Bible et Coran : Apple et Amazon se plient aux censures de la Chine
L’emprise de la Chine sur internet et sa tentative de contrôle global de ce qui se trame sur la toile s’illustrent une nouvelle fois. Avec pour victimes collatérales Amazon et Apple, dont les offres en matière de lecture ont été sanctionnées. Conclusion, le Parti a rappelé qu’il était maître sur son territoire, et que toute incursion occidentale serait repoussée. Or, dans les faits…
Le 18/10/2021 à 12:59 par Cécile Mazin
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Publié le :
18/10/2021 à 12:59
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Dans un premier temps, Apple s’est retrouvé sous le feu des projecteurs, accusée de céder aux pressions du gouvernement chinois. En effet, une application populaire permettant de lire le Coran a été supprimée de l’App Store, suite à la demande expresse de l’Administration locale responsable du cyberespace. Une discrimination à l’égard des musulmans a immédiatement été dénoncée — la situation et la répression des Ouïghours apportaient de l’eau au moulin.
Le développeur de l’application, Hasan Shafiq Ahmed, a alerté la presse : Quran Majeed disparaissait de la boutique d’applications, et Apple renvoyait le développeur vers les autorités chinoises. « Nous tentons d’entrer en contact avec elles et les responsables », assurait-il mi-octobre. Mais pour l’heure, c’était silence radio.
Rapidement, le Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR) s’est ému de cette censure. Le directeur national adjoint, Edward Ahmed Mitchell, déplorait qu’Apple cautionne de la sorte « les persécutions religieuses en Chine, y compris le génocide en cours des musulmans ouïghours. Si les entreprises américaines ne réagissent pas et ne tiennent pas tête à la Chine en ce moment, elles risquent de passer le siècle prochain à se soumettre aux caprices d’une superpuissance fasciste. »
Rien que cela… parce que ce n’est pas la première fois qu’Apple se retrouve embarqué dans des affaires de compromissions avec le pouvoir communiste. Dernièrement, des chercheurs spécialisés dans la protection des droits humains avaient pointé qu’Apple interdisait volontairement des recherches aux utilisateurs chinois sur ses appareils – telles que liberté de la presse, place Tiananmen ou encore droits de l’Homme…
Apple dans le viseur
La brèche était ouverte, les observateurs ont commencé à rassembler les éléments : très vite, Amazon est apparu comme un autre conspirateur (ou une autre victime) de la mainmise chinoise. En effet, l’application Audible, par laquelle on peut écouter des ouvrages audio avait été supprimée de l’App Store en septembre, « en raison d’exigences liées aux permissions requises », rétorquait alors la firme.
En outre, la filiale d’Amazon se défendait en soulignant qu’elle n’avait pas de service d’audiolivres pour les consommateurs chinois. De la sorte, supprimer l’accès à l’application fait sens. Voilà comment deux autres applications portant sur la Bible et le Coran ont également été supprimées par Amazon.
Si le régulateur chinois est régulièrement pointé du doigt, pour ses multiples tentatives de surveillance des flux d’informations, les causes véritables de ces deux événements restent difficiles à définir. Concernant Quran Majeed, le développeur déclarait à l’Associated Press que les utilisateurs d’iPhone peuvent toujours l’utiliser. Et à cette heure, il cherche quel processus de validation des autorités chinoises permettra de restaurer l’appli.
Il faut également rappeler qu’Apple dispose de multiples usines de fabrications de ses appareils sur le territoire chinois. À ce titre, les bras de fer entre l’entreprise et les autorités prennent des dimensions plus épiques que l’on ne l’imagine. Surtout quand des coupures de courant interviennent, menaçant la production de puces…
Se conformer aux règles...
« Nous sommes tenus de nous conformer aux lois locales et se posent parfois des problèmes complexes : nous pouvons être en désaccord avec les gouvernements et les autres parties prenantes sur la meilleure des marches à suivre », commente platement Apple. Comment comprendre que la Chine ait alors estimé que Quran Majeed présentait des contenus illégaux sur le territoire ? En outre, avec un million de téléchargements depuis la boutique iOS, l’application serait nettement plus dangereuse en version Android, puisqu’elle compte plus de 5 millions de téléchargements.
Un porte-parole de l’ambassade chinoise à Washington a certifié que son pays « a toujours encouragé et soutenu le développement d’internet. Cependant, cela doit se faire conformément aux lois et aux réglementations chinoises quand cela concerne la Chine. »
La semaine passée, un autre géant du net, Microsoft, a indiqué qu’il fermerait son service Linkedin en Chine, prétextant « un contexte d’exploitation rendu nettement plus contraignant du fait des exigences de mise en conformité plus strictes en Chine ». Or, contrairement à Audible, Linkedin dispose d’un service dédié pour les utilisateurs chinois depuis 2014.
Crédit photo : Annie Spratt/ Unsplash
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9 Commentaires
Aradigme
19/10/2021 à 09:07
Les entreprises qui opèrent dans un pays sont obligées de se soumettre aux lois locales. C'est vrai en Chine comme en France. Si certains estiment qu'obéir aux lois d'un pays pose problème, ils devraient cibler le pays, pas l'entreprise qui y opère et qui n'a pas d'autre choix que d'opérer en conformité avec la loi.
boris
19/10/2021 à 10:10
Oui, bien sûr, Aradigme... l'exemple de IG Farben pourrait toutefois donner à ces entreprises matière à réflexion. Parce qu'on ne parle pas de la PME du coin, mais d'entreprises au chiffre d'affaire équivalent à celui d 'un pays de moyenne importance...
