Auteur Gallimard, juré Prix Goncourt, auteur d'une étude sur les traducteurs pour le CNL, journaliste, bloggueur et despote éclairé de la République des livres : Pierre Assouline est multi-casquette, solidement implanté dans l'industrie. Dans La revue des médias, il dénigre avec ardeur les réseaux de lecteurs, des « plateformes [qui] sont des sites marchands ». Et finalement, déplore une médiocrité propre à l'époque. Pierre Fremaux, cofondateur de Babelio, apporte les nuances impératives.
Le 15/09/2021 à 07:42 par Nicolas Gary
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15/09/2021 à 07:42
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ActuaLitté : Récemment, Pierre Assouline a mis en opposition la critique journalistique et la prescription opérée à travers les réseaux de lecteurs. Qu’est-ce qu’internet a apporté à l'art délicat de la chronique de livres ?
Pierre Fremaux : La prescription littéraire a subi des mutations profondes avec l’émergence des réseaux sociaux. Les débats sur ce sujet ne sont qu’un avatar particulier de la question historique de l’autorité, qui prend des visages divers : le journaliste contre le blogueur, le duel d'encyclopédies Wikipédia contre Britannica, etc.. Cela se traduit par une transmission plus horizontale et décentralisée de l’information et de la découverte.
Le plus souvent, la dénonciation de ces évolutions est le fait des autorités en déclin. Mais il m’apparaît plus pertinent de comprendre avec finesse ce qui est gagné et ce qui est perdu dans cette transition — plutôt que de discréditer unilatéralement le monde d’après ou celui d’avant en rejetant dos à dos par exemple l’amateurisme de la critique d’internautes ou la corruption de la critique professionnelle.
ENQUÊTE: panorama des communautés de lecteurs en France
Le processus de légitimation de la critique est d’ailleurs bien plus élaboré que ne le laissent entendre ces raccourcis simplificateurs.
Son principal chef d’accusation porte sur la légitimité, assimilant les réseaux sociaux de lecteurs à des plateformes marchandes. Qu’en est-il réellement ?
Pierre Fremaux : Les réseaux comme Babelio dans le domaine du livre, ou Allociné dans le domaine du cinéma, ne sont aucunement des sites marchands : un réseau de lecteurs n’est pas un site de location de chambre d’hôtel et il convient de bien comprendre pourquoi. Si nous disposons de liens d'affiliation, par lesquels les utilisateurs peuvent acheter des livres, cela ne constitue pas le coeur de notre activité : c'est un service, qui participe du modèle économique de la société. Pas une fin en soi.
Or, Babelio séduit 5 millions de lecteurs chaque mois précisément parce que s’y trouvent agrégés des avis divers et authentiques. Si la fiabilité de ces critiques était remise en question, si le doute sur leur véracité s’instillait, tout l’édifice en serait ébranlé. Il est donc de notre ressort de travailler à garantir cette authenticité. Cela passe entre autres par la modération des critiques artificiellement biaisées, par la garantie de l’indépendance des lecteurs vis-à-vis des maisons d’édition, par l’existence d’une grande diversité d’opinions, et par un travail d’agrégation des critiques professionnelles de médias de référence.
Il y a en résumé deux éléments forts qui garantissent la crédibilité des réseaux de lecteurs : 1) l’authenticité et 2) le caractère collectif. L’authenticité, car ces réseaux reconstruisent des effets de réputation et de légitimation : les grands lecteurs sont suivis et reconnus pour leur expertise et la qualité de leurs recommandations. Aucun système n’est parfait, mais en général un lecteur de passage publiant une unique critique artificielle ou biaisée sera facilement identifié comme tel : il n’aurait pas d’influence sur les autres lecteurs. À l’inverse un lecteur sera d’autant plus prescripteur qu’il aura construit dans le temps long sa légitimité, par la qualité de ses critiques.
Et le caractère collectif, car il est possible d’avoir l’avis d’un important agrégat de lecteurs : les derniers romans d’Amélie Nothomb ou de Cécile Coulon par exemple ont déjà été lus par des centaines de lecteurs sur Babelio. Il est possible de recueillir de nombreuses opinions contradictoires pour se forger une idée, ce que valorisent les internautes.
Pierre Assouline - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
D'ailleurs, pourquoi choisir entre les chroniques de la presse et celle de blogueurs ? À ce titre, vous faites aussi remonter les articles de journalistes dans les notices des livres : pourquoi ?
Pierre Fremaux : Bien entendu ! L’un ne devrait pas exclure l’autre. Notre ambition est d’être la source d’informations de référence avant de lire un livre. Le cœur de notre site est constitué par les critiques de lecteurs et c’est notre ossature historique. En parallèle nous avons travaillé à agréger des contenus externes variés dès lors qu’ils ont une valeur d’information pérenne : nous avons donc ajouté des vidéos d’éditeurs et d’institutions, des archives de l’INA ou de France Culture, mais aussi des critiques de la presse professionnelle.
