L’auteure britannique Jeanette Winterson n’a décidément pas apprécié la nouvelle mouture de ses ouvrages proposée par la maison Penguin Books. Sur les réseaux sociaux, l’écrivaine a affirmé détester les « petits textes de présentation étriqués et conformistes » qui accompagnent désormais ses œuvres. Ne faisant pas les choses à moitié, Winterson a illustré son coup de gueule en brûlant une partie des livres incriminés.
Le 07/06/2021 à 17:53 par Gariépy Raphaël
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07/06/2021 à 17:53
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Rien à faire, peu importe la raison, les autodafés se traînent une mauvaise réputation. Sous le post Twitter de Jeanette Winterson, les lecteurs et lectrices font majoritairement part de leur incompréhension. Il faut dire que la colère de l’écrivaine est illustrée d’une photo particulièrement parlante. On y voit plusieurs de ses ouvrages en train d’être réduits à néant, les couvertures plastifiées et colorées se consumant sur un tas de cendres.
Dans son court texte d’explication, l’actrice critique vivement la nouvelle réédition : « J’exécrais complètement les petits textes de présentation étriqués et conformistes sur mes nouvelles couvertures. Elles transforment mes œuvres en “wimmins fiction” de la pire espèce ! Rien du ludique de l’étrange ou des trucs novateurs ne transparaît. Alors j’y ai mis le feu. »
Le geste, choquant pour certains, serait celui d’une écrivaine engagée, qui voit son œuvre dénaturée par la machine éditoriale. Jeanette Winterson est surtout connue pour son roman Les oranges ne sont pas les seuls fruits publié par les éditions Des femmes en 1991, dans une traduction d’Hélène Cohen. L’ouvrage en partie biographique revenait notamment sur son cadre familial religieux et sur ses premières relations homosexuelles.
Comme le souligne le Guardian, les livres brûlés étaient : La Passion de Napoléon (traduction Isabelle D. Philippe, ed. Robert Lafont), Écrit sur le corps (ed. Plon), et Powerbook (traduction Suzanne V. Mayoux ed. L’Olivier).
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« Chacun de ces livres était novateur pour l’époque à la fois dans la forme et dans le contenu », a déclaré Winterson au journal. « La Passion de Napoléon était à la fois une façon de réimaginer le roman historique et elle avait un narrateur travesti. Écrit sur le corps avait un narrateur non binaire. Powerbook était une première expérience de réalité virtuelle et mixte, qui pliait le temps comme le genre. Les textes de présentation ne laissaient rien transparaître de tout cela et transformaient les livres en poncifs.»
Si l’écrivaine ne peut plus voir ces livres en peinture, elle tient à souligner que le feu n’a pas consumé plus qu’une dizaine d’ouvrages, et que la plupart des exemplaires qu’elle possède a été donnée à des associations caritatives. Le bûcher improvisé aurait surtout fait office d’exutoire : « j’avais besoin d’une brûlure symbolique pour me remonter le moral. » conclut Winterson.
1 Commentaire
Robert Beauchamp
13/06/2021 à 19:30
Auteure, écrivaine, bien. Mais actrice au lieu d'autrice? «Dans son court texte d’explication, l’actrice critique vivement la nouvelle réédition.» C'est pourtant un joli terme, autrice ;-)