À Mexico s’organise ce 20 octobre une vente de biens peu banale : plus de 400 vêtements et accessoires, tirés de la garde-robe de Gabriel García Marquez et de son épouse Mercedes Barcha. Un véritablement événement, baptisé El armario de los García Márquez (L’armoire de García Marquez), qui se tiendra dans leur ancienne maison, indique la famille.
Le 16/10/2021 à 10:56 par Nicolas Gary
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16/10/2021 à 10:56
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La demeure, située dans le sud de la capitale mexicaine, deviendra prochainement un centre culturel dont Emilia García Márquez, petite-fille du prix Nobel de littérature colobien assurera la direction. C'est elle qui a opéré le choix des effets personnels que la vente proposera. « Beaucoup de costumes de Gabo [surnom de l’écrivain, NdR] sont faits sur mesure, et portent son nom sur l’étiquette. C’est très amusant de constater qu’il avait des tailleurs et des créateurs favoris », indique-t-elle dans un communiqué.
Le fait est surtout que la famille commençait à se demander quoi faire de ces fripes : disperser cette garde-robe avec une perspective caritative a fini par s’imposer, note la jeune femme auprès de Milenio. Aussi, plus qu’une traditionnelle vente aux enchères, pour faire grimper les prix, l’affaire se changea progressivement en vide-grenier : cette solution avait le mérite d’attirer l’attention sur la maison, les souvenirs et la mémoire des lieux. Plus en lien avec le projet d'établissement culturel à venir.
Au gré de sa visite et de la déambulation, on procédera alors à ses emplettes : ici une paire de mocassins, là un lot de cravates, et ainsi de suite. Un parcours chargé de curiosités. Attention : seul un petit groupe de privilégiés — une centaine de proches de la famille — accédera à cette braderie. Inutile d'espérer s'y rendre sans le coupon d'invitation.
« Nous avons également trouvé des vêtements qui portaient de petits vestiges de sa vie d’écrivain. Une veste contenait un feutre, dans la poche, qu’il utilisait pour signer ses livres. Sur une autre, une tache d’encre. Nous voulions laisser ces souvenirs. » Tout cela, jusqu’à l’éternelle veste en tweed, dont il semble que l’auteur ses toujours vêtu.
Pour sa femme, les choix se sont portés sur d’autres pièces, mais l’une des plus marquantes, exposée pour l’occasion, sans être mise en vente, demeure la robe qu’elle portait pour la cérémonie du prix Nobel, en 1982.
La petite-fille indique que l’on ne trouve pas « de textes ni d’interviews où Gabo et Mercedes parlent de leurs vêtements en tant que tels, bien que tous deux se soient toujours montrés très méticuleux dans leur manière de s’habiller ». De fait, lors de cette fameuse cérémonie de 1982, García Marquez était venu avec un liquiliqui blanc, « costume traditionnel colombien qui a suscité de sérieuses controverses », poursuit Emilia García Elizondo.
Cette pièce a été offerte au Musée national de Colombie en 2003, mais bien d’autres seront exposées dans le centre culturel, et par la suite, vendues aux enchères ce 20 octobre donc.
L’argent récolté ira intégralement à la fondation FISANIM : elle apporte son soutien aux enfants des communautés indigènes du sud du Mexique. L’organisme est dirigé par l’ancienne actrice Ofelia Medina, qui « était également une bonne amie de mes grands-parents. Ce fut très facile de décider vers qui flécher l’argent ».
La générosité notoire du couple méritait d’être prolongée, conclut la petite-fille. « Il nous a semblé important que, même s’ils ne sont plus là, cette générosité continue de profiter aux gents. » L’écrivain est décédé le 17 avril 2014, à l’âge de 87 ans, tandis que son épouse est morte, au même âge, le 15 août 2020.
Quant à la maison de Los Gabos, pour l’heure, son projet reste à définir : pas de date d’ouverture ni de ligne éditoriale spécifique encore. Une seule assurance : créer un espace ouvert à tous publics, dans un cadre chaleureux. « Enfant, je ne savais pas qui était Gabo : c’était juste mon grand-père », se souvient Emilia, émue. Lui drôle, rieur, son épouse, plus stricte dans la mémoire de la petite-fille, mais plein d’affection.
Chemises, manteaux, costumes, sacs à main, chaussures, cravates, robes et même des stylos…
crédit photo : Mileni/Araceli López
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rez
16/10/2021 à 17:01
quelle tristesse une telle idée aurait produit à Gabo. Vraiment...
jujube
17/10/2021 à 05:47
Cette vente - à qui les paiera - des "vêtements, chaussures et accessoires" du couple Gabo par la petite-fille me produit une sensation bizarre, bien qu'il s'agisse d'une "perspective caritative" (heureusement).
Que sont, pour eux, ces objets (intimes) que des tiers "privilégiés proches de la famille" achèteront: souvenirs, fétiches, porte-bonheur, reliques, nouvelles pièces de leur garde-robe ou de décoration?
Porter les vêtements de défunts, ma foi, ça colle bien avec l'assez joyeuse attitude des Mexicains envers la mort, les cimetières et friandises grignotées en famille sur les tombes! Ils ont sans doute raison.
Mais que penser de celui qui revêt, post mortem, "l'éternelle veste en tweed" du prix Nobel? Héritera - t-il le don de l'écrivain? Sera-t-il visité par son fantôme? Celui-ci lui réclamera-t-il ce morceau de lui-même? Ne se mélangeront-ils pas: quatre bras dans la même pelure? Ou le vivant deviendra fou?
On le saura après le 20 octobre!
tatou
17/10/2021 à 08:40
Voilà qui me laisse pour le moins dubitatif... On peut jouer, un pantalon de Calet, une veste de Fargue, les chaussettes de Léautaud ? Les chaussures de Gadenne ? Et le style, ça s'achète aussi, le style ?
SamSam
17/10/2021 à 09:18
Toute cette verroterie achetée par du bourge, ou semi, qui n'a jamais lu une ligne de GM, occupé qu'il/elle est à dévorer les mémoires de Talonettes ou de Flamby.