À ce jour 70 sources de critiques sont donc ajoutées quotidiennement, de Marianne à ActuaLitté, en passant par Le Figaro ou Lecture Jeune. Ces dernières viennent enrichir la recommandation de livres sur Babelio de deux façons : d’abord, car elles offrent un éclairage ou angle éditorial spécifique, propre à la presse, ensuite car elles permettent d’avoir l’œil de journalistes qui se focalisent sur un genre littéraire spécifique : le manga, le comics, la littérature jeunesse, la non-fiction, etc.
Quelle différence fondamentale entre les critiques de journalistes et celles de particuliers ?
Pierre Fremaux : La seule différence « ontologique » réside, excusez la lapalissade, en ce que le journaliste exerce la critique à titre professionnel, pour un journal.
Ceci étant dit, même si certains amateurs écrivent avec les exigences des professionnels et inversement, on constate évidemment des différences, plus empiriques que structurelles : les contraintes formelles, sont différentes, les professionnels se mettent davantage en retrait, s’imposent un travail de contextualisation.
L’amateur exprimera ses enthousiasmes et ses désillusions avec une subjectivité plus assumée, il pourra expédier une critique en quelques mots, ou à l’inverse délayer plus longuement son argumentaire.
Toutes les critiques disponibles sur Babelio ne se valent pas, qualitativement, vous en conviendrez. On imaginerait alors le journaliste littéraire plus compétent dans l’unicité de l’avis qu’il donne, suivant l’analyse d’Assouline. Qu’en pensez-vous ?
Pierre Fremaux : Il faut d’abord se poser la question : qui sont les internautes prescripteurs sur les réseaux ? Derrière l’internaute anonyme, il y a essentiellement de grands ou très grands lecteurs. Certains sont des amateurs passionnés, d’autres des professionnels du livre : bibliothécaires, libraires, documentalistes, d’autres enfin ont une connaissance spécifique d’un domaine particulier : professeurs, universitaires, professionnels, etc.
critiques de lecteurs Babelio - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Il faut déconstruire cette figure aplatissante de l’amateur inapte à juger des grandes œuvres. La littérature et le livre en général n’ont pas attendu l’émergence de la critique de presse pour trouver des passeurs qualifiés. Aristote, qui passe pour être l’inventeur de la critique littéraire n’était-il pas lui-même professeur ?
Il semble, cependant, que les journalistes consacrent une grande part de critiques à une portion congrue de la production éditoriale. Qu’en est-il sur les réseaux de lecteurs ?
Pierre Fremaux : Il y a 2,5 millions de critiques sur un site comme Babelio et la communauté en rédige 1000 nouvelles chaque jour. Il y a de très grands lecteurs de Jirô Taniguchi comme des experts de Arthur Schopenhauer, des inconditionnels de Michel Bussi comme des passionnés de James Joyce.
Une des forces de ces nouveaux prescripteurs, c’est précisément qu’ils couvrent un panel de livres extrêmement diversifié. Les sous-genres littéraires spécifiques comme le thriller ou le manga n’ont pas besoin d’atteindre un niveau de respectabilité des institutions pour y être lus et chroniqués — mais aussi très large. Au 31 août, plus de la moitié des 515 livres de la rentrée littéraire étaient déjà chroniqués sur Babelio, c’est un éventail impensable dans un support comme Le Monde des Livres, que connaît bien Pierre Assouline.
Le sociologue Louis Wiart a réalisé un travail d’analyse sur les réseaux de lecteurs qui a depuis fait date (La prescription littéraire en réseaux). Il a notamment comparé la répartition des critiques selon les médias sur un corpus de 1000 romans publiés sur 3 mois. Il en ressortait, il y a quelques années déjà, que les titres de niche peu vendus représentaient une part bien plus importante des critiques sur les réseaux de lecteurs (36 %) que dans la presse (19 %) ou encore que les réseaux de lecteurs étaient plus diversifiés en lectures de genres ou en langue étrangère que la presse traditionnelle. Une conclusion opposée avec les préjugés de la critique établie qui se déclare plus ouverte et curieuse.
Récemment, Le Masque et la plume a “découvert” Virginie Grimaldi. J’imagine qu’elle est loin d’être inconnue de vos utilisateurs : comment mesurer ce décalage entre la presse professionnelle et le chroniqueur amateur ?
Pierre Fremaux : Il y a effectivement plusieurs milliers de critiques de Virginie Grimaldi sur Babelio et le moins qu’on puisse dire est qu’elle suscite l’enthousiasme du public.
