La concentration à l'œuvre dans les domaines de l'édition et de la presse s'exprime plus violemment que jamais. Plus encore à quelques semaines de l'élection présidentielle, avec la perspective d'un rachat d'un grand nombre de maisons d'édition par le groupe de Vincent Bolloré, Vivendi. Ce large contrôle de moyens d'expression pose la question d'un déséquilibre du débat et de la représentation des idées, alors que le livre échappe à toute régulation en la matière.
Le 15/02/2022 à 09:00 par Antoine Oury
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15/02/2022 à 09:00
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La concentration que causerait un rachat de Lagardère Publishing, la filiale d'édition du groupe Lagardère (comprenant Hachette Livre, Fayard, Stock, Le Livre de Poche, entre autres), est désormais connue, largement posée en chiffres assez peu engageants. Les groupes Editis et Hachette pèseraient ainsi pour plus de la moitié des meilleures ventes du secteur du livre, représenteraient plus de 75 % de l'activité de l'édition scolaire, s'inquiètent des éditeurs indépendants.
Au vu de sa résilience au cœur de la crise sanitaire, le livre se distingue des industries culturelles, attirant les intérêts capitalistes : les 4,5 milliards €, en 2021, que pèse le marché français du livre ne sont pas si éloignés du jeu vidéo (5,3 milliards € en 2020 d'après le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs). Et les investissements sont loin d'y être aussi démesurés. Bref, une « valeur refuge » idéale dans un contexte de bouleversement de la consommation en général – de la consommation culturelle en particulier.
Si les parlementaires, du côté du Sénat, ont interrogé Vincent Bolloré sur son projet économique et les implications politiques que celui-ci implique, les autres acteurs de l'édition multiplient encore les alertes dans différents médias. Ils font valoir les risques encourus par une concentration éditoriale si importante. Et pour cause : si la concentration française des médias est connue, elle s'effectue dans un contexte où la régulation, bien que timide, existe.
À l'inverse, dans le monde du livre, la régulation est pratiquement nulle en-dehors du prix unique du livre, qui garantit un tarif similaire dans tous les points de vente, pour le livre neuf. En témoigne un type d'ouvrages représentatif, particulièrement mis en avant en cette période si républicaine : le livre politique.
Le livre « politique », ou plutôt écrit par une personnalité politique, n’est pas un phénomène récent ou lié aux échéances électorales. Christian Le Bart, politologue, enseignant-chercheur à Sciences Po Rennes, estime que l’homme ou la femme politique signant un livre est avant tout un « auteur, qui écrit en espérant que son livre soit lu et vendu ». Et cela reste sa motivation première.
La publication d’un ouvrage est aussi un moyen de créer l’événement : « Le livre politique vise moins le grand public que le public intermédiaire, celui des journalistes, des commentateurs, qui lui donneront de la visibilité. Cela ne permettra pas forcément de vendre le livre, par ailleurs, mais de mettre l’auteur, le politique, sous les feux de l’actualité, avec un accès aux talk-shows et autres émissions. » Raison pour laquelle, une fois les bonnes feuilles et anecdotes croustillantes distillées dans la presse, les ventes demeurent faibles – le document est vidé de sa substance.
Le livre devient, dans cette perspective, « un médium qui permet d’accéder aux médias ». Ce caractère s’avère particulièrement utile pour « des politiques en position marginale, comme les anciens présidents, ou ceux qui exercent des fonctions gouvernementales un peu aliénantes, tel Bruno Le Maire, pour lequel l’écriture lui permet de sortir d’une image d’un ministre technicien », analyse Christian Le Bart. Avec ses romans, BLM frappe d’ailleurs fort : Paul, une amitié, s’est écoulé à près de 14.000 exemplaires poche et grand format chez Folio / Gallimard et Un éternel soleil chez Albin Michel a atteint 7743 ventes (données : Edistat).
