Un éditeur italien publie officiellement le Vanessavirus de Matzneff
Vanessavirus n’a pas trouvé d’éditeur en France. Pourtant, Gabriel Matzneff parvint à en faire imprimer 200 exemplaires en tout, à ses propres frais, en janvier 2021. Une forme de souscription et d'autopublication était mise en oeuvre, dont l'enquête de ActuaLitté avait dévoilé les ficelles. Et malgré cette situation inédite, le livre sort aujourd’hui le 26 mai en première mondiale en Italie, traduit et publié par la maison d’édition Liberilibri de Macerata.
Le 26/05/2021 à 17:02 par Federica Malinverno
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Publié le :
26/05/2021 à 17:02
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Vanessavirus, un livre de cent pages composé de courts chapitres, n’est pas une simple réponse au livre de Vanessa Springora (Le Consentement, Grasset, 2019, que Matzneff affirme ne pas avoir lu). D’après Il Giornale, le livre représente, selon l’auteur, d’une part « un dernier acte d’amour envers la petite fille du passé et en même temps le souvenir d’une histoire de sentiments […] De l’autre, son propre récit des faits et le compte-rendu de la chasse à l’homme […] déclenchée contre lui par les salons culturels, les réseaux sociaux, les directeurs de journaux, les éditeurs ».
Le livre est traduit en italien par le journaliste et homme politique Giuliano Ferrara, un ami de longue date de Matzneff, qui a d’ailleurs signalé le texte aux éditeurs italiens.
Pourquoi l’Italie ? L’auteur était en Italie au moment de la publication du livre de Vanessa Springora et a rédigé son dernier ouvrage en Italie, à Bordighera. Il est également très amoureux de l’Italie et parle parfaitement l’italien.
La réception du livre en Italie
Mais l’Italie nous offre aussi un autre point de vue sur l’affaire Matzneff. En effet, comment est perçue cette affaire au-delà des Alpes ? Le journaliste italien Giampiero Mughini, l’un de ses amis qui a pu acheter et lire l’original français, se réjouit de la publication du livre en Italie.
« Et heureusement qu’il existe en Italie une maison d’édition aussi moderne que libertaire, Liberilibri de Macerata, qui s’honore d’avoir imprimé l’édition italienne de Vanessavirus de Gabriel Matzneff, une longue histoire proposée dans la traduction de Giuliano Ferrara. Un exploit que j’envie à Giuliano, c’est-à-dire de s’être mesuré à la prose […], de l’un des plus grands écrivains de la littérature française contemporaine », assure-t-il.
Son traducteur affirme que l’auteur a été « humainement, culturellement, spirituellement, moralement, matériellement détruit par un scandale inattendu, il y a un an et quelques mois il est devenu un intouchable, à l’exception d’un très petit nombre d’amis tous l’ont abandonné, renié […] avec le soutien unanime d’un système médiatique qui n’avait jamais opposé la moindre objection à toute son œuvre littéraire, sous l’échafaud dressé pour exécuter sur la place le “pédocriminel” ». (voir Il Foglio) Voici comment l’ouvrage est présenté en Italie.
“Le droit de réponse à la base de la vie civile”
« Désigné par Vanessa comme son bourreau, Matzneff se trouve à son tour victime du néo-moralisme d’une cancel culture aux effets liberticides — écrit dans une préface au livre l’éditeur Aldo Canovari — et il est ainsi devenu un auteur interdit à mettre à l’index. »
Le point de vue de ses éditeurs est donc celui d’avoir défendu la liberté d’expression, le droit de réponse d’un des plus grands écrivains de la France contemporaine, qui apparaît à la presse italienne comme « condamné au silence » dans son pays – toujours selon le Huffington Post.
Nous avons pu interpeller directement le directeur éditorial de Liberilibri, maison fondée en 1986 par Aldo Canovari et Carlo Cingolani. Il s’appelle Michele Silenzi et il nous a expliqué son choix de publication : « Nous avons publié ce livre parce que nous avons estimé qu’il était juste de donner un droit de réponse à un homme qui a vu sa vie détruite et à un artiste qui a vu son œuvre détruite. Et le droit de réponse est la base de la vie civile. »
Et d'ajouter : « En outre, et c’est le plus important, un éditeur doit donner au public la possibilité de confronter les multiples faits afin que chaque lecteur puisse se forger sa propre opinion. Il est évident que tout cela n’aurait pas été possible si nous n’avions pas considéré ce texte comme ayant une grande valeur littéraire. »
Les raisons qui ont poussé les éditeurs à publier le texte sont donc multiples. Nous verrons si d’autres éditeurs dans d’autres pays adopteront la même position. Toutefois, le texte n’a pour l’instant pas cessé de susciter des polémiques ainsi qu’un débat sur le droit de réponse et la liberté de publication.
Procès, à suivre
En France, le procès intenté contre Gabriel Matzneff par l’association L’Ange bleu, qui défend les victimes de pédocriminels, mais œuvre également dans la prévention, a été annulé par le tribunal. Ce dernier, sautant sur une erreur de procédure que l’avocat de Matzneff, Emmanuel Pierrat, avait avancée, a décidé que l’accusé échapperait au procès.
Pour autant, l’association et son avocat ont clairement indiqué à ActuaLitté que cette manière de faire ne passerait pas : « L’empressement du tribunal à évacuer cette affaire m’oblige à porter plainte : nous allons saisir le Conseil supérieur de la magistrature, contre la 17e Chambre. Et bien entendu, nous ferons appel de cette décision inique : la justice s’est prononcée contre les victimes, c’est de l’amateurisme. »
Me Mehana Mouhou, avocat de l'association, soulignait : « Il y a des enfants, devenus adultes, qui souffrent toute leur vie : la relaxe de Gabriel Matzneff ajoute un traumatisme supplémentaire autant qu’elle cautionne implicitement son comportement. S’il le faut, nous porterons l’affaire devant la Cour européenne des Droits de l’Homme : personne ne peut laisser ainsi une telle fiction juridique sans réagir. »
En France, Vanessavirus n'a toujours pas convaincu d'éditeur. De l'autre côté des Alpes, peut-être a-t-on plus le goût de la provocation...
Par Federica Malinverno
Contact : federicamalinverno01@gmail.com
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15 Commentaires
Lyo
26/05/2021 à 18:15
La preuve que la carrière de Matzneff n'a jamais été détruite en dépit des divers actes pedocriminels qu'il a commis et avoué dans ses autobiographies.
Je ne suis pas pour le censurer, c'est publié, c'est fait. Je n'ai pas l'impression qu'il nie quoique ce soit donc c'est un peu bizarre ce droit de réponse.
koinsky
26/05/2021 à 22:39
A Quoi reconnaît-on un porc ? à ce qu'il n'éprouve aucune honte, aucun remord à se rouler dans sa propre fange...
Doinel
28/05/2021 à 08:19
A quoi reconnaît-on un mouton et une chèvre ? À ce qu'il suit le troupeau et bêle à tout propos...
JPK
27/05/2021 à 01:32
C est plutôt une bonne chose pour l association l "Ange" bleu ( sic ) que le procès n ait pas lieu car G. Matzneff l ' aurait probablement gagné ce que le tribunal a probablement anticipé ... Nulle apologie de la pédophilie dans l exercice légitime de son droit de réponse à V. Springora publié par un hebdomadaire, pour la bonne raison qu elle n' était plus une enfant, comme les petits prostitués philippins de 10 ans que G. Matzneff raconte dans ses carnets avoir "utilisés " . Il y a deux Matzneff qu il est important de distinguer :; le pédophile amateur de petits garçons et qui serait lourdement condamné si l on retrouvait une de ses anciennes victimes non prescrite , et celui des " moins de 16 ans " , des jeunes filles donc largement pubères et juridiquement capables d un consentement .. Après c est une question de morale , mais plus de droit même si la digue entre les deux tend à se fissurer sous les coups de boutoir d activistes dont la voix est dangereusement - pour l etat de droit et le vivre ensemble -amplifiée par les réseaux sociaux . .. A l époque devant un tribunal , telle qu elle raconte l histoire , son consentement - elle ne parle jamais de viol - aurait été reconnu et G . Matzneff condamné au maximum à 6 mois avec sursis pour "atteinte sexuelle " .
Virgile
27/05/2021 à 03:23
Monsieur matzneff est le plus grand écrivain et styliste français vivant.
Relisez "nous n irons plus au Luxembourg" vous comprendrez.
Quand à notre société du spectacle et moralisante actuelle, je vous la laisse. Dire qu on ne trouve plus aucun livre de monsieur matzneff même chez Gilbert jeune, qu'elle honte !
koinsky
27/05/2021 à 08:30
Possible ou pas que Matzneff soit un grand écrivain (Je n'en sais rien, je n'ai rien lu de lui, il me fout trop la nausée.), mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que c'est un porc de la pire espèce.
Pourquoi ? Parce que le monstre qu'il abrite, au lieu de l'empêcher d'éclore et de produire du chaos, comme le préconise Camus (Un homme, ça s'empêche.), il lui a permis de grandir en se vautrant dans la chair fraîche et en outrageant les vierges îles tout au long de sa trajectoire de "chien de la casse". Je suis résolument contre la peine de mort, mais la mort, elle, lui ira comme un gant...
HENRY
18/05/2022 à 17:25
Expliquez moi comment peut on porter un jugement sur un ou des livres que l'on a pas lus ?. En ce sens , déjà, les juges saisis ont dû lire l'essentiel de l'oeuvre littéraire de Gabriel MATZNEFF. pensez vous postuler à l'Ecole Nationale de la Magistrature ?
Pic
27/05/2021 à 08:35
On trouve difficilement les écrits de Tonton Adolf aussi.
Comme quoi, le monde est vraiment méchant !
Pic
28/05/2021 à 09:25
Quand bien même ce serait vrai, ça ne l'absout pas de ses crimes. Sa place est au fond d'une prison, pas dans un hôtel de luxe en Italie (curieux d'ailleurs, pour un gars qui n'a pas un rond et plus un seul ami. Qui paye ?)
François
27/05/2021 à 10:42
Mille fois plus de "ramdam" dans le cas de Matzneff que ,par exemple, pour Gide, Frédéric Mitterand etc...Comme quoi le "Landerneau" littéraire crevait de jalousie devant la réussite en littérature de Matzneff, "boursier" institutionnel ? Possible...
koinsky
27/05/2021 à 18:10
Sûr que ça sent pas très bon du côté de Jack Lang et de Frédéric Mitterand, mais étonnament aucun #MeeToo du côté de la Thaïlande et du Royaume du Maroc...
Ada James
27/05/2021 à 18:26
La liberté d’expression n’a rien à voir avec l’horreur de la pédophilie et de ses irréparables dégâts.
La «liberté d’expression » est un argument trop facile.
Ne pas l’éditer c’est la meilleure «accusation» que ce scélérat pourrait recevoir. L’ignorer.
M. Mazneff est amoureux de l’Italie? Qui ne l’est pas?
Et pourquoi-même, ActuaLitté, citer ce personnage d’une pédanterie aussi grande qu’est petit, tout petit, son « talent » littéraire?
N’y a-t-il donc pas de vrais auteurs, de merveilleux livres dont on peut parler dans vos pages?
J’attends mieux de votre part.
JPK
27/05/2021 à 19:54
Je crois que Matzneff , c était plutôt les Philippines que la Thaïlande . Sinon sans vouloir défendre ceux qui profitent d une pauvreté largement entretenue par la mal-gouvernance de dictateurs - la démocratie thaïlandaise étant aussi encadrée par l armée que la birmane - pour s offrir à vil prix de la chair fraiche, mais pubère et à priori majeure, il ne faut pas les confondre avec les touristes pédo-sexuels , qui vont s' acheter des enfants et à qui je crois , l on fait la vie de moins en moins facile et les plaisirs plus risqués .
Niey
28/05/2021 à 08:47
Matzneff a admis avoir violé des petits garçons de 8 ans dans un de ces livres. Et de toute façon, les adultes qui ont des relations avec des adolescents et des pre-adolescents franchissent souvent la ligne rouge de la pedocriminalité.
jpk
19/05/2022 à 01:26
C' est une affaire qui n a que trop duré , comme d autres du même genre qui concernent des affaires largement prescrites, faute de plaintes dans les délais ! Ou bien, après tout ce temps d enquête, la justice a quelque chose à reprocher à G. Matzneff et elle le renvoie devant un tribunal pour qu il soit jugé en public ailleurs que sur Internet ou les plaignantes gagnent à tout les coups , ou bien elle a le courage de lui délivrer un non-lieu .. Mais j ai comme l impression qu elle attend sa mort pour ne pas avoir à le faire .. La justice à la remorque de l Internet ?