Vous souvenez-vous ? Il y a un an, la YouTubeuse Lena Situations publiait Toujours plus + = +. Son livre connut un grand succès (355.308 exemplaires, donnée Edistat) et Frédéric Beigbeder écrivit une chronique épicée qui indigna les fans de la jeune plume. Pendant quelques jours, le chroniqueur fut moqué, considéré comme un homme de l’Ancien Monde qui ne supportait pas qu’une influenceuse puisse être n° 1 des ventes. Une interprétation facile, simple variation sur le thème du vieux con contre le jeune con. Par Arthur Constance.
Le 11/11/2021 à 10:20 par Auteur invité
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11/11/2021 à 10:20
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Il n’en est rien. Après avoir lu le livre Les Barbares d’Alessandro Baricco (Gallimard, trad. Françoise Brun et Vincent Raynaud), une autre interprétation saute aux yeux. Le différend Léna Situation/Frédéric Beigbeder ne relève pas du conflit de générations, mais du critère d’appréciation d’un livre, il en est même un cas d’école.
Oh ! Des réponses à cette question, il en est des centaines. Il existe même des métiers censés guider les lecteurs, les conseillers vers les bons livres ; libraires, critiques, bibliothécaires… et ça tombe bien, Frédéric Beigbeder est l’un d’entre eux.
Pour ces gens, quels sont les critères pour juger de la qualité d’un livre ? L’émotion ? Le sujet ? Le style ? Les références ? L’intelligence ? Tout cela, nous explique Baricco, c’est la même chose. Oui, tous ces critères sont des critères de profondeur, dont une bonne partie est propre à la littérature.
Rappelons les premiers mots de Beigbeder (chronique Figaro, réservée aux abonnés) :
« Léna Situations est le Pseudonyme de Léna Mahfouf. Sans doute un hommage inconscient à Jean Paul Sartre qui publia chez Gallimard dix tomes de Situations entre 1947 et 1976 […]. Il est aussi possible que son nom fasse allusion au situationnisme de Guy Debord, tant son livre exploite les règles définies dans la société du spectacle. Quand au titre, Toujours plus, il est plagié sur un best-seller de François de Closet qui critiquait l’oligarchie française. »
Quel est son grief ? Souligner l’absence de références, l’absence de profondeur. Ce n’est pas du name dropping uniquement pour s'affirmer intelligent et cultivé : il reproche à la jeune plume son écriture hors du temps, sans racines littéraires.
« Son unique message, martelé à chaque page est une équation mathématique inspirée de la tête à Toto : “+ = +”. En langage situasionnesque, cela se traduit par : “NON à la déprime (…) OUI au positif.” […] La forme de son guide de conseil aux millenials imite celle des “self-help-books”. Le modèle du genre […] est La magie du rangement, de Marie Kondo : une Japonaise qui explique comment ranger sa chambre. »
« La tête à Toto », « apprendre à ranger sa chambre », la simplicité du livre déconcerte Beigbeder qui ira jusqu’à écrire : « Son inculture assumée rend toutefois sa lecture angoissante. Cette jeune femme est la preuve que le système éducatif français a perdu une bataille contre Facebook. »
Oui, Beigbeder se moque. Oui Beigbeder devient hautain, prétentieux, paternaliste et tout ce que vous voulez. Mais dans le fond, il n’a pas tort : Lena Situations ne se positionne pas comme écrivaine et revendique une certaine simplicité dans son approche de la littérature. [Ndlr : Elle pourrait par ailleurs ne pas connaître une partie des auteurs cités – quoique cette arrogance du chroniqueur tienne tout de même d'un fameux machisme.]
Est-ce grave ? Peut-on écrire sans avoir lu ? Peut-on écrire sans connaître l’histoire de la littérature ? peut-on écrire sans avoir cherché à creuser dans la littérature, approfondi ses connaissances littéraires. En une phrase : la littérature est-elle le critère de qualité littéraire ?
Frédéric Beigbeder dit non. Léna Situations écrit, elle dit oui.
Nous savons pourquoi Beigbeder dit non. Intéressons-nous aux raisons qui poussent Léna à dire (indirectement) oui. Et pour cela, le livre d’Alessandro Baricco : Les Barbares, essais sur la mutation va nous aider.