Ce qui attire — ou peut attirer — le lecteur, dans la catégorie du livre politique, c’est la promesse de révélations, « une thématique toujours importante dans la stratégie éditoriale », reprend le politologue, qui cite à nouveau Bruno Le Maire, mais aussi Valérie Trierweiler, ou Alain Peyrefitte, titulaire de plusieurs ministères au cours de sa carrière et auteur de nombreux ouvrages. « Le livre politique intéresse si l’on pense qu’il va révéler des éléments que les formes ordinaires de la communication politique ont tendance à dissimuler. »
L’intérêt pour l’indiscrétion ne va pas non plus sans une valeur littéraire intrinsèque qui peut, sur le long terme parfois, consacrer un ouvrage politique : « Des qualités de style sont parfois remarquées, je pense à nouveau à Bruno Le Maire, mais aussi à François Mitterrand, François Léotard ou encore aux Mémoires de guerre du général de Gaulle », indique Christian Le Bart.
L’approche de l’élection présidentielle génère la multiplication d’un autre type d’ouvrage politique, le livre-programme. Ce dernier n’est pas plus récent que le livre politique dans son ensemble : « Dans les années 1970, le programme commun de la gauche avait été publié en livre, quand Démocratie française, de Valéry Giscard d’Estaing (1976), se présentait comme une sorte de livre programmatique. »
Une différence ? « C’est qu’aujourd’hui, le livre programme a un côté plus individuel, quand il était accompagné par l’appareil partisan auparavant : cela correspond à l’éclatement des partis politiques. Alors même qu’il est dévalorisé, le livre-programme se banalise, chacun y va du sien. Il est plus teinté d’autobiographie : le candidat dit : “Voici ce que je fais, mais aussi d’où je viens.” »
L’édition est-elle un terrain favorable à l’expression politique ? Certainement, et surtout « pour les minoritaires, pour lesquels l’édition est plus accessible que la radio ou la presse », relève Christian Le Bart. L’extrême droite comme l’extrême gauche ont largement profité du médium, et, généralement, l’opposition publie plus largement que le pouvoir, ce dernier étant circonscrit par ses obligations.
Si le « livre politique » n'a plus forcément bonne presse, souvent considéré comme un produit éditorial excessivement éphémère ou comme un vestige de l'appareil partisan, il survit néanmoins. Et pour cause : il reste donc un moyen de mobiliser les convaincus, d'attirer l'attention des médias, voire de financer les activités d'un parti – ou d'une campagne, comme l'assurait Emmanuel Macron avec Révolution. Et, peut-être plus encore, il bénéficie d'un régime très libéral en matière d'encadrement juridique de l'expression politique.
Cet encadrement juridique de l’expression politique, en France, se fonde avant tout sur « une jurisprudence qui concerne les propos tels qu’ils peuvent être exprimés, par rapport à d’éventuelles diffamations ou injures », nous explique Me Anne Leyval-Granger, avocate et maître de Conférences à l'Université Paris Est Créteil (UPEC).
Dans un contexte d’élection, notamment, « l’idée est de garantir une liberté d’expression, qui fait partie d’un débat démocratique classique, ce qui autorise une certaine spontanéité. Cela permet à M. Mélenchon d’être parfois très cavalier dans ses propos, tout comme Mme Pécresse peut l’être aussi », précise-t-elle. Cet encadrement est assuré par la loi du 6 novembre 1962, relai législatif de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, mais aussi de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.
En matière d’expression et de représentation intervient aussi le CSA, désormais désigné sous le nom de l’Arcom, qui veille à la pluralité de la représentation politique en période électorale. « On cherche ainsi à garantir une expression plurielle et multiple : pour le dire rapidement, le citoyen peut connaitre le propos de personnalités politiques, de l’extrême gauche à l’extrême droite. À cette fin, le CSA attribue des temps d’antennes à chaque candidat, et c’est d’ailleurs à cette occasion que l’on peut réaliser et diffuser des clips de campagne officiels à la télévision. »
Cette régulation de la représentation n’intervient que pour l’audiovisuel, et ne concerne en aucun cas la presse écrite : « Pour cette dernière, on va garantir l’accessibilité de n’importe quel candidat à n’importe quel titre : on peut aller donner un entretien au Figaro comme à L’Humanité. » Toutefois, si un titre de presse refuse un entretien à un candidat, ce dernier n’aura pas d’autres recours que de rendre l’affaire publique, pour tenter de faire plier le titre en question. L’absence de régulation, pour la presse écrite, s’explique par la loi sur la liberté de la presse de 1881, ainsi que l’idée « que le média, depuis longtemps, est multiple ».