C’est un peu l’exercice du Masque et la Plume, que de tirer à boulets rouges sur des romans, d’autant plus fortement que le livre est populaire et vendu. Cela explique probablement le décalage entre l’assentiment populaire et le rejet de la critique. Mais justifie aussi que les lecteurs aient besoin de boire à d’autres sources.
Tableau : Pablo Picasso - Le Meurtre 7 juillet 1934 ; ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
8 Commentaires
NAUWELAERS
16/09/2021 à 00:00
Si un livre suscite mon intérêt et ma curiosité, je tenterai de lire toutes les critiques possibles à son sujet.
Y compris sur ActuaLitté, fatalement !
Et donc il est possible de comparer.
Entre celles d'amateurs passionnés (et donc d'amatrices, c'est évident mais je précise pour ne vexer personne !) et celles de critiques professionnels, de grandes différences d'approche et stylistiques existent souvent.
Qu'importe voire tant mieux !
Je lis tout ce que je trouve au sujet de telle ou telle nouvelle parution si ma petite lumière rouge est bien allumée au lieu de clignoter sans conviction, et puis je me fais mon idée...bien entendu en découvrant le livre lui-même lorsque la motivation est suffisante et que le temps disponible (une denrée trop rare) me le permet.
La coexistence des deux gisements de critiques -professionnelles traditionnelles et celles des réseaux tels Babelio et autres -doit être considérée comme une richesse.
Un élargissement du spectre critique qui permet également de donner une chance à de nombreux livres qui passent à travers le tamis si large et donc si frustrant pour tant de réprouvés, de la critique journalistique établie.
Ce que déplorent tant et tant de petits éditeurs, ravis de compter sur des plateformes nouvelles -plus si nouvelles en fait -pour faire connaître ce qu'ils publient et sur leurs sites propres bien entendu...qui nécessitent le suivi d'un public sursollicité !, tout cela sans compter sur le seul réseau Facebook ni sur les seuls sites purement marchands qui décrivent mais sans aucune dimension critique.
Ni sur la critique professionnelle qui exclut d'office tant de livres, surtout ceux publiés loin des grands éditeurs parisiens: ce n'est pas une règle absolue mais elle compte trop peu d'exceptions...
Et il n'est pas question dans cet entretien intéressant des critiques audiovisuelles de livres, qui deviennent importantes...
Il s'agit surtout de communications filmées d'internautes qui veulent faire partager leurs coups de coeur, pour le peu que j'en connais.
Avec une dimension purement critique fort peu développée.
Et puis les critiques...il faut les lire en sachant d'où elles viennent et en gardant... son esprit critique !
Un livre magnifique de Jean-Michel Delacomptée sur la langue française, porté aux nues par «Le Figaro littéraire» et étrillé en trois lignes sur un réseau de lecteurs avec de ridicules invectives non étayées en guise d'«arguments»...le choix est vite fait.
Même les plus médiocres ont tout à fait le droit de s'exprimer par leurs comptes-rendus, même étiques et squelettiques, voire de mauvaise foi: on n'a pas à interdire quoi que ce soit sur ces supports dont la liberté d'expression (heureusement pratiquée tout autant sur ce site leader ActuaLitté) assure l'immense succès.
Aucune censure ne serait acceptable (sauf illégalité ou vulgarité injurieuse des propos)...mais un travail de sélection lucide échoit fatalement aux visiteurs des réseaux -et même aux lecteurs des critiques professionnelles d'ailleurs, parfois très contradictoires.
Certains comptes-rendus négatifs biaisés et médiocres sur des réseaux assurent un complément paradoxal de publicité à certains ouvrages: il faut simplement décoder.
Alors que l'imprécateur sans arguments se décrédibilise largement par un effet boomerang salutaire.
Mais heureusement, il existe une foule de contre-exemples positifs...
Que je tiens à saluer !
(Au fait...c'est un comic sans «s» final svp !
Petite pinaillerie de perfectionniste, pas du tout une pique contre Babelio évidemment, pas d'équivoque; des coquilles et fautes apparaissent parfois dans les critiques de journaux et magazines: si on en voit par extraordinaire sur ActuaLitté, ce sont de petits pièges disposés volontairement avec machiavélisme pour tester la vigilance du lectorat, ha ha ha !)
CHRISTIAN NAUWELAERS
L'arroseur arrosé
16/09/2021 à 06:40
La juste critique est celle qui permet de pouvoir critiquer le critique...
Bibliothécaireperplexe
16/09/2021 à 08:21
Pour ma part, je trouve les critiques des professionnels orientées car ils sont payés justement pour faire la promotion de livres. Comment les choisissent-ils ? Les éditeurs leurs demandent-ils de mettre en avant tel ou tel titre ?