Vous vous en doutez très certainement ; si la qualité d’un livre ne réside pas dans la littérature, c’est donc qu’elle se situe ailleurs. Alors, où ?
Dans le mouvement, dans la séquence, nous dit Baricco. Un livre doit être un élément inclus dans une séquence plus vaste dont il n’est qu’un point de passage et qui contribue à apporter du mouvement, de l’énergie à cette séquence.
« Pour les barbares, la qualité d’un livre réside dans la quantité d’énergie que ce livre est en mesure de recevoir d’autres narrations, avant de la reverser dans d’autres narrations. Si dans un livre passe une grande quantité de monde, c’est un livre à lire. En revanche, même si le monde entier est dedans, mais immobile, sans communication avec l’extérieur, c’est un livre inutile. » (p. 94)
Tout cela est un peu compliqué, j’en ai conscience. Pour comprendre, revenons à Léna Situations et son livre.
Léna est « YouTubeuse influenceuse lifestyle », cela signifie qu’elle gagne sa vie grâce à la publication de contenus sur internet (YouTube, Instagram…) en rapport avec la mode et la beauté. Elle publie régulièrement des Vlogs (équivalent d’un billet de blog au format vidéo) dans lesquels elle partage sa vie avec ses spectateurs.
Pour raccorder avec la théorie de Baricco, on pourrait considérer que tous ses Vlogs forment une séquence composée de divers éléments : le déménagement, les voyages et, le livre. De ce point de vue, le livre de Léna Situations n’est donc qu’un élément parmi d’autres. Et de ce point de vue, est-il bon ?
Ça, je ne peux pas le dire. D’une part, car je ne l’ai pas lu, d’autre part car ce n’est pas le sujet de ce billet (nous nous attachons au critère de jugement, pas au jugement en lui même), et surtout, parce que même en le lisant, je ne serai pas capable de le qualifier de bon ou de mauvais. Souvenez-vous : un bon livre est un livre à travers lequel passe une grande quantité de monde, un livre qui s’inscrit dans une séquence. Et à moins de connaître le travail de Léna Situations, de regarder ses Vlogs, de la suivre sur les réseaux, il est difficile de juger de la quantité de monde passant par son livre.
En revanche, on sait qu’il s’est très bien vendu, et que l’article de Beigbeder a engendré une nouvelle narration : la réaction des fans contre Beigbeder puis le passage à la télévision de Léna. Paradoxalement, la virulente critique de Beigbeder a augmenté la valeur du livre qu’il dénonçait.
Oui, le terme peut choquer, mais il est à relativiser. Par Barbare, Baricco désigne une nouvelle catégorie de personne, une sorte « d’espèce sociale », dont les comportements seraient radicalement différents des comportements traditionnels. Le Barbare a un rapport au monde différent, dans tous les domaines, et donc également dans la littérature. Il évite de traiter un sujet en profondeur, de descendre, de l’aborder dans sa verticalité, à laquelle il préférera l’horizontalité. Son espace est celui de la surface, de la séquence.
Il ne faut voir dans cette terminologie qu’un clin d’œil à l’histoire. Les barbares ont saccagé Rome, certes, et d’un certain point de vue, on peut considérer que les nouveaux barbares vont saccager la littérature, mais Baricco nous rappelle qu’il fut un temps où ce qui est aujourd’hui appelé la grande littérature, la littérature de qualité (c’est-à-dire le roman bourgeois) fut considérée comme barbare elle aussi. Du point de vue historique, une chose est sûre : barbarisera bien qui barbarisera le dernier.
Si cette idée vous plaît, je vous invite vivement à lire le livre d’Alessandro Barrico, ou à consulter les articles que j’ai publiés à ce sujet (plus centrés sur le livre et l’écriture). Je vous mets tout de même en garde, après une telle lecture : vous risquez de voir des Barbares partout, mais heureusement, sans gourdin.
[Ndlr : La Bibliothèque de survie, dernier ouvrage de Frédéric Beigbeder présentant une bibliothèque idéale de 50 ouvrages, est sorti en mai dernier, avec 6515 ventes cumulées. L’essai de Baricco, en revanche, publié en octobre 2014, a réalisé 12.056 ventes. Dont acte.]
crédit photo : Siora Photography, Raquel Martínez/ Unsplash
Paru le 24/09/2020
152 pages
Robert Laffont
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19,90 €
Paru le 05/05/2021
176 pages
Editions de l'Observatoire
18,00 €
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L' albatros.
