La famille Brontë est connue pour avoir compté en son sein un nombre impressionnant d’écrivaines de génie. Pour le plus grand malheur des lecteurs, le nombre de chefs d’œuvres produit par Charlotte, Emily et Anne fut limité par leurs morts précoces. Une enquête datant du milieu du XIXe siècle propose une hypothèse à ces tragédies successives. La santé fragile des membres de la famille serait due à la mauvaise qualité de l’eau, contaminée par le cimetière qui surplombait la maison familiale.
Le 19/05/2021 à 16:22 par Gariépy Raphaël
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Publié le :
19/05/2021 à 16:22
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Génies littéraires complices et productifs, les frère et sœurs Brontë sont tous morts prématurément. Emily et Branwell disparaissaient tous deux en 1848 à l’âge de 30 ans et 31 ans. Un an plus tard, c’était au tour d’Anne, décédée à 29 ans. Enfin, Charlotte fermait la marche en 1855 à l’âge de 38 ans.
Ces décès tragiques sont traditionnellement expliqués par la tuberculose ou le chagrin. Le milieu du XIXe siècle étant une période moins portée sur l’hygiène que notre modernité biberonnée au gel hydroalcoolique, ces morts précoces n’étaient pas si exceptionnelles.
Cependant, une autre hypothèse est avancée depuis 150 ans. Resté seul à la mort de ses enfants, Patrick Brontë, curé de la paroisse, aurait commencé à chercher la cause du décès de ses enfants. Ses premières explorations ont ensuite été reprises en 1850 par un certain Hershel Babbage qui a fini par publier un ouvrage sur le sujet. Le livre est à retrouver numériquement sur le site de la British Library.
Datant de plus d’un siècle, le rapport Babbage met notamment en cause la ville de résidence des Brontë, Haworth. Le centre urbain est décrit comme impur, semblable au quartier le plus insalubre de Londres.
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Entouré par les landes brumeuses du West Yorkshire, Haworth aurait eu à cette époque un taux de mortalité bien supérieur aux autres villes voisines, avec une moyenne de décès à l’âge de 25,8 ans. Cette surmortalité s’expliquerait par la quasi-absence de système de canalisation des eaux usées. Les toilettes, très peu nombreuses, étaient utilisées par des douzaines de famille chacune, les excréments coulant à même les rues, contaminant sans doute les denrées alimentaires et les nappes phréatiques.
Outre l’état déplorable de la ville, Babbage mentionne le mauvais entretien du cimetière qui s’étalait sur une colline en face du presbytère où vivaient les Brontë.
Le presbytère de Haworth, qui fut la maison des Brontë - Domaine Public
Selon lui, le contenu en décomposition des tombes filtrait depuis des années dans les sources d’eaux utilisées par la ville. Cette eau, pleine de bactéries, aurait rendu les Brontës plus faibles et plus sensibles aux maladies.
150 ans plus tard, il est difficile de juger de la pertinence des hypothèses de Babbage. D’autant que le rapport, présenté au Conseil général de la santé, entraîna des travaux d’assainissement qui bouleverseront l’architecture urbaine. Qu’elle soit vraie ou fausse, cette gothique explication, qui mêle cimetière et eaux usées, a le mérite d’entrer en résonance avec les très sombres œuvres des écrivaines de la famille.
Crédit photo : Carol Lara — graveyard — CC BY 2.0
1 Commentaire
Jujube
20/05/2021 à 04:57
Quelle horreur, mourir par ingestion de jus de cadavres et excréments de vivants!