Le livre, enfin, se trouve lui aussi dénué de tout mécanisme de régulation de la représentation politique, « l’édition étant principalement calée sur la liberté de la presse », précise Me Anne Leyval-Granger. La libéralisation de l’édition est telle que « la censure n’existe pas : on peut tout imprimer librement depuis 1789 ». Le contrôle s’exécute, dans ce cas précis, « a posteriori : une éventuelle procédure peut avoir lieu, mais après la publication du livre. Elle peut déboucher sur un retrait de la vente, qui pourra ensuite être contesté, d’ailleurs : Le Grand Secret, du Dr. Claude Gubler [écrit avec Michel Gonod], a ainsi été remis en vente après une interdiction pour violation du secret médical, quand les éditions Plon ont gagné auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme. »
Concernant le livre politique plus spécifiquement, aucune restriction supplémentaire ne s’applique : « Les ouvrages sont le plus souvent programmatiques, comme ceux de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, et peuvent donc être partisans. Le droit estime que le citoyen qui achète cet ouvrage connaît expressément l’idéologie du candidat en question. »
Cette libéralisation à l'extrême du livre est bénéfique, dans le sens où elle se présente comme la garante de la liberté d'expression. Mais elle présente aussi l'inconvénient majeur de ne prendre en compte ni les conditions de la production, ni celles de la diffusion-distribution, des points pourtant cruciaux dans l'industrie du livre. La représentation politique dans les librairies, mais aussi grandes surfaces culturelles et centres commerciaux ne fait l'objet d'aucune observation, et aucun mécanisme de régulation semblable à celui de l'Arcom pour les chaines de télévision n'existe aujourd'hui.
Ces derniers mois, le secteur du livre politique a bien sûr assisté à la déferlante d’exemplaires du livre d’Éric Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot. Le polémiste devenu candidat a-t-il vraiment bouleversé le paysage, au profit de l’extrême droite ? « Il ne faut pas se tromper d’analyse : Zemmour n’est pas un politique qui écrit, mais un essayiste qui s’est mis à la politique. Si l’on rentre à l’intérieur des logiques internes au champ médiatique, c’est un journaliste qui est extrêmement présent dans les médias, et son succès en tant qu’essayiste est intrinsèquement lié à cette présence. Dans son cas, la télévision a fait l’essayiste. » Autrement dit, l’autocollant « Vu à la TV » aurait encore de beaux jours devant lui…
Quant au recours à l’autoédition, il n’aurait, pour Christian Le Bart, aucun impact sur la stratégie médiatique d’Éric Zemmour, étant donné que ces questions d’éditeur « sont finalement peu prises en compte par le grand public ». À l’inverse, sa victimisation après son départ d’Albin Michel a « assez bien servi la rhétorique selon laquelle on chercherait à le faire taire », alors que, paradoxalement, il aura bénéficié des services et de l’infrastructure d’Interforum, diffuseur-distributeur du groupe Editis, propriété de Vivendi, l’entité dirigée par Vincent Bolloré…
Et quel allié : avec quelque 15.000 clients actifs (libraires, grandes surfaces spécialisées, grandes surfaces alimentaires) selon le site du distributeur-diffuseur, on imagine sans peine la capacité logistique d'un groupe revendiquant 1100 salariés et 3,8 millions de colis expédiés par an, et ses possibilités en matière de diffusion de certaines idées.