11/11/2021 à 11:43
Sans aucun doute, on peut écrire à chaud, sans bagages.
Car c'est l' expression qui importe , ce que l'on exprime: 'sujets ' ou enjeux.
Après vient la question de l' Expressivité de ce que l' on exprime, et là, extrêmement difficile d' intensifier son expression, en dehors d' un minimum de modèles, pris ou non dans la littérature.
Les unités referentielles: dans le discours littéraire, la place de la narration et de la description, leurs modalites: monologues, narrateurs en dehors de l' histoire, dedans, contrepoints, style indirect libre, style indirect.
Ou recits-- descriptions, et même registre-- scripteur hors recit( biographie, chroniques, histoire, reportage), dedans: témoignages, interviews).
On demeure dans les registres de la discursivité littéraire, on est jamais hors sol.
Il y a la notion de qualité du développement, de sa consistance.
En tout premier lieu.
L' appartenance ou non aux genres et formes dites ' litteraires' , instituées et reconnues, c ' est une autre histoire.
C est le bagage.
Ludiquement detourné depuis longtemps, démarqué, résilié, effacé.
Sans que rien n' en vienne à s' instituer.
L' etat de fait , aujourd'hui: la totale decomposition de ce qui fut le statut de la littérature, et la littérature elle meme comme champ anthropologique de l' expression langagiere.
Le reste est academisme, survie mortifiante.
C est la situation même d' une inauguration, c est a dire de la possibilité d' un autre commencement, dans le changement radical d' epoque.
Dominique
12/11/2021 à 08:23
Blagues à part: dans une société de marchés, ce qui fait un bon livre dépend de la notoriété de l'auteur, pour celui ou celle-ci, ou la capacité à le rendre, lui ou son sujet, bankable, de cela dépend le retour sur investissement, important pour l'éditeur.
Quand aux lecteurs, il suit soit ses a priori, soit ce qu'on lui prescrit.
Ce n'est pas si compliqué (quoique...).
SamSam
12/11/2021 à 10:04
C'est qui, "l'auteur invité" ?
Mise en abyme. On creuse un peu plus dans le déversoir des mots sans intérêt autre que faire VENDRE. C'est toute l'ambition, naturellement, d'Actualitté, avec un nappage "littérature de qualité".
". Souvenez-vous : un bon livre est un livre à travers lequel passe une grande quantité de monde, un livre qui s’inscrit dans une séquence."
Ca veut rien dire en soi, maîs ça fait bander le critique littéraire qui voit là un mâitre à rebondir bientôt jusqu'au Masque et la Plume.
Ca veut rien dire d'autres que "quantité de monde" et "séquence". Etre critique littéraire invité et/ou rémunéré c'est faire entrer de force un monde dans une architecture de com, grace à des expression connotées large, comme celles-là.
Ce qu'il faut dire, pour ce que j'en ai à foutre, c'est que Barrico invente après Debord. Il invente le faux performatif. Le faux actuel est universel, donc, comme dit l'auteur invité, faut s'y mettre, y a pas.
Le vrai est universellement périmé, donc faut larguer. On se rue sur les bibs, les bouquinistes.
Barrico écrit des livres en italien facile pour dire qu'il faut lire les livres difficiles, tout en sachant les balancer au fond de sa bibliothèque, parce que l'écologie, ça va un peu. Ce qui distingue l'homme de l'animal, ce n'est pas feindre, mais feindre de feindre. Barrico écrit des livres bien aérés, rapides à lire, vierge de tout malaise apparent.
Beigbeder comme représentant de la grande, de l'ancienne, communautés des lecteurs de la littérature profonde. Je ris, je pouffe. Mister 99 entretient une querelle ancienne avec Chevillard. En gros que lui reproche-t-il ? Eh bien Eric Chevillard, chez Minuit... ne vend pas.
