En 2014, le spécialiste de Bram Stoker, Hans Corneel de Roos, se penchait sur la traduction islandaise de Dracula. Publié en 1900 et intitulée Makt myrkranna (Le pouvoir des ténèbres) cette version du chef-d’œuvre gothique contenait bien plus de mots que l’original ainsi que des scènes absentes du roman officiel.
Rédigé par le romancier irlandais Bram Stoker et paru pour la première fois en 1897, Dracula est aujourd’hui disponible dans quelque 29 langues, et régulièrement adapté à l’écran. Ce succès pour les aventures du sanguinaire seigneur transylvanien ne date pas d’hier et des versions étrangères de l’œuvre fleurissent depuis plus d’un siècle.
Ainsi, en 1900 était publié Makt myrkranna, ouvrage se présentant comme la version islandaise de Dracula, préfacé par Bram Stoker lui-même. La traduction était signée par le journaliste Valdimar Ásmundsson qui avait auparavant sérialisé le livre au sein de son journal le Fjallkonan.
Près de 100 ans plus tard, en souhaitant se pencher sur la soi-disant préface de Bram Stoker, Hans Corneel de Roos a eu la surprise de découvrir une traduction particulièrement libre du classique de l’horreur. Ainsi, l’arrivée en Transylvanie du héros y est bien plus longuement décrite. Le malheureux clerc du roman, Jonathan Harker, va notamment longuement s’attarder sur l’architecture du château, abondant en détail sur les quatre ailes que comporte l’édifice.
Devant cette traduction non conventionnelle du roman de Stoker, Roos s’est alors retroussé les manches et a décidé d’apprendre l’islandais pour mieux décortiquer le texte lui-même. Au cours de ses recherches, il lui apparaît rapidement que l’histoire du texte était assez complexe.
Le site web de debunkage Snopes rappelle ainsi que le texte islandais n’était pas directement basé sur l’ouvrage original de Dracula, mais semble plutôt relever d'une traduction d’un texte suédois antérieur. Cette version suédoise étant elle-même une très libre adaptation du roman anglais original.
INSOLITE : une étrange hypothèse sur la mort des sœurs Brontë
La simili fan-fiction a donc été dans un premier temps publiée par le journal suédois Dagen en roman-feuilleton en 1899. Puis Ásmundsson s’est lui-même attelé à une traduction peu rigoureuse du suédois à l’islandais. C’est donc plus à une série d’erreurs qu’à un effort d'imagination que l’on doit l’étrange version qu’est Makt myrkranna.
Pour les curieux qui souhaiteraient accéder au texte islandais, une traduction anglaise réalisée par Hans Corneel de Roos est disponible depuis 2017. La version suédoise devrait quant à elle être traduite en langue anglaise aux alentours de 2022 par Rickard Berghorn pour CentipedePress.
Crédit photo : Christopher Lee dans Le Cauchemar de Dracula (1958) domaine public
Commenter cet article