D'autant plus que la diffusion du livre du polémiste multicondamné, elle, n'est pas sans incidence sur son statut. La présence en librairie, notamment, aurait encore une charge symbolique forte. « Je pense que cela lui a offert une certaine légitimité. Il possédait déjà l’identité de journaliste de presse écrite, de télévision, de polémiste, mais la publication lui a offert une montée en légitimité », souligne Christian Le Bart. « Il se présente aujourd’hui comme écrivain, essayiste, pas comme un pamphlétaire ou un animateur, soit l’amuseur public ou celui qui fait de l’audimat avant tout. La nouvelle image qu’il se donne le met du côté de De Gaulle, de Mitterrand, avec une correspondance manifeste entre l’identité de l’écrivain et l’identité présidentielle. »
Avec toutes ces conditions posées, il n'est pas si étonnant de constater le succès de La France n'a pas dit son dernier mot. Avec près de 286.000 exemplaires vendus depuis sa parution (chiffres Edistat), en septembre 2021, l'essai devrait sans peine se hisser au niveau du Suicide français (Albin Michel, 2014, plus de 315.000 exemplaires vendus en grand format uniquement).
On comprend ici tout l'intérêt du livre comme support de l'expression politique, particulièrement lorsqu'un candidat n'est pas déclaré comme tel [l'ouvrage est paru en septembre 2021]. À l'expression sur les chaines de télévision ou dans la presse, plutôt du côté de l'éphémère même lorsqu'elle n'est pas régulée, on préfère une installation longue en librairie, surtout lorsque la couverture de l'ouvrage en question se présente sous les atours de l'affiche de campagne, en plus de réunir tous les poncifs du nationalisme.
Cela, sans compter (ou plutôt si, en comptant…) que la publication chez un éditeur de renom pourrait constituer un financement de campagne. Le Conseil constitutionnel s’est déjà exprimé sur ce point et l’avocat Régis de Castelnau les avait étayé : « Le Conseil constitutionnel avait souhaité que les livres des candidats publiés en vue de leur élection soient édités à compte d’auteur : le mandataire financier engagerait les dépenses d’édition de l’ouvrage et en encaisserait les recettes, ces dépenses et ces recettes seraient imputées au compte de campagne pour leur montant brut », indiquait l’avocat.
En somme, les candidats seraient avisés de publier à compte d’auteur, ou avec l’assurance que leur éditeur n’investira ni publicité ni rien dans l’ouvrage. Pas même l’impression ou la distribution. Ardu…
Au-delà de la prise de contrôle de nombreuses maisons d'édition, la fusion des groupes Editis et Hachette fait craindre des effets délétères sur la diffusion et la distribution des livres. Afin d'en prendre la mesure, il faut rappeler le fonctionnement de la diffusion-distribution en librairie. En lien avec les libraires et les points de vente du livre, les diffuseurs et les éditeurs les informent régulièrement de leurs parutions, en vantant les mérites des ouvrages : parfois, ils envoient un service de presse, parfois, un représentant se déplace pour une relation plus suivie.
En retour, le libraire choisit les titres qui l'intéressent : on se charge alors de lui livrer les ouvrages, en lui facturant à la fois les exemplaires et les frais de port. Ensuite, le libraire fait de son mieux pour écouler les livres de son stock : au bout de quelques semaines, il peut mettre en œuvre une faculté de retour qui permet de renvoyer des livres invendus au diffuseur. S'il paie les frais de port, les livres renvoyés lui sont remboursés sous forme d'avoirs, pour commander d'autres livres (auprès du même diffuseur, cela dit).
Le système, s'il fait régulièrement l'objet de critiques, a le mérite de permettre une forte rotation au sein des commerces du livre, qui rend compte de la bibliodiversité. Toutefois, l'emballement de la production a accéléré cette rotation, contraignant de plus en plus la durée de vie des livres dans les commerces. Le principal enjeu est celui de la visibilité, et les éditeurs indépendants, contraints de faire appel aux services de diffuseurs-distributeurs aux moyens plus limités, en font souvent les frais.