Marco
12/11/2021 à 10:36
Ce n'est plus le livre qui rend l'auteur "célèbre". Il doit l'être avant, peu importe le moyen ou le domaine, et peut ensuite publier. Ce n'est pas nouveau... mais c'est de plus en plus fréquent, et ça prend de la place sur les tables des librairies. Si les jeunes lisent ? Mais oui. Nul besoin d'actions en faveur de la lecture. Les nouvelles stars s'en chargent en dispensant leurs bons conseils, auréolées d'une pseudo accessibilité face à leur public virtuel, mais bien réel, d'une bienveillance qui les conduit à partager leur savoir et leur (courte) expérience de la vie. Elles sont terriblement efficaces, redoutables en matière de communication, fondamentalement individualistes en donnant le sentiment d'être éminemment communautaires... et renvoient dans les cordes un écrivain enfant de la pub comme Beigbeder qui se pensait à l'abri de ce genre de déconvenues. Éditeurs, diffuseurs et libraires amazoniens (et pas que) se frottent les mains, les consommateurs consomment... le livre n'est depuis longtemps hélas plus épargné par l'opportunisme et la cupidité, deux critères qui déterminent aujourd'hui un genre littéraire croissant, que l'on pourrait nommer "récit personnel à fort potentiel commercial" pour le rendre plus présentable.
Mitsouko
12/11/2021 à 10:49
Pourquoi se poser la question? Léna c’est une blogueuse - et une influenceuse qui se spécialise dans la mode et l’art de vivre. Un « coaching » nouvelle manière avec suffisamment t de « suiveurs » pour que son livre soit un best-seller. Delphine de Vigan a très bien expliqué leur rôle dans son dernier roman. Qu’on se pose même la question de savoir si c’est de la littérature ou pas me semble absurde. Est ce que la question a été soulevée pour Raphaelle Giordano quand elle a vendu 2 millions d’ex de son coaching book déguisé en roman? Ce n’est pas parce qu’elle - Léna - a pris un titre qui nous interpelle immédiatement avec ses références desbordiennes que cela lui donne soudain des lettres.
Pour les critères je reviens toujours à Maupassant et ce qu’il attend d’un livre:
« amusez moi/ attristez moi/ attendrissez moi/ faites moi rêver/ faites moi rire/ faites moi frémir/ faites moi pleurer/ faites moi penser »
Et surtout émerveillez moi par une langue qui m’étonnera et m’enchantera à mesures égales.
Mbougar Sarr répond à tous ces critères.
Aradigme
12/11/2021 à 17:35
Bonjour Mitsouko,
Je suis assez d'accord avec les critères de Maupassant que vous citez: « amusez moi/ attristez moi/ attendrissez moi/ faites moi rêver/ faites moi rire/ faites moi frémir/ faites moi pleurer/ faites moi penser »
J'y aurais ajouté personellement: "apprenez-moi" car je recherche aussi dans un livre des connaissances nouvelles.
Pour moi, un bon livre répond à tous ces critères et un excellent livre a de plus l'avantage d'être intemporel, de susciter le même intérêt des générations après son écriture. Salambo, de Flaubert, demeure pour moi passionant aujourd'hui.
Vu cette définition, je doute que "Toujours plus + = +" (que je n'ai pas lu), puisse pour moi constituer un bon livre et je suis certain que ce ne sera jamais un exellent livre.
Enfin, la qualité et l'intérêt d'un livre n'ont rien à voir avec le nombre d'exemplaires commercialisés lors des premières années de son impression.
HP Lovecraft a écrit d'excellentes nouvelles et de magnifiques romans qui n'ont pratiquement rencontré aucun écho lors de leur parution, au point qu'il mourut inconnu et dans la misère. Mais il avait écrit de bons livres, probablement même excellents. Il avait ouvert une voie qu'ont suivie bien des auteurs après lui, et il compte aujourd'hui nombre de fans alors qu'il décéda en 1937. Je parie sans aucun risque que Léna Situations sera totalement oubliée dans un siècle et que Frédéric Beigbeder ne sera plus lu et connu que de rares spécialistes en 2121.
Salutations
Aradigme
Marco
12/11/2021 à 20:06
Chouette commentaire. Une bonne lecture ,😀 Merci !
