Alors que de nombreux créateurs s’emparent de la fabuleuse technologie de l’imprimante 3D, d’autres choisissent des matériaux de création plus traditionnels. Michael Velliquette lui s’est saisi de ciseaux, de couteaux d’art et de colle pour réaliser des sculptures de papier des plus complexes. Et exprimer une véritable passion pour cette matière.
Le 14/08/2021 à 10:23 par Marion Clousier
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Publié le :
14/08/2021 à 10:23
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Originaire de Bradenton (Floride), Michael Velliquette estime que son attrait à la création artistique a commencé dès l’enfance. Il explique avoir eu très jeune « un monde intérieur riche que je remplissais d'innombrables accessoires et costumes faits à partir de tout ce que je pouvais trouver : ficelle, carton, colle, papier, papier d'aluminium… » Un florilège de matériaux, donc, mais c’est sur le papier qu’il porte aujourd’hui sa vocation.
Après l’obtention de son Master en Fine Arts, à l’Université du Wisconsin-Madison, l’artiste américain a poursuivi la création de sculptures à partir de techniques mixtes, qu’il présente comme son « domaine de prédilection ». C’est seulement après plusieurs années d’explorations créatives que Velliquette s’est totalement adonné à la réalisation de sculptures au format papier : « J'ai toujours utilisé du papier dans mon travail, mais c'est devenu mon matériau principal il y a une quinzaine d'années. »
A ses yeux, « [l]e papier se présente sous des formes infinies. Il peut être utilisé dans plusieurs dimensions. Il est facile à manipuler et à utiliser, et il est disponible partout. C'est intrinsèquement éphémère, mais dans les bonnes conditions, cela peut durer des siècles. »
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Bien qu’il s’inspire de nombreuses traditions de fabrication du papier et de multiples recherches visuelles sur les arts autour de ce matériau, il s’estime autodidacte.
Il qualifie son art d’« esthétique de l’abondance ». Il s’explique : « J'ai toujours été intéressé par l'ornementation et faire plus de choses visuellement qu'il n'est vraiment nécessaire. J'ai aussi toujours aimé la multiplicité des motifs et des formes. J'essaie de créer ce que je décris comme une « esthétique de l'abondance » avec les choses que je fabrique – j'aime l'expérience d'avoir beaucoup à regarder, cela rend mes yeux heureux et pleins. » Une manière des plus poétiques de concevoir l’Art.
Il indique que son travail est « de nature non picturale, non objective et non figurative. La perspective de ces pièces est volontairement laissée ambiguë : elles peuvent être lues accrochées au mur comme des bas-reliefs ou montées horizontalement comme des études d'architecture. Il y a de nouveaux problèmes autour de l'ingénierie et de la construction auxquels j'ai dû faire face au fur et à mesure que mon travail a évolué dans cette direction. L'objectif général de cette enquête est d'utiliser une structure tridimensionnelle et des détails complexes pour repousser littéralement les limites de l'art du papier dans une nouvelle dimension. » (source Colossal)
Concernant ses outils de travail, ces indispensables se résument assez brièvement à « des ciseaux, des couteaux d’art et de la colle ». À ces derniers s’ajoutent parfois « une variété d’outils pour la fabrication de livres, la céramique et le quilling [utilisé] pour façonner et modéliser les formulaires en papier [qu’il construit]. »
Son processus de création est assez complexe et surtout très long. Il faut compter entre 300 et 500 heures de travail, et il déplore de « pouvoir fabriquer seulement 3 à 4 pièces par an ».
Concernant son procédé, le choix du papier est évidemment essentiel. Il préfère « les papiers classés comme “papier couverture” dans la gamme 250-350 g/m² [le papier des cartes de visite] ». Il affirme travailler avec plusieurs producteurs de papier, de différentes variétés — colorées, métallisées… Il souligne l’importance de la couleur dans sa création : « Mes œuvres sont monochromes et ont des effets de couleur, je dois donc réfléchir à la couleur que je veux regarder pendant les heures interminables de construction de l'une de mes pièces ! »
Ensuite, vient le travail plus minutieux qui consiste à « découper des formes et à les coller ensemble ». Pour ce faire, il « commence généralement à faire une série de cercles concentrés en couches, [d’abord] très petits, juste quelque chose qu’[il peut] tenir dans [sa] main. » Puis, il crée « une forme tridimensionnelle plus complexe, qui devient le cœur de l'œuvre [la partie placée au milieu] ». De cette dernière lui vient l’inspiration nécessaire à créer davantage de composants en papier qui répondent à cette partie centrale par la forme et le style.
Finalement, « à un certain moment, [il décide] également de l'échelle du travail fini et [il crée] donc la base et [avant de commencer] à disposer et à coller les composants dessus. » La création s’achève une fois que cette base est recouverte.
La colle et les différents adhésifs maintiennent ensuite les différentes couches ensemble. Alors se déploient des éléments tridimensionnels, qui peuvent s’apparenter à des engrenages par exemple. La précision du décor de chacunes des pièces suggère un travail des plus délicats. Il affirme d'ailleurs « [aspirer] à l’équilibre et à la symétrie dans la conception globale ».
Souvent répétitif, son travail est avant tout improvisé et symétrique : « Ma pratique artistique implique beaucoup d'improvisation qui me permet d'explorer et d'expérimenter tout le temps, et je découvre donc constamment de nouvelles techniques et méthodes de travail. »
Aujourd’hui Michael Velliquette appartient à structure professionnelle appelée Paper Artist Collective (PAC), qu’il définit comme une « organisation mondiale d’artistes une organisation mondiale d'artistes et de designers du papier travaillant dans un large éventail de formes d'art du papier - découpage, pliage, quilling, illustration, etc ».
Depuis juin, il est l'invité du Houston Center for Contemporary Craft, qu’il devrait quitter à la fin du mois. Il valorise ce programme de résidence « conçu pour offrir du temps et de l'espace aux artistes artisanaux pour se concentrer sur leur travail créatif et interagir avec le public ». C’est aussi l’occasion pour les visiteurs de découvrir les ateliers de nombreux artistes, qui reçoivent eux l’opportunité « d'établir des liens avec la communauté de Houston et d'aider à éduquer le public sur l'artisanat ».
Cette éducation artistique lui tient à coeur puisqu’il a lui-même enseigné différents cours et ateliers consacrés aux arts du papier dans des musées ou dans des écoles d’artisanat, à travers tout le pays.
Plusieurs de ses oeuvres sont aujourd’hui présentes au Brick Store Museum de Kennbunk (Maine). Pour découvrir davantage son travail, sa page Instagram est très active.
Source : Colossal, Interview Olfa
Crédit : Michael Velliquet, Instragram.
Par Marion Clousier
Contact : contact@actualitte.com
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marie
15/08/2021 à 06:57
Le Maître du genre restant Calvin Nicholls