Ceci dit, on peut avoir la même remarque des blogueurs qui valorisent une lecture même s'ils ne l'ont pas aimée pour continuer d'avoir un partenariat avec une maison d'édition.
Mais dans l'ensemble, il me semble que les internautes ont un avis plus sincère sur leurs lectures et surtout sur plus de lectures que les professionnels qui ne visent qu'une portion infime de l'éditorialité, en privilégiant la littérature blanche.
Ils excluent donc les genres les plus populaires : sfff, romance, policier, mangas... qui pourtant sont plus lus que la littérature blanche.
Même si les critiques des internautes sont parfois partielles et qu'il soit nécessaire d'en lire plusieurs sur un même livre pour avoir une vision globale, je préfère de loin, me fier à leurs avis plutôt qu'à ceux des journalistes dont les livres mis en avant ne m'intéressent pas.
Je dirais donc qu'il s'agit d'une question d'intérêt : si l'on ne trouve pas de critique d'un livre de genres populaires parmi les publications journalistiques, on se rabat sur l'avis de l'internaute.
Si l'avis de l'internaute ne suffit pas, lisons le livre pour se faire son propre avis tout simplement.
Supernova
16/09/2021 à 18:53
Babelio est plein de "lecteurs" décérébrés qui décernent des notes très élevées à de mauvais livres et des demi-étoiles à des chefs-d'oeuvre sous prétexte que ceux-ci sont "trop longs", "difficiles à lire", pleins de mots qu'ils ne connaissent pas et de temps qu'ils ne savent plus conjuguer.
A cela il faut désormais ajouter la critique woke, qui démolit des monuments comme "Au coeur des ténèbres" de Conrad.
Voilà où nous en sommes.
Par ailleurs, je m'étonne qu'on ne cite pas dans cet article le critique (et diviseur) Juan Asensio, qu'on est en droit de détester humainement mais certainement pas intellectuellement.
Gigolin
20/09/2021 à 12:45
Ah l'Assouline..! Il éructait déjà sur l'existence de wikipedia, une quasi obsession. Logiquement, il ne peux donc pas aimer les avis de Babelio. C'est des gens, rendez-vous compte ! Des gueux quoi.
Ce qui prête à rire (jaune quand même ici) c'est que cette prétention aux Lumières Divines provient d'un romancier insipide, biographe scolaire et journaliste lambda, aussitôt lu aussitôt oublié.
A titre personnel, gros lecteur, je ne lis aucune critique professionnelle (à l'exception de quelques très rares plumes exceptionnelles, mais dont l'avis final ne guidera pas pour autant mon choix) et n'ai encore moins jamais été voir un avis chez Babelio. Il en va de même pour la musique ou le cinéma. Je me débrouille tout seul comme un grand, et cède parfois, avec plaisir, à l'avis d'amis.
Idil Anik
22/09/2021 à 15:07
Je suis une grande lectrice lisant depuis 50 ans de la littérature de par le monde, et non seulement en français mais dans quatre autres langues, et ayant lu tout de certains auteurs comme Elias Canetti, la majorité de Dostoievski, Samuel Beckett, tout de, Per Petterson, Claudie Gallay, Olivier Adam, Eshkol Nevo.... tout ça non pour me vanter mais donner une idée que j’ai un bagage littéraire diversifié et chargé. Des années j’ai acheté Lire et autres revues littéraires pour décider du choix de mes lectures. Mais depuis que j’ai découvert Babelio où je suis inscrit depuis février 2014 je me réfère uniquement aux avis babeliotes, ( mais je déniche aussi des livres sur Le Monde des livres). Les avis professionnels je me fis très peu, et j’ai déjà découvert sur Télérama une critique qui avait survolé le livre et malheureusement en avait écrit un billet au contenu erroné et quand je l’ai signalé elle s’est énervé et m’a insultée sans donner aucune explication sur le contenu erroné de son billet. Sur Le Monde des Livres, l’écrivaine Camille Laurens ( pour qui je n’ai aucune sympathie littéraire ) écrit
des critiques intellos auxquelles on n'y pige rien. Voulant faire la professionnelle, elle écrit des billets insipides qui ne donnent aucune envie de lire le livre....donc vive Babelio et vive les babeliotes !
NAUWELAERS
22/09/2021 à 23:18
Bonjour Idil Anik,
Eh non...
Moi je défends la critique professionnelle qui m'apporte beaucoup, dans divers journaux !
Comme elle est attaquée de toute part et que Babelio est loin de toujours atteindre une qualité pro, je défends les critiques de profession...mais en gardant un esprit critique.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Mi-Thomas Mann
27/09/2021 à 11:29
Personnellement, je doute qu'on puisse lire autant, depuis si longtemps, et écrire aussi mal. Votre commentaire fait l'effet d'une imposture.