Aradigme
20/10/2021 à 11:45
Bonjour Boris,
Votre comparaison entre Amazon et IG Farben n'a à mon avis guère de sens. Les deux entreprises n'ont pas la même origine, ni les mêmes activités, ni le même historique. Pourriez-vous développer vos arguments?
Salutations
Aradigme
SamSam
19/10/2021 à 11:26
C'est pas en France qu'on verrait ça...
Le monarque en a plein la bouché des droitsdelhomme, des oubliés, et autres storyconneries, mais il continue la FranceàFric. Et surtout, il est incapable d'imposer quelque chose à ces prédateurs criminels que sont les GAFA.... De toute façon, il est même pas fichu de vendre trois sous-marins sans que ss maîtres US lui donnent l'aussweiss...
JPK
19/10/2021 à 12:27
Même les us ne parviennent pas à leur imposer quoi que ce soit qui réduirait sérieusement leur nuisances . Malgré les tapes sur les doigts qui restent du théâtre genre "cause toujours .. " Mais les gouvernements occidentaux ont-ils vraiment envie de les brider (sans jeu de mot) ? Peut-être que non car la masse de données que ces entreprises amassent à vil prix ( d ou leur bénefices faramineux ) peuvent toujours servir ( et servent déjà ) à maintenir l ordre ici aussi ..
PS : Sans etre un soutien du PCC jz m la repression des ouighours un genocide
Pic
20/10/2021 à 08:39
« Même les us ne parviennent pas à leur imposer quoi que ce soit qui réduirait sérieusement leur nuisances . »
C'est tout à fait faux. Les États-Unis ont des lois très bien faites et ont une obsession de chasser tout monopole. Ces lois anti-monopoles leur permettent justement d'agir, comme cela a été fait il y a quelques dizaines d'années pour réduire en bouillie A&T, l'entreprise qui avait le monopole du téléphone sur le sol américain.
Donc c'est très possible. Un gugusse s'était lancé sur le projet : un certain Donald Trump. Les GAFAM se sont évidemment dressés contre lui et sont dans une bonne part dans l'élection de Biden. Biden est donc redevable et a promis de les laisser en paix.
C'est la vision démocrate des États-Unis : tant que tu me soutiens, je ferme les yeux.
SamSam
20/10/2021 à 10:52
Pic a raison, à mon avis. Les multinationales US sont tout à fait gérables, imposables, gouvernables, bref maîtrisables par un gouvernement qui dispose de la force, d'un arsenal législatif sécuritaire inégalé, de 1000 services divers de renseignement, dont la CIA et la NSA ne sont que les "fleurons" les plus médiatisés. Sans oublier les lois d'exceptions, dont le Patriot Act USA, toujours reconduit... Ce rappel pour dire que ce sont encore les Etats qui disposent de la force, et que s'il y a résistance des fous-de-l'argent, tout un ensemenble de dispositifs, au pays de la Liberté, peuvent les briser...
L'obssession de "chasser tout monopole" existait comme le dit Pic, mais aujourd'hui les Etats, les hommes d'Etat se sont mis au service des firmes, par souci de financer les campagnes, par corruption systématique sans doute...
Et donc Trump s'est fait casser par les multinationales qui financent le capitalisme dérégulée, hors-frontière, car il incarnait (posture ss doute) une sorte de nationalisme dont les multinationales ne veulent plus le retour.
Finalement, aujourd'hui, ce n'est plus l'Etat qui pose problème, aux USA et partout dans le monde, mais sa transformation en marionnette de l'entreprise dont la pointe la plus incandescente est le paradis fiscal, où l'argent comme les transactions mélange les origines et le statut, la production et le crime organisé... Un rapport de la DNA, il y a à peu près dix, quinze ans, classait le chiffre d'affaire du crime organisé à 10% du PIB mondial. Imaginer que la tendance prédatrice du capitalisme ne soit pas accordée, entrelacée avec l'argent maffieux, c'est réver.
Peu de temps, aucune détermination, aucun accord inter-étatique pour lutter contre cette dérive du politique phagocyté vers le pire.... Jusques là, ça va, jusques là, ça va...
Aradigme
20/10/2021 à 17:02
Bonjour JPK,
Le gouvernement US pourrait sans problème casser le monopole des GAFA. Il dispose de l'arsenal juridique nécessaire et s'en est déjà servi par le passé (division de la Standard Oil en plusieurs compagnies).
Deux raisons le retiennent à mon sens pour le moment: (1) Les démocrates ont été élus avec le support intensif des GAFA. Twitter a carrément coupé la parole au Président US Trump au moment des dernières élections, ce qui pose à mon sens un problème démocratique. Biden leur doit en partie son élection et a probablement compris qu'il était risqué de les chatouiller (2) Les Chinois ont développé l'équivalent des GAFA. Le gouvernement US craint que s'il divise une grosse société en plusieurs petites, celles-ci se feront écraser par leurs équivalents chinois. Il se retrouverait alors avec un équivalent de Facebook, Google ou Twitter aux mains des Chinois, avec tout ce que cela implique comme perte de souveraineté.
Je crois que la première raison ne tiendra pas sur le long terme. La seconde, par contre, pose une question de longue durée.
Je suppose que le gouvernement US se souvient également du fiasco du démembrement autoritaire de Bell Telephone (ATT) en 1982. Cette initiative du gouvernement fédéral, supposée réduire les coûts pour les consommateurs, résulta en fait en une augmentations importante des tarifs et de nombreux dysfonctionnements du réseau pendant des années.
JPK
19/10/2021 à 12:31
suite et fin ..
Je maintiens au risque de censure que le terme de génocide appliqué a la répression des Ouighours est au moins à discuter .. l expression génocide culturel faisant oxymore .