RandolphCarter
13/11/2021 à 16:03
En fait, H. P. Lovecraft a passé les dix dernières années de sa vie dans sa chère ville de Providence, et s'il était loin d'être riche, il ne vivait pas "dans la misère" ; il mangeait à sa faim, s'habillait décemment et faisait même quelques voyages dans la région. D'accord avec vous sur le fait que tout inconnu qu'il fût, il était un écrivain d'une certaine valeur, même s'il était obligé de "publier" dans des revues pour ceux qu'ils appelaient lui-même de "joyeux crétins". Mais ce que les Français ignorent en général, c'est que son œuvre la plus belle, la plus intéressante, d'un point de vue littéraire, c'est sa correspondance (qu'on estime entre 40 000 et 100 000 lettres). Lovecraft, contrairement à Léna machin ou Fred Begbetruc était une véritable écrivain, c'est sûr, mais plus encore un type extraordinaire, complètement décalé avec son temps.
SamSam
13/11/2021 à 19:17
Comme quoi, il faut toujours se méfier des infos...Comme tout un chacun j'ai cru que HPL avait fini sa vie dans la misère complète et la paranoïa totale. Et je n'avais pas connaissance de cette correspondance fournie et littéraire. Merci de nous avoir éclairé.
Où peut-on lire ces lettres, journaux personnels (?), s'ils ont été traduits (je ne lis l'anglais que sur des txts courts, genre articles) ?..
RandolphCarter
14/11/2021 à 10:42
Sans doute a-t-on préféré pointer une sorte de "paranoïa totale" comme vous dites pour faire passer les lubies et les idées de Lovecraft qui ne sont pas tout à fait conformes à la pensée dominante et obligatoire aujourd'hui... et ses admirateurs se sentent obligés de trouver des biais pour atténuer les opinions peu correctes de l'écrivain. Mais le lecteur intelligent peut aussi apprécier Lovecraft et sa personnalité tout en éprouvant certaines réserves pour ses idées. Il reste un type très attachant, un être extrêmement sensible et quelque peu paumé dans la modernité. Sur Amazon : "Ils sont tout ce qui me permet d'ouvrir les yeux le matin".
Tybalt
16/11/2021 à 13:02
Par la pensée "dominante et obligatoire d'aujourd'hui", vous voulez dire celle de Trump ? Celle de Zemmour ? Celle de Houellebecq ? Je ne cite que quelques-uns des réactionnaires fascisants qui se répandent ad nauseam dans les médias de masse. Zut alors, voilà que Lovecraft était réac et raciste comme eux. Ah, pas si "incorrect" que ça, finalement, pas si rebelle... mais tristement banal dans son conservatisme.
Moralité : on devrait lire... Clark Ashton Smith.
RandolphCarter
16/11/2021 à 14:46
Ouin ouin ouin... y avait longtemps qu'un hurluberlu n'avait pas sorti les gros mots qui font peur... Tout le monde sait bien que la "pensée dominante" c'est celle de zemmour et trump, qu'on martèle dans la presse subventionnée, celle de l'état, dans les écoles et à l'université... ha, mais peut-être n'avez-vous pas beaucoup fréquenté celle-ci, apparemment... Bon, pas besoin de discuter, il n'est pire aveugle que celui qui s'est arraché les yeux et qui avale la propagande de france-inter toute la journée...
Tybalt
16/11/2021 à 22:48
Ah, troll d'extrême-droite repéré ! Des insultes de niveau maternelle (réduire le propos de l'autre à "ouin ouin" ? Sérieusement, c'est tout ce que vous avez comme arguments ?) et des rumeurs anti-Etat bébêtes (l'Etat finance aussi Le Figaro mag', Valeurs actuelles et autres titres d'extrême-droite comme Rivarol, même s'ils ne se privent pas de ouinouiner en prétendant le contraire sur la fachosphère, sauf que les faits sont têtus). Journée ordinaire sur l'espace commentaire...
RandolphCarter
17/11/2021 à 09:27
Ah troll d'extrême gauche (pas besoin de tiret…) repéré !
"Sérieusement, c'est tout ce que vous avez comme arguments ?"
C'est sûr que de hurler à "l'extrême-drouate" dès qu'on ose montrer le moindre esprit critique, ça c'est de l'argument !