De plus, une mauvaise pratique professionnelle vient parfois perturber la machine : l'office sauvage. Lorsqu'un distributeur y a recours, il ajoute au carton de livres commandés par le libraire un titre qui n'a pas été demandé par ce dernier, en espérant qu'il se vendra. On l'imagine, les libraires sont particulièrement agacés par ce type de démarche.
Utilisée par Hachette il y a quelques années pour un titre de Guillaume Musso, elle resurgit avec le livre de Zemmour, que certains libraires ont eu la (mauvaise) surprise de retrouver dans un carton qui leur était destiné. « Le jour même de la sortie officielle, nous avons reçu deux exemplaires, que nous n'avions pas du tout demandés », nous raconte une libraire. Littérature tiède et nationalisme réchauffé, même combat ?
Le cas n'a pas été isolé : Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la Librairie française, nous confirme que l'organisation a « reçu quelques signalements concernant des quantités reçues bien que non commandées de ce titre et l’avons signalé au diffuseur-distributeur ». Le SLF, au fait de cette pratique et des problématiques liées depuis plusieurs années, met à disposition des libraires « un dispositif d’indemnisation sous la forme d’une facturation accompagnant le retour de ces ouvrages non commandés. Cette indemnisation au colis vise à compenser un préjudice subi par le libraire et à faire cesser ce type de pratiques, conformément aux règles définies d’un commun accord entre l’édition et la librairie », ajoute Guillaume Husson.
« C'est un peu de paperasserie, mais ça marche », nous confirme une libraire, qui estime par ailleurs que « beaucoup de libraires trouvent [la démarche] trop pénible » pour l'appliquer systématiquement. Aussi, avec l'office sauvage, le mal serait fait dès l'envoi du carton. Au mieux, le libraire renvoie les ouvrages, ce qui peut parfois causer un petit délai de trésorerie, au pire, il se retrouve à vendre ce qu'il refusait de faire entrer dans sa boutique.
Du côté d'Interforum, mais aussi du groupe Editis, propriétaire du diffuseur-distributeur, on nous indique qu'aucune consigne n'a été passée pour l'application d'un office sauvage pour le livre d'Éric Zemmour. Au contraire, des recommandations de prudence auraient été données, nous glisse une source, ce qu'Editis récuse.
L'incident, s'il pourrait ainsi être le fait de quelques représentants zélés (qui touchent par ailleurs un bonus en fonction du nombre d'ouvrages placés en librairie), illustre néanmoins assez bien les risques induits par la concentration de l'édition et du contrôle de la diffusion-distribution. Cette dernière, assez peu régulée, devient un levier formidable pour la diffusion de certaines idées ou la défense d'intérêts de classe.
Vincent Bolloré, interrogé par des sénateurs, a défendu son projet de rachat du groupe Lagardère en mettant en avant la concurrence des GAFAM : l'argument simpliste voudrait que le marché se régule lui-même, en opposant une concentration à des monopoles.
Cette rhétorique ne vise qu'une seule chose, l'évitement de la régulation, pour un marché de l'édition considérablement bouleversé qui en appelle en réalité beaucoup plus : le choix du diffuseur-distributeur MDS (appartenant cette fois au groupe Média-Participations) de sacrifier des titres d'éditeurs indépendants ou encore la gestion catastrophique du Festival du Livre de Paris par le syndicat patronal du secteur montrent bien, si cela était encore nécessaire, les limites de l'autorégulation.
Photographies : illustration, ActuaLitté, CC BY SA 2.0
5 Commentaires
Mathias Lair
16/02/2022 à 09:44
Je suppose que nombre de livres de politiciens sont à compte d'auteur déguisé (achat obligé d'un quantum de livres par l'auteur)
Aradigme
16/02/2022 à 17:20
Bonjour Matthias,
Pas certain, car les ventes de nombre de ces livres de circonstance rédigés par des ministres demeurent plutôt confidentelles: de l'ordre de trois à quatre cents exemplaires pour beaucoup de publications. Nombre d'auteurs amateurs, malgré leur anonymat, font mieux que cela dans le domaine du policier!
