Zerocalcare est l’auteur de bandes dessinées le plus lu en Italie. Il est logique donc qu’il soit la vedette des plus longues séances de dédicace de Più libri più liberi, la foire des petits et moyens éditeurs à Rome, qui a pris fin le 8 décembre 2021. L’auteur, traduit en France par Brune Seban chez Cambourakis, a rencontré un grand succès auprès du public et a passé de nombreuses heures à signer les exemplaires de ses livres. Cela confirme aussi l’essor considérable de la bande dessinée en Italie ces dernières années.
Le 29/12/2021 à 10:25 par Federica Malinverno
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29/12/2021 à 10:25
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Zerocalcare est l’un des auteurs les plus vendus en Italie et exprime la colère et le malaise existentiel de sa génération, les millennials, avec ces histoires situées dans la banlieue de Rome. Il est sans doute l’auteur de bande dessinée le plus populaire dans le Bel Paese : en 2019, il a franchi le cap du million d’exemplaires vendus en Italie. En France, selon Edistat, ses BD se sont vendues à plus de 61.175 exemplaires, incluant les intégrales.
Depuis le jour de l’ouverture, le 4 décembre, de la Foire de la petite et moyenne édition à Rome, au stand de Bao Publishing, l’éditeur de Zerocalcare, il y a une file d’attente continue de fans qui désirent faire signer des exemplaires de ses livres.
« Ils commencent à faire la queue à 10 heures du matin, dès l’ouverture de la foire, et ils viennent aussi d’autres villes que Rome. Zerocalcare arrive généralement à midi et commence à dessiner », expliquent les professionnels de la maison d’édition à Ansa.
« Les choses vont très bien pour moi ces derniers temps, il me semble donc qu’équilibrer le karma de cette manière est bon pour moi. Ce n’est pas quelque chose de particulièrement nouveau, j’ai toujours fait cela à Più libri più liberi, cela ressemble à un retour à la normale », explique Zerocalcare à Ansa.
En effet il s’agit d’un auteur qui est déjà depuis quelques années très connu des fans de bande dessinée. Et chaque jour, il passe quatre ou cinq heures au stand de son éditeur pour signer des exemplaires de ses albums.
Michele Rech (ceci est en effet le vrai nom de Zerocalcare), né en 1983 à Cortona, dans la province d’Arezzo, a publié cette année un nouvel album, toujours chez Bao Publishing, Niente di nuovo sul fronte di Rebibbia.
Mais sa carrière est déjà assez longue : c’est en octobre 2011 qu’il publie sa première bande dessinée, La profezia dell'Armadillo (traduite en français par Brun Seban sous le titre La prophétie du tatou en 2014) et, la même année, il lance un blog sur la bande dessinée qui devient très populaire.
En 2015, il a été deuxième au Premio Strega Giovani avec Dimentica il mio nome, publié en 2014 en Italie et en 2018 en France.
En 2016, le livre Kobane Calling (reportage sur la guerre en Syrie, vendu à plus de 36 000 exemplaires en France) rassemble les récits publiés dans l’hebdomadaire Internazionale : des récits inédits des voyages de l’auteur en Turquie, en Syrie et en Irak, sur lesquels nous reviendrons par la suite.
À l’automne 2020, à moins d’un mois d’intervalle, il publie deux livres, tous deux aux éditions Bao : Scheletri, qui raconte une histoire en partie autobiographique, et A babbo morto. Una storia di Natale.
Comme l’indique l’AIE, l’association italienne des éditeurs, le genre de la bande dessinée a connu une croissance de 188 % cette année : l’extraordinaire succès de cet auteur semble témoigner de l’essor de ce secteur éditorial en Italie.
Même si, il faut le rappeler, c’est grâce à la mini-série animée Strappare lungo i bordi que Zerocalcare est devenu très connu au grand public ces derniers temps. La série est sortie en novembre 2021 et a largement dépassé toutes les autres séries proposées par Netflix : elle a fait de l’auteur une icône.
Cependant, elle a également suscité certaines polémiques, notamment une liée au choix linguistique et stylistique du dialecte de Rome.
Zerocalcare est en effet romain d’adoption, il a grandi dans le quartier populaire de Rebibbia (même s’il a vécu en France les premières années) : il utilise le dialecte romain pour décrire les situations existentielles du protagoniste de ses histoires, un personnage autobiographique, qui dans la série est accompagné d’un tatou, symbole de sa conscience.
Zerocalcare raconte la poésie urbaine, celle des banlieues, les luttes sociales et personnelles, et son langage est fidèle à la réalité qu’il dévoile. Cependant, selon certains, il serait trop difficile d’accès et donc pas assez inclusif.
L’auteur définit cette polémique comme « ridicule ». Et, en particulier, il déclare : « Quiconque est capable de faire ses courses seul peut comprendre Strappare lungo i bordi. Les autres personnes sont soit de mauvaise foi, soit ont besoin d’une excuse pour être citées dans les journaux. »
Une autre controverse concerne la Turquie, qui s’est prononcée contre le caricaturiste parce que dans sa série, et précédemment dans l’album Kobane Calling, apparaît le drapeau du Pkk, que le gouvernement central considère comme une association terroriste.
En réalité, cet acronyme est le symbole du Parti des travailleurs du Kurdistan (Pkk). En effet Zerocalcare, comme on l’a dit auparavant, s’était rendu sur le territoire entre la Syrie et la Turquie en 2015 pour raconter les difficultés de ce lieu déchiré.
Les fans se demandent déjà s’il y aura une suite à cette première série produite en collaboration avec Netflix. « Ça s’est suffisamment bien passé pour imaginer faire une suite, mais ensuite il faut voir si ça a du sens, si c’est quelque chose que l’on veut faire, si on a quelque chose à raconter », explique l’auteur toujours à Ansa.
On reste donc dans l’attente de voir s’il y aura une suite et, pour l’instant, il nous reste que savourer l’œuvre de cet intéressant créateur.
crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0 - Zerocalcalcare, salon du livre de Turin 2018
Paru le 01/09/2021
206 pages
Cambourakis
22,50 €
Paru le 02/09/2020
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Paru le 18/09/2019
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Paru le 18/09/2019
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