"Journée ordinaire sur l'espace commentaire... "
Comme vous dites…
Tybalt
17/11/2021 à 13:29
Vous vous contentez d'un "c'est çui qui dit qui l'est" tout aussi puéril, sans plus d'arguments et en feignant de ne pas voir votre violence verbale (qui caractérise les trolls, d'où ce nom que je vous accolais). Je vous laisse, je crois que vos parents ne sont pas loin de l'écran et que le quart d'heure d'Internet devra bientôt laisser place au cours de politesse.
RandolphCarter
17/11/2021 à 13:51
LOL ! La violence verbale, comme vous dites, c'est de jacasser comme un perroquet et de traiter tout le monde de fasciste ou de support de l'extrême droite ! Alors camembert vieil homme !
RandolphCarter
14/11/2021 à 18:47
J'ai envoyé une autre réponse mais qui s'est perdue dans l'éther… net. On peut trouver un petit ouvrage sur Amazon : "Ils sont tout ce qui me permet d’ouvrir les yeux le matin…" Ci-dessous, un exemple de courte lettre (qui n'est pas dans cet ouvrage) traduit rapidement :
"Providence
27 mars 1927
Cher M. Wandrei,
[…] C'est surement un sacré travail que de trouver quelqu'un intéressé par le fantastique. Je n'ai rencontré personne avant 1917, quand je tombai simultanément sur Cook & Loveman. Puis, par le biais de Loveman, j'ai connu Smith ; & me suis rapproché de Long. Par le biais de Weird Tales, je rencontrai le jeune August W. Derleth du Wiconsin (un étudiant de l'Université du Wis., première année, âgé de 17 ans) & Bernard Dwyer de l'État de New York – ceci est la liste complète de mon cercle gothique jusqu'à ce jour… J'écris exclusivement pour ma propre édification, parce que cela améliore et cristallise mes rêves que de les coucher sur le papier ; & bien que j'apprécie les aimables commentaires du petit nombre qui aime ma production, je ne suis absolument point perturbé ou déçu parce que la majorité se montre indifférente. Selon quelle norme pourrait-on s'attendre à ce qu'il en fût différemment ? C'est la reconnaissance franche et cynique des inévitables limitations des gens en général qui me rend absolument indifférent plutôt qu'activement hostile envers le genre humain. Elle peut aller au diable, pour ce que j'en pense – mais je ne suis même pas suffisamment concerné pour la repousser. Elle n'a pas besoin de moi et je n'ai pas besoin d'elle – sa seule utilité est de construire de singulières cités dont je me délecte un siècle ou deux après…
Très cordialement et sincèrement vôtre,
H. P. Lovecraft"
SamSam
14/11/2021 à 21:22
Merci Randolph...Effectivement, à la lecture de ta traduction, il apparaît que le cliché Lovecraft-cinglé est, du moins pour la majeure partie de son existence, infondé. Il apparaît comme un homme très sociable, attelé à son activité et tentant d'élargir son cercle de lecteurs et de personnes intéressantes pour lui.
"Ils sont tout ce qui me permet d’ouvrir les yeux le matin…", c'est le titre de l'ouvrage sur Amazon ?...
RandolphCarter
15/11/2021 à 10:13
Oui, c'est le titre. Je ne sais pas si on peut mettre des liens vers Amazon...
SamSam
15/11/2021 à 10:55
Pas trop fan d'Amazon...
J'ai trouvé ça sur la Fnac : https://livre.fnac.com/a2656045/Howard-Phillips-Lovecraft-Lettres-de-1929-Juillet-a-Decembre
RandolphCarter
15/11/2021 à 11:36
Amazon ou la Fnac...
https://www.amazon.fr/dp/B09JJCG81S
(je préfère la couverture…)
Tybalt
16/11/2021 à 13:07
Mouais. En substance, Lovecraft affirme qu'il écrit pour une élite éclairée en renvoyant la majorité qui ne le lit ou ne l'apprécie pas à sa supposée bêtise. Ce n'est qu'un topos aristocratique très ancien qu'on peut faire remonter à Sénèque ("Peu de lecteurs me suffisent, un seul me suffit, aucun me suffit", dans ses Lettres à Lucilius) et qui, en France, a été illustré notamment par Stendhal (qui disait écrire pour les "happy few")... et par pas mal d'autres.