Salutations
Aradigme
Aradigme
16/02/2022 à 09:44
Considérer que la concentration dans le domaine de l'édition a pout but de constituer un "levier formidable pour la diffusion de certaines idées ou la défense d'intérêts de classe." me parait risible, mais tout à fait compréhensible chez une personne qui ne voit le monde que sous l'angle politique, et le plus souvent sous l'angle de l'extrême gauche.
Une entreprise effectue une concentration pour pouvoir survivre: améliorer ses ventes et donc ses revenus et ses marges, grâce à un meilleur accès au marché et à une rationalisation des dépenses (traduisez la suppression progressive de certains postes en doublon). Comme elle veut vendre un maximum, elle s'adressera, dans les limites imposées par la loi, à tous les marchés accessibles, du roman historique à celui à l'eau de rose, en passant par le roman ou récit politique, de l'extrême gauche à l'extrême droite, de manière à "ratisser large".
Une entreprise ne refuse un manuscrit que si elle l'estime mauvais et considère ses ventes probables comme trop faibles pour réaliser un profit acceptable, pas pour des raisons idéologiques.
Seuls des média d'Etat, qui n'ont que faire de la rentabilité (il leur suffit d'augmenter les taxes s'ils se trouvent en déficit), se permettent de bannir de leur antenne certains courants de pensée ou sujets de discussion qui ne leur plaisent pas, même s'ils représentent l'opinion de plus du tiers des citoyens, et parfois même de la majorité absolue.
SamSam
16/02/2022 à 10:19
Fallait-il faire tant de place à Zemmour, avec des formules minorant le fait qu'il est de l'extrême-droite la plus nocive, celle qui euphémise la Shoah en inventant un Pétain inversé qui aurait sauvé les juifs ? D'autant que deux lignes à Mélenchon.... Un Zemmour qui sqatte les plateaux, truste les ventes avec un appareil marketing qui fausse la concurrence et méprise les valeurs immondes que porte cet individu comme ses livres.
Par ailleurs, par un mot sur l'impact sur les auteurs là-dedans. Les auteurs dont la mise en avant promotionelle est totalement dépendante de leur visibilité et non pas de la qualité du livre. Les auteurs frappés de plein fouet par l'obssession de la profitabitabilité portée par tous les vampires comme Bolloré. Ainsi l'édition devient une machine à cash, ou petits et moyens éditeurs sont écartés sauf s'ils s'adjoignent des distributeurs de poids, au prix de sabrer les postes et les rémunérations des auteurs. C'est le coeur vivant du livre, comme le spectacle vivant, qui est frappé à mort. Pour un Musso exhibé, combien de Hugo réduits à néant ?
Pas un mot non plus sur la défaillance totale du service public ministériel, clairement du côté des marchands, des milliardaires qui ont écrasé tte concurrence chère à la Commission UE, en paroles. Et les soupçons de connivence, ou plus, que cela pose. Alors que se dévolle peu à peu l'immense corruption à l'oeuvre dans une industrie centrée elle aussi sur le profit du milliardaire et de l'actionnaire. Je parle de la "santé" avec des groupes massivement condamnés depuis des années, comme Pfizer et autres.
Pas un mot sur la corruption implicité liée à l'absence d'une régulation minimale (mis à part la loi Lang maintenue) sans parler d'une réglementation et de sanction contre un Bolloré et autres prédateurs qui violent à l'évidence la concurrence et pratiquent l'entente entre loups, justement.
Ninja
16/02/2022 à 11:19
On nous dit "au pire, il (le libraire) se retrouve à vendre ce qu'il refusait de faire entrer dans sa boutique."
Notons que dans le cas où des frais de port seraient imposés pour le livre commandé à distance, un tel refus "de faire entrer un livre dans sa boutique" contredit en pratique la loi Lang qui garantit un prix unique pour le livre....