et éco-responsable -, cette nouvelle version du salon du livre de Paris se veut avant tout « populaire », malgré « le côté bling-bling de la Tour Eiffel », choisie comme lieu pour présenter l'événement, concède Jean-Baptiste Passé. Résultats des courses en avril prochain...
Article coécrit par Clémence Leboucher et Antoine Oury
Photographie : Jean-Baptiste Passé, le 8 mars à Paris (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
DOSSIER - Festival du Livre de Paris 2022 : entre renouveau et contestations
2 Commentaires
Alex
22/03/2022 à 17:17
C'était payant, c'était loin (pas vraiment) et il y avait 160 000 visiteurs…
Vendre 100 livres par jour avec seulement 80 000 visiteurs. Ils font vraiment des salons pour sortir ce genre de chiffres ?
"Vous qui avez fait le choix de ne pas venir" J'ai bien lu ? Il a utilisé le mot "choix" ? Cette façon de rendre les éditeurs mis dehors par le SNE, responsable de leur absence est dégueulasse.
Hamonet France
22/03/2022 à 18:45
Je me réjouis que ce festival 2022 mette l’Inde à l’honneur ,ses écrivains étant encore trop mal connus .
Passionnée de lecture et fidèle adepte du Salon des livres depuis 1981 d’abord au Grand Palais puis à la Porte de Versailles, je rêve d’assister à la soirée inaugurale .
j’ose vous en faire la demande ou de m’indiquer la marche à suivre pour tenter d’obtenir cette faveur
Merci à vous