Mais n'est-ce pas, au-delà d'un certain point, un moyen commode de se dispenser de la nécessité de se mettre à la portée de son lectorat et de s'intéresser aux gens ?
Quant à Beigbeder et Léna, je ne lis ni l'un ni l'autre, ce qui les mettra d'accord. Trop publicitaires pour moi, ces deux-là. Il y a beaucoup d'autres livres à lire.
RandolphCarter
14/11/2021 à 18:50
J'ai traduit trop vite et mélangé "genre humain" et "humanité" ; lire : "…envers le genre humain. Il peut aller au diable, pour ce que j'en pense – mais je ne suis même pas suffisamment concerné pour le repousser. Il n'a pas besoin de moi et je n'ai pas besoin de lui…
Valdiers
16/11/2021 à 09:11
Malheureusement la communication de Lovecraft a été détruite dans sa majorité. Il avait toutes ses lettres et bcp de ses nouvelles dans une malle et la malle à soit disparue, sois été disparu, je ne me souviens plus.
Après deux choses sur Lovecraft. Sa misère est un mythe. Il n’a jamais eu à travailler (hors écriture) de sa vie. Sa femme et sa modeste fortune l’ont fait vivre. Deuxièmement, il faut profiter des temps actuels pour lire Lovecraft car la censure “cancel culture” arrive a grands pas. Plus en plus de ses nouvelles sont “bannies” et l homme lui-même est décrié a cause de son antisemitisme mais surtout de sa haine des noires.
Tybalt
16/11/2021 à 13:11
Pauvre Léna, voilà son article trusté par le club des lovecraftiens autovictimisants. Non, Lovecraft n'est pas menacé par une quelconque cancel culture, ni aux Etats-Unis, ni certainement en France, où il n'a jamais été autant édité, retraduit, étudié, adapté, pastiché, parodié ou prolongé selon tous les goûts. Sortez de votre bulle, lisez Epicure, travaillez à vous délester de vos peurs inutiles comme il le recommande, et ouvrez les yeux sur les véritables raisons de s'inquiéter, qui tiennent bien plus à la montée des autoritarismes qu'à une quelconque censure des auteurs anciens.
Valdiers
16/11/2021 à 16:10
En voilà un qui a perdu une occasion de se taire. Quand Ellen Datlow et Renée Thomas Sheree condamne ouvertement Lovecraft, sa legacie est en danger. Si tu ne connais pas ces éditrices, sort de ta bulle et découvre le monde.
NAUWELAERS
16/11/2021 à 22:29
Tybalt,
La «cancel culture» s'attaque aussi bien à des auteurs et artistes anciens qu'à des modernes.
Les exemples sont légion et il suffit de s'informer, même via les médias n'appartenant pas à la Bollrésphère.
C'est un fait et inutile de se voiler la face.
CHRISTIAN NAUWELAERS
NAUWELAERS
16/11/2021 à 22:22
Mitsouko quel commentaire sexiste (lol) !
Selon cet auteur, ne pas adhérer à cette culture du vide de Lena Situations (une jeune femme), c'est nécessairement faire preuve de sexisme.
Si un auteur juif est malmené par un critique, il s'agit donc d'antisémitisme.
Etc.
Toujours cette déformation (anti)intellectuelle exaspérante visant à créer un confusionnisme idéologique malhonnête et hors de propos.
«In Cauda Venenum»: l'auteur de cette rubrique précise que Lena Situations vend deux fois plus que Beigbeder (pour un livre respectif de l'un et l'autre du moins).
Cela situe le niveau de l'argumentation au ras des pâquerettes, ou disons du bitume, eu égard à la joliesse de ces petites fleurs humbles et charmantes.
Dans ce cas, le dernier essai de Zemmour qui cartonne doit être considéré comme un chef-d'oeuvre, selon ce type de brillant raisonnement...
La modernité: oui, quand elle offre maintenant le visage et l'ébouriffant talent du vainqueur du prix Goncourt non galvaudé, Mbougar Sarr.
CHRISTIAN NAUWELAERS
A
12/11/2021 à 17:18
Mais qui sont ces pauvres gens qui ont besoin d’influenceurs ? qui se laissent influencer ?
