Ce qui était à craindre pour les femmes d'Afghanistan semble se confirmer. Le nouveau pouvoir taliban a annoncé la réouverture progressive des écoles, d'abord seulement secondaires, mais uniquement pour les garçons. Une décision qui s'accompagne d'une mesure similaire pour les enseignants : seuls les hommes pourront donner des cours. Des dispositions qui rappellent aux mauvais souvenirs du premier gouvernement taliban. L'Unesco tire la sonnette d'alarme.
Le 20/09/2021 à 16:58 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
20/09/2021 à 16:58
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On apprenait il y a peu que les talibans remplaçaient le Ministère des Femmes par celui de la « Prévention du vice ». Un organe hérité du premier gouvernement taliban à la fin des années 90-début des années 2000, tristement célèbre pour fouetter les femmes qui marchaient seules dans la rue.
Entrave à l'éducation
L’Unesco, par l’intermédiaire de sa directrice générale, Audrey Azoulay, a apporté des compléments quant à la situation préoccupante des femmes et des jeunes filles d’Afghanistan à l’occasion de l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations Unies. Cette dernière a exprimé sa vive inquiétude après l'annonce faite en Afghanistan de rouvrir progressivement, et uniquement les écoles secondaires, aux garçons et leurs enseignants masculins, laissant de côté filles et femmes.
« L'avenir de l'Afghanistan dépend de l'éducation des filles et des garçons. Nous appelons donc tous les acteurs concernés en Afghanistan à veiller à ce que tous les enfants aient un accès sans entrave à l'éducation dans le cadre de la réouverture progressive des écoles », a lancé la directrice de l’institution pour la culture et l'éducation rattachée aux Nations-unies.
Avant d'ajouter : « Le droit à l'éducation de tous les apprenants, en particulier des filles, doit être respecté en cette période critique. Il est tout aussi important que l’ensemble des enseignantes soient autorisées à retourner à l'école pour enseigner, offrant ainsi un environnement d'apprentissage sûr et inclusif pour les enfants en Afghanistan ».
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20 années d'avancées menacées
Si le régime installé à Washington s'est rapidement effondré à cause d'une corruption généralisée et de l'échec des doctrines du Nation-building aux accents colonialistes, tout n'est pas à repousser dans la politique américaine et onusienne en Afghanistan.
Selon un rapport de l'Unesco publié le 10 septembre dernier, l'Afghanistan a fait de grands progrès en matière d'éducation au cours des vingt dernières années, en particulier pour les filles et les femmes. Depuis 2001, le taux d'alphabétisation des femmes a pratiquement doublé, passant de 17% à 30%. Depuis 2006, avec le soutien de nombreux partenaires, tels que le Danemark, le Japon, la Norvège, la Suède, ou encore des organisations de la société civile de tout le pays, l'Unesco a mené un grand programme d'alphabétisation de l'histoire afghane.
Ainsi, 1,242 millions d'apprenants, dont 800.000 femmes et filles, en ont profité. Le nombre de filles à l'école primaire était presque nul en 2001, quand il a atteint 2,5 millions de filles en 2018. Pour l'enseignement supérieur, le nombre de femmes est passé d’environ 5 000 en 2001 à 90 000 environ en 2018.
Plus globalement, le taux d'alphabétisation est passé de 34 % en 2002 à 43 % en 2020. À partir de 2002, l'Unesco a soutenu le gouvernement dans la mise en œuvre d'une refonte de l'éducation à l'échelle nationale. Ce processus a permis l’avènement du tout premier Institut national de planification de l'éducation. Le pourcentage d'enseignants est lui passé de 27 % en 2007 à 36 % en 2018. En 2018 toujours, le programme Physique sans frontières de l'Unesco a également permis à quelque 400 étudiants afghans venus de tout le pays de suivre des cours intensifs de physique à l'université de Kaboul. En 2020, l'Afghanistan comptait 1 741 femmes parmi ses professionnels des médias, dont 1139 femmes journalistes.
Il restait néanmoins encore beaucoup de chemin à parcourir pour l'Afghanistan. une étude menée de septembre 2020 à février 2021 avait montré que près d'une femme journaliste sur cinq quitte la profession, en raison des violences et menaces permanentes.
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Mais après 20 ans de progrès réalisés au cours des vingt dernières années, en termes de droits de l'homme, d'éducation et de normes internationales, la menace d'un brusque retour en arrière est plus qu'envisageable.
Pour empêcher les temps difficiles qui semblent se profiler pour beaucoup de filles et de femmes d'Afghanistan, Audrey Azoulay a conclu son intervention en déclarant : « Si cette interdiction devait être maintenue, elle constituerait une violation importante du droit fondamental à l'éducation des filles et des femmes. Nous appelons les responsables de cette annonce à clarifier la situation et à rouvrir les écoles pour tous les élèves afghans, garçons et filles ».
Crédits : R9 Studios FL (CC BY 2.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
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02/10/2021 à 05:59
Plus de 85% de la population afghane accepte la charia qui place les femmes là où les mettent les Talibans. Que je sache, 85%, ça fait un paquet de femmes... et une majorité écrasante de la population.
L'occident a la manie démocratique... uniquement quand ça l'arrange.