Une forme de retour aux sources de l’épopée, qui fit ses premières armes sur les tablettes d’argile de la Babylonie. Depuis l’akkadien qui raconta les aventures de Gilgamesh voilà près de 4200 ans aux récits sans paroles de l’artiste gallois Phlegm, la roche et la pierre sont le dénominateur commun. Mais le cunéiforme a laissé la place aux dessins, créant des saynètes tout à la fois sombres et grinçantes. Une bien étrange bande dessinée...
Le 04/09/2021 à 11:01 par Nicolas Gary
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04/09/2021 à 11:01
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On remonterait sans trop peiner les archéologues aux dessins rupestres, pour ancrer le travail de Phlegm dans l’histoire de l’art : ses personnages, au physique longiligne, tous pareillement vêtus, semblent livrer une bataille à travers les murs de toutes les villes d’Europe. Ces récits monochromes mettent en scène un artisanat inusuel et pourtant facile à identifier, au croisement du moderne et de l’imaginaire médiéval.
Aujourd’hui peintre muraliste, Phlegm avait débuté sa carrière en autopubliant ses premières bandes dessinées. Son nom d’artiste même provient de la médecine antique : le flegme, littéralement, constituait l’une des quatre humeurs — avec le sang, la bile jaune et la bile noire — décrites par Hippocrate. Leur équilibre donne à l’homme une existence de bonne santé, et toute perturbation entraînait un désordre du corps. La prédominance flegmatique, elle, désignait une personne au sang-froid exceptionnel — proche de l’indifférence…
Désormais, loin des pages de comics imprimés, Phlegm déploie un récit qui s’étend à travers un territoire mondial : on retrouve en effet ses créations en Norvège, au Canada, en Suisse, en Belgique, mais également Italie, Pologne, Espagne, Sri Lanka, Australie ou États-Unis et Slovaquie. Avec un fil conducteur, graphique plus que narratif, peuplé de créatures parfois loufoques, mais dont le trait ne laisse pas de place au doute : un ensemble se dessine, en filigrane.
PHOTO: En trois coups de ciseaux, il rend le quotidien plus poétique
Inspirées de légendes et de récits folkloriques, ces aventures oscillent entre le comique et le tragique, suivant les espaces occupés et les situations choisies. Parfois, des constructions robotiques surgissent – il a même pris part à une exposition où ses oeuvres ont basculé en 3D, Mausoleum of the giants.
On lui doit également des tours de force comme, en août 2016, la réalisation de ce qui fut la plus haute fresque murale au monde – 8 étages, au 1 st Clair West à Toronto. Et l’on peut évidemment découvrir ses œuvres sur Instagram. Toute ressemblance ou filiation avec Jérôme Bosch pourrait ne pas être fortuite…
Conspirations, intrigues, guerre secrète, cette histoire aux rebondissements constants s’écrit avec un sentiment, pour l’observateur, d’être totalement dépassé.
La réalisation de 2016 à Toronto
On peut également retrouver des livres de photo reprenant ses plus grandes oeuvres à cette adresse. Dernièrement, Phlegm s’est associé avec d’autres street-artists pour réaliser une peinture murale dans le quartier londonien de Hackney Wick. Et lui-même vient d’achever une nouvelle réalisation en Suède…
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
1 Commentaire
jujube
05/09/2021 à 05:05
C'est étonnant et magnifique, quel talent!
Mais ces oeuvres seront-elles éphémères, la peinture utilisée résistera-t-elle aux intempéries?
Ce serait trop dommage qu'elles s'effacent et périssent.