Qui sont ces influenceurs ? Quelle est leur légitimité ? Ils influencent qui ?
Quel est l’interêt des médias de nous relayer ces baragouinages stériles ?
Stop à toutes ces manipulations.
Nous sommes assez grands pour penser par nous mêmes, non ?
Ah bon… pas tout le monde ?
Dominique
13/11/2021 à 06:09
De tout temps, nous avons suivi des prescripteurs.
Rien de nouveau avec ça.
SamSam
14/11/2021 à 21:26
Bof, y a boie et à mange, comme partout... Plutôt qu'influence, il faut les prendre comme infos. On garde ce qui nous intéresse et le reste non. C'est en ça que les réseaux sont intéressants, il me semble. Après, l'adulation, la polémique ad nauseam, ça n'apporte pas grand-chose dans la construction d'un savoir, d'une autonomie de la personne. Même si on peut se laisser aller à des commentaires dans ce sens. Humain, trop humain...
Tybalt
16/11/2021 à 13:17
Je vous rejoins : la polémique ad nauseam n'est pas seulement usante, elle est stérile. A moins de donner lieu à des chefs-d'oeuvre d'argumentation et de style, mais ça met la barre un peu haut pour les deux auteurs concernés.
Personnellement, je trouve que Beigbeder sert plutôt bien la soupe au livre de Lena. Une polémique fait vendre. En avait-elle besoin ?
RandolphCarter
16/11/2021 à 09:43
"Malheureusement la communication de Lovecraft a été détruite dans sa majorité." Rassurez-vous, il reste des milliers de lettres, assez en tout cas pour quatre gros volumes déjà parus (en anglais)
Si, il a quand même dû travailler un peu ; dans les années 1920, il faisait de la "révision" de textes pour d'autres auteurs.
Il ne "haïssait" pas les gens de couleur ; le mot haïr cadre mal avec sa personnalité. Bien qu'athée et non chrétien, il se faisait un devoir de ne pas laisser la haine avoir la moindre emprise sur lui. En revanche, il détestait ce que devenait l'Amérique : un monde multiculturel et multiracial qui prenait peu à peu la place du vieux monde qu'il aimait. C'était un rétrograde, un conservateur, un réactionnaire. Il aimait le monde d'avant et ne voyait dans celui qui venait que les scories détestables : invasion ethnique, métissage, perte des valeurs traditionnelles, laideur de la modernité, abrutissement de la foule par la presse (pas encore covidée et vaccinée à outrance pourtant), imbécillité du système démocratique. Quant à son antisémitisme, il était assez relatif pour avoir épousé une juive et aussi parce qu'il pointait, non pas les juifs dans leur globalité, mais un certain type seulement, un peu caricatural d'ailleurs. En fait, Lovecraft était une sorte de xénophobe attaché frénétiquement aux caractéristiques de sa culture et de sa "race" (et il ne se choquait pas que les autres, les étrangers, ressentissent la même chose à son endroit) et il craignait avant tout la dilution. Ceux dont il se méfiait avant tout, c'était les asiatiques, les Chinois principalement, mais tout le monde en prend pour son grade : extrait d'une lettre de 1927 : "Eh bien, c’est le fait le fait d’avoir vécu à New York pendant deux ans ! Je n’aurais pas pu ressentir cela (même si mes conceptions abstraites étaient les mêmes) en 1923 ou avant, et même maintenant, ce sentiment s’estompera probablement d’ici un an environ – d’autant plus qu’en Nouvelle-Angleterre, nous avons nos propres malédictions locales (bien qu’elles n’encombrent pas autant le paysage !) sous la forme de Portugais simiesques, d’indescriptibles Italiens du Sud et de Canadiens français jacasseurs. En gros, notre malédiction est latine comme la vôtre est sémitico-mongole, celle du Mississippien africaine, celle du Pittsbourgeois slave, celle de l’Arizonien mexicaine et celle du Californien sino-japonaise. Et donc, pour citer une décourageante pièce littéraire hébraïque : Amen !"
Tybalt
16/11/2021 à 13:15
Allons donc, un antivax, maintenant. De la part d'un fan de l'auteur de "Herbert West, réanimateur", qui s'adonnait à une médecine autrement plus risquée, c'est croquignolet.