« Par mes expériences et mes goûts je suis centre-européen […], mais au milieu de ma vie, ma femme et moi avons émigré en France. Cet événement est le plus décisif de toute mon existence : il est la clef de ma vie et de mon travail », écrivait Milan Kundera. Français, Tchèque, et Centre-européen, l’écrivain est au cœur d’une exposition organisée par le Centre tchèque de Paris, offrant un regard inédit sur les dessins de l’auteur.
Le 21/05/2021 à 10:25 par Nicolas Gary
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Publié le :
21/05/2021 à 10:25
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L’Europe centrale, représentant une vaste diversité au sein d’un petit espace, c’est le terrain de jeu où débute l’aventure de Milan Kundera, explique Jacques Rupnik, politologue et spécialiste de l’Europe centrale. Une présentation évidemment axée sur la géopolitique, à travers un prisme littéraire et intellectuel — le propre de l’écrivain.
Avec Milan Kundera : Nostalgie de l’Europe, le Centre tchèque de Paris offre l’occasion rare autant que précieuse d’aborder ce lien entre le territoire, les valeurs qu’il représente et les liens entretenus par l’écrivain. Des textes, rappelés dans une scénographie en colimaçon — littéralement — à travers les couvertures de multiples éditions et traductions.
Manuscrit de La Plaisanterie, rédigé entre 1968 et 1969, traduction retravaillée par l’auteur
Dans une Europe qui a laissé place à une certaine binarité — le choix normatif, donc législatif, opposé à celui d’une culture devenue divertissement — quel sens prend alors le projet européen, privé « de son ancrage culturel et civilisationnel », s’interroge l’auteur ? La culture ayant cédé la place, l’image ancienne d’une Europe culturelle s’estompe, et devient alors « Européen, celui qui a la nostalgie de l’Europe ».
RÉCOMPENSE: le prix Franz Kafka attribué à Milan Kundera
Voilà probablement ce que retrace le parcours des couvertures, associées aux repères biographiques, aux prix, aux photographies — et des extraits de ses plus célèbres textes. Parce qu’à compter des années 60, le sujet européen est devenu un leitmotiv dans les écrits de Kundera.
Mais l’amateur curieux s’émerveillera plus encore devant les dessins originaux, et jusqu’alors inconnus, prêtés par les époux au Centre. Ils expriment toute l’ironie, l’amusement et la virevolte de l’auteur. Jiří Hnilica, directeur du Centre tchèque de Paris, explique à ActuaLitté : « On dit qu’il a commencé à dessiner dans les années 70, quand, entrés avec son épouse dans un appartement vide à Rennes, il a voulu faire plaisir à son épouse, et habiller les murs de la sorte. »
Depuis juillet 2020, le couple a fait don de ses archives à la Bibliothèque de Moravie, à Brno. Une transmission qui a permis la création de cette exposition. Tomáš Kubícek, directeur de la bibliothèque, précise : « Nous présentons Kundera en tant qu’écrivain européen dont l’œuvre, à cheval entre deux littératures nationales — la française et la tchèque — prouve qu’il n’existe qu’un seul contexte littéraire dans lequel ses romans puissent être compris, à savoir la littérature mondiale. »
Probablement aussi parce que depuis quelques années, les liens entre Kundera et la République tchèque se resserrent : destitué en 1979 de sa citoyenneté après la parution du Livre du rire et de l’oubli, il devint Français en 1981 — bien que vivant déjà dans l’Hexagone. Jiří Hnilica insiste : « C’est là peut-être un sujet tchéco-tchèque, mais cet exil représente une perte pour le peuple, qui voit l’un de ses auteurs majeurs partir en France, pour écrire en français. »
Dans cette perspective de réconciliations entamées voilà quelque temps, le Centre, point de jonction entre les deux pays, a sollicité le responsable de la Bibliothèque de Moravie en mars dernier pour organiser cette exposition.
« Parmi les dessins, il s’en trouve deux sortes : les uns, que l’on retrouve sur les couvertures, sont connus. Les autres, en couleur, relèvent de l’intime, de l’histoire personnelle du couple Kundera », conclut Jiří Hnilica. À l’instar de l’autoportrait ci-dessous, tout en rire et en dérision…
Première illustration : dessin envoyé à une maison d'édition italienne, qui ouvrit le bal de ces illustrations de couvertures par les dessins de Milan Kundera.
Milan Kundera à Paris, 1969 - photo Vàclav Chochola © Archives B&M Chochola
Crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 02/07/2020
466 pages
Editions Gallimard
10,50 €
Paru le 02/07/2020
316 pages
Editions Gallimard
9,00 €
Paru le 02/07/2020
480 pages
Editions Gallimard
10,00 €
Paru le 10/02/2005
236 pages
Editions Gallimard
8,50 €
Paru le 29/10/2015
125 pages
Editions Gallimard
8,00 €
Paru le 03/04/2003
198 pages
Editions Gallimard
8,50 €
Paru le 01/06/2023
320 pages
Editions Gallimard
21,00 €
4 Commentaires
Marty mc fly
22/05/2021 à 12:49
Super intéressant mais je serais aussi super intéressé par les infos pratiques (adresse, date, conditions de visibilité...)
Merci :)
Yolande Lartigue
25/05/2021 à 10:32
Bonjour
Ou se trouve le centre et quelles sont les dates pour découvrir cette belle exposition
Merci
Team ActuaLitté
25/05/2021 à 10:34
Bonjour
tous les renseignements à cette adresse
https://paris.czechcentres.cz/fr/programme/vystava-milan-kundera
Horreur
28/05/2021 à 09:33
Comment peut-on exposer des horreurs pareilles et prétendre que c'est de l'art ?
Remarquez, tant que les gens sont prêts à payer, il y aura des margoulins pour se jeter sur le filon :)
Picasso avait du génie : il était un des premiers à